Bobbi Gibb et Kathrin Switzer, les deux marathoniennes de Boston.
Aujourd’hui je vous présente un article girl power en vous racontant l’histoire de ces deux sportives accomplies que sont Bobbi Gibb et Kathrine Switzer. Il y a un peu plus de cinquante ans, elles ont osé participer au marathon de Boston, alors que c’était interdit aux femmes. En effet, le plus vieux marathon du monde (créé en 1897, celui de New York, ne le fut qu’en 1970), n’était donc pas encore officiellement autorisé aux femmes ! Car à cette époque, une croyance basée sur aucun fait scientifique (évidemment) pensait que cela serait dangereux pour elles ! Bobbi Gibb, en assistant comme spectatrice au marathon de Boston en 1964, alors qu’elle n’avait jamais couru de sa vie, décida qu’un jour elle y participerait. N’ayant aucune connaissance sur le sujet, et s’entraînant seule, elle commença sur de petites distances, puis rajouta les kilomètres jusqu’à en parcourir régulièrement 60. En 1966, elle demanda officiellement de participer au marathon, demande qui lui fut refusée. Qu’à cela ne tienne, le jour J avec un bermuda emprunté à son frère, un large sweet-shirt par dessus un maillot une pièce noir, cachée derrière des buissons, elle laissa passer la moitié des participants, avant de commencer sa course ! Rapidement découverte par les autres participants, elle fut chaleureusement accueillie, et ils formèrent même un cercle autour d’elle pour éviter que les officiels l’arrêtent et qu’elle puisse enlever son sweet qui lui donnait chaud. Elle fut applaudie tout au long du parcours, et même acclamée par les étudiantes de l’ université pour femmes Wellesley College. Elle finit le marathon avec un temps non officiel de 3 h 21 minutes et 41 secondes, ayant du ralentir à la fin car ses chaussures neuves lui donnaient des ampoules ! Elle reçut les félicitation à l’arrivée du gouverneur du Massachusetts John Volpe et fit la une des journaux américains le lendemain. Elle est revenue les deux années suivantes, mais en 1967, les officiels firent une chaîne pour l’empêcher de franchir la ligne d’arrivée alors qu’elle avait un temps de 3 h 27.
Quant à Kathrine Switzer, étudiante en journalisme s’entraînant au cross-country avec les hommes, car il n’y avait aucune équipe féminine; elle eut le même désir de participer à ce marathon. Et cela, malgré les premières réticences de son entraîneur, réticences balayées par le fait qu’elle réussit à le suivre lors de ses entraînements. Elle s’y inscrit donc officiellement en 1967 avec uniquement ses initiales « K.V » à la place du prénom. Le jour J. elle se présenta sur la ligne de départ, légèrement maquillée et un serre-tête sur les cheveux, entourée de son entraîneur et de son petit ami, Tom Miller lanceur de marteau . Elle aussi, est encouragée par les autres concurrents. Au sixième kilomètre, les journalistes la repèrent, ainsi que deux organisateurs qui essayent de la faire quitter la course. L”un deux même, Jock Semple, tente de la retenir et d’arracher son dossard en vociférant ” get the hell out of my race and give me those numbers !!” (tirez vous de ma course, et donnez-moi ce dossard). Son entraîneur et son compagnon la défendent, le dernier donnant même un coup d’épaule poussant violemment l’officiel vers le côté. Cela permet à Kathrine de continuer et finir son marathon avec un temps de 4h 20. Elle fut disqualifiée et suspendue par la Fédération américaine d’athlétisme pour avoir participé une course avec des concurrents masculins. Mais la photographie de l’esclandre fit le tour du monde et Kathrine entra dans la légende. Devenue féministe convaincue, elle remporta le marathon de New York en 1974, et fit paraître en 2017 ses mémoires “ Marathon Woman: Running the Race to Revolutionize Women’s Sports “.
Pour aller plus loin : Kathrin Switzer, la femme qui a brisé le monopole masculin du marathon