Le révolutionnaire Amable Joseph Meuris, un Léonidas sans-culotte ?
Rien ne destinait en premier lieu, le révolutionnaire Amable Joseph Meuris commandant d’un bataillon départementaire de Loire-Inférieure (Loire-Atlantique) à devenir selon certains historiens du XIXe un nouveau Léonidas.1Léonidas, roi de Sparte qui en 480 avant J.C s’opposa héroïquement, lors de la bataille des Thermopyles, au roi de Perse. Ainsi en 1857, Prosper Levot dans Biographie bretonne, recueil de notices sur tous les Bretons qui se sont fait un nom, indiqua « nouveau Léonidas qui avait fait de Nort les Thermopyles nantaises » (Google book p 473) Par un saisissant raccourci historique, ce ferblantier montagnard qui, lors de la bataille de Nantes fin juin 1793 contre l’armée vendéenne, défendit un poste avancé et fut tué en duel par un girondin le 14 juillet 1793, était pour certains, sauveur de Nantes mais aussi de la République.
En effet, dans la nuit du 27 au 28 juin 1793, Meuris à la tête d’un bataillon départementaire retarda une partie de l’armée vendéenne à Nort-sur Erdre. Il contraria ainsi le plan d’attaque de la ville de Nantes orchestré par les Vendéens et prévu pour le lendemain. Dès 1806, Alphonse de Beauchamp dans son Histoire de la guerre de Vendée et des Chouans citait cette action :
(…) Le 27, d’Elbée attaqua le poste du bourg de Nort, pour de-là tomber sur Nantes, et prendre le camp de Saint-Georges à revers. A cette nouvelle, le général Canclaux accourut au camp pour faire partir un renfort qui ne put arriver assez tôt. Nort n’était défendu que par le troisième bataillon de la Loire-Inférieure. Cette poignée de braves commandés par Meuris, soutint pendant douze heures le feu continuel de l’avant-garde des royalistes. D’Elbée, découragé par la résistance qu’il éprouvait, et croyant avoir à, combattre une armée entière, allait ordonner la retraite, lorsqu’une femme échappée de Nort vint lui assurer qu’il n’était défendu que par quatre cents hommes. D’Elbée attaqua de nouveau, et fît lui-même des prodiges. Réduits à cinquante hommes, les républicains évacuèrent le poste, et emportèrent avec eux, leurs drapeaux; dix-sept de ces braves purent seulement rentrer à Nantes. Cette glorieuse résistance, à laquelle d’Elbée ne s’était point attendu, retarda sa marche, et donna le temps au général Canclaux de faire arriver un convoi de vingt six milliers de poudre et de six millions de cartouches, sans lesquelles il eut été impossible de se défendre (…)2 1806, Paris, Giguet et Michaud. Informations reprises par Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles dans son Dictionnaire historique et biographique des généraux français, depuis le onzième siècle jusqu’en 1820, 1820, note de la page 39 .«
La Légende
Un de ceux qui entretinrent durablement la légende fut l’historien Jules Michelet. En effet, suite au coup d’État de 1851 et le début du Second Empire ayant entrainé la perte de toutes ses charges, Michelet résida plus d’un an à Nantes.3 De la mi-1852 à octobre 1853, il y vécut dans la propriété de la Haute-Forêt, proche du boulevard qui porte aujourd’hui son nom. Durant ce séjour, il fréquenta le milieu républicain local dont Ange Guépin.4 Notons que ce dernier, dans un passage de son histoire de Nantes (1839, Nantes, P. Sebire) déclara que Meuris fut tué à cette bataille de Nort-sur-Erdre (p 446). Il en profita aussi pour effectuer des recherches sur certains des acteurs locaux de la Révolution et s’intéressa notamment à Joseph Amable Meuris.5S’appuyant sur les renseignements fournis sur l’acte de décès, puis de mariage de ce ce dernier, il écrivit ainsi plusieurs fois à une société historique de Belgique. Bulletin de la Commission royale d’Histoire, Compte-rendu de la séance de la commission du 7 novembre 1853, Deuxième Série, Tome 5, 1853. pp. 384. www.persee.fr/doc/bcrh_0770-6707_1853_num_21_5_3104 : “M Michelet écrit au secrétaire que, dans le tome VI de son histoire de la Révolution, il a donné tous les renseignement qu’il a pu recueillir sur Amable Meuris, ‘né à Russelaert et citoyen de Tournai , le vrai sauveur de Nantes en 93, celui de l’Ouest et de la France Peut-être, dont le destin dépendait de celui de Nantes’. M Michelet ajoute ‘son acte de mariage, que nous avons ici, a donné ce détail’. On avait supposé d’après les lettres précédentes de M. Michelet, qu’Amable Meuris était né à Tournay : ce serait donc Roulers qui maintenant pourrait revendiquer l’honneur de lui avoir donné le jour” De par des écrits précédents,6Citons entre autres Biographie universelle ancienne et moderne, ou, Histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes de Joseph François Michaud en 1811 et Biographie bretonne : Recueil de notices sur tous les bretons qui se font fait un nom de Prosper Jean Levot en 1852, ainsi que ce passage du dictionnaire historique des batailles, sièges et combats de terre et de mer qui ont eu lieu pendant la révolution française : »Nort n’avait pour sa défense que le troisième bataillon de la Loire-Inférieure; cette poignée de braves, commandée par Meuris, soutint pendant douze heures le feu continuel de l’avant-garde des royalistes. D’Elbée, étonné d’une aussi longue résistance, commençait à perdre courage, et, croyant avoir à combattre une armée entière, allait donner le signal de la retraite, lorsqu’une femme échappée de Nort vint lui assurer que ce poste n’était défendu que par quatre cents hommes. A cette nouvelle, d’Elbée fait recommencer l’attaque et donne lui-même l’exemple du courage. Il y fit des prodiges. Réduits à cinquante hommes, les républicains évacuèrent le poste et emportèrent avec eux leurs drapeaux; dix-sept de ces braves seulement purent rentrer à Nantes. Cette glorieuse résistance, à laquelle d’Elbée était loin de s’attendre, retarda sa marche et donna au général Canclaux le temps de faire arriver un convoi de vingt-cinq milliers de poudre, et de six millions de cartouches, sans lequel il eût été impossible de se défendre« ; ou celui de Jules-Édouard Alboize de Pujol, Faste des gardes nationales de France, Goubaud et L. Oliver, 1849 , p 184 : « Un ferblantier de Nantes, nommé Meuris, était lieutenant-colonel de ce bataillon. Avant l’attaque, il fait former le cercle pour donner lecture à ses soldats d’une lettre du Comité central qui lui recommandait de défendre son poste jusqu’à la dernière extrémité; puis, saisissant le drapeau d’une main et brandissant de l’autre son épée, il s’écrie « Frères, jurons de mourir pour l’honneur de notre drapeau et pour sauver la République -Nous le jurons répondent tous les volontaires avec enthousiasme. Vive la République ». Pendant douze heures ces braves se maintinrent dans le bourg de Nort, que ne protégeait aucun ouvrage; mais les assauts consécutifs qu’ils avaient eu à repousser pendant la nuit les avaient réduits considérablement; quand vint le jour, ils étaient quarante! Alors Meuris, se voyant dans l’impossibilité de défendre plus longtemps son poste, ordonna la retraite, et l’héroïque débris du 3e bataillon de la Loire-Inférieure rentra à Nantes avec son drapeau criblé de balles et de mitraille ». de ses propres recherches et ses opinions, Michelet intégra Meuris et sa part de légendes dans son iconographie révolutionnaire. Voici donc comment Michelet, dans son Histoire de la Révolution, relata les faits avec son emphase habituel :
(…) Un bateau ramena par l’Erdre ce qui restait du glorieux, de l’infortuné bataillon Meuris, une trentaine d’hommes sur cinq cents. Le bataillon avait tenu son serment. Il s’ensevelit à Nort, pour donner huit heures de délai à la ville de Nantes. L’attaque, ainsi retardée, manqua, Nantes fut sauvée. Disons mieux, la France le fut. Son salut, dit Napoléon, tenait au salut de Nantes. Lorsque la France se souviendra d’elle-même, deux colonnes, l’une à Nort, l’autre à Nantes, rappelleront ce que nous devons à l’immortel bataillon et au ferblantier Meuris.
Il faut dire que que le bataillon avait trouvé dans Nort même, cette toute petite bourgade, une admirable garde nationale. Nort la sentinelle de Nantes parmi les tourbières de l’Erdre était constamment aux mains. Rien n’était plus patriote. Emigré une fois toute entière devant l’ennemi, elle s’était reconquise elle-même. Nantes lui avait, à cette occasion, voté un secours d’honneur, de reconnaissance.
Les hommes du club Vincent, Chaux surtout dont se retrouve partout la main dans les grandes choses, avait formé, choyé, cette vaillante avant-garde de la capitale de l’Ouest.
Nort n’a ni mur ni fossé, sauf l’Erdre qui passe devant, et elle tint toute une nuit. À la vivacité du feu, les Vendéens ne soupçonnèrent pas le petit nombre de ses défenseurs. Au petit jour, une femme de Nort fit semblant de poursuivre une poule, passa la rivière à gué, montra le gué aux Vendéens. Cette femme a vécu jusqu’en 1820, en exécration dans tout le pays.
Les cavaliers vendéens, prenant chacun en croupe un Breton (ces Bretons étaient d’excellents tireurs), passèrent et se trouvèrent alors front à front avec Meuris.
Meuris, entre autres vaillants hommes, avait à lui deux capitaines qui méritent bien qu’on en parle. L’un était un très beau jeune homme, aimé des hommes, adoré des femmes, un Nantais de race d’Irlande, le maître d’armes O’Sullivan, tête prodigieusement exaltée, noblement folle, à l’irlandaise ; c’était une lame étonnante, d’une dextérité terrible, dont tout coup donnait la mort. L’autre, non moins brave, était un nommé Foucauld, véritable dogue de combats, dont on a trop légèrement accusé la férocité ; eût-il mérité ce reproche, ce qu’il a fait pour la France dans cette nuit mémorable a tout effacé dans nos souvenirs. Ces hommes obstinés, acharnés, disputèrent tout le terrain pied à pied, à la baïonnette ; puis, quand ils eurent perdu Nort, ils continuèrent de se battre sur une hauteur voisine, jusqu’à ce qu’ils fussent tous par terre entassés en un monceau. L’Irlandais, percé de coups, dit à Meuris : « Pars ! laisse-moi et va dire aux Nantais d’en faire autant ! » Meuris empoigna le drapeau. Il ne voyait plus que trente hommes autour de lui. Ils reviennent ainsi à Nantes, couverts de sang. Qu’on juge de l’impression quand on vit ces revenants, quand on apprit qu’un bataillon avait arrêté une armée, quand on demanda où il était ce corps intrépide, et qu’on sut qu’il était resté pour garder éternellement le poste où le mit la Patrie
Les trente étaient encore si furieux du combat qu’ils ne sentaient pas leurs blessures. Foucauld était effroyable par un coup bizarre qui lui abattit la peau de la face ; le dur Breton , sans s’étonner , avait ramassé son visage, et, en allant à l’hôpital, il criait de toutes ses forces : « Vive la République ! (Jules Michelet, Histoire de la révolution française, Volume 6 Chamerot, 1853, pp114-117)
Le premier documents qui relativisa les faits d’armes du bataillon Meuris à Nort-sur Erdre fut, en 1911, de l’érudit nantais Velasque7 Premier bataillon départemental de la Loire-Inférieure (15 mars 1793-17 août 1793) article d’A. Velasque paru dans le bulletin de 1911 des Annales de la société académique de Nantes et de la Loire Inférieure. Malgré sa vision très girondine des évènements, il conclut :
(…)Après avoir fait la part des exagérations, des mensonges et des légendes mis sur le compte de troupes sans consistance la déroute des républicains, on juge comme autrefois du service que Meuris rendit aux Nantais, en pensant que le retard de d’Elbée à la journée du 29 juin est principalement dû à la perte de temps causée par la défense de Nort.
Meuris, avec des soldats fort mal entrainés, fit donc œuvre de vaillance et de patriotisme, il osa une action de guerre en campagne, quand Canclaux, aux portes de Nantes y renonçait dans les mêmes conditions (…)
Qui était donc ce ferblantier qui avec son bataillon, aida à la défense victorieuse de Nantes lors de la bataille de la Saint-Pierre ?8Ce fut souvent ainsi qu’à l’époque la bataille de Nantes fut nommée
Avant la Révolution
Amable Joseph Meuris était né le 6 juin 1760 à Russeignies, commune Wallone du Brabant en Belgique et baptisé le même jour paroisse Saint Amand ;9Il était le dernier enfant de Jean-Baptiste Meuris (aussi Meurisse, Meurice…) et de Marie-Caroline Duwaut qui s’étaient mariés dans la même paroisse le 27 février 1748. Les parrain et marraine d’Amable Joseph étaient Jean-Baptiste Duwaut et Geneviève Meuris – Archive de l’état de Belgique, registres paroissiaux de Russeignies (Mont de l’Enclus), paroisse Saint Amant, registre des actes de baptême du 17 juillet 1747 au 11 décembre 1781 f°12il habita un temps à Tournai (paroisse Saint- Georges).10Arch. municipales de Nantes paroisse Saint-Deis- BMS 1784 -Acte de mariage à Nantes le 13 juillet 1784 (f°12)
Devenu ferblantier11Celui qui fait, qui vend des ustensiles de fer-blanc et ayant certainement réalisé le Tour de France, il s’établit Haute-Grande-Rue vis-à-vis de la rue Saint-Denis à Nantes (actuellement rue de Verdun). Le 28 juin 1784, en tant que marchand ferblantier, il adressa au tribunal de police de Nantes l’autorisation de poser une enseigne sur son atelier.12Arch. municipales de Nantes H 1 C 17, “(…) Supplie humblement Joseph Meuris md ferblantier disant qu’il désirerait faire poser une enseigne au devant de la maison qu’il occupe que ne pouvant le faire sans permission à l’honneur de le requérir (…)On trouve épisodiquement des annonces qu’il faisait paraitre dans les Affiches générales bretonnes comme celle du 24 décembre 1784 indiquant :
Le sieur Meuris, Ferblantier, haute grande rue, vis-à-vis de saint Denis, tient des lampes, avec des mèches économiques de la composition du sieur Leger, approuvées de l’Académie Royale de sciences de Paris, qui ne donnent ni odeur, ni fumées, même avec de l’huile la plus commune ; elles consomment moitié moins d’huile que les lampes du sieur Quinquet, & font propres pour les boutiques, antichambres & autres endroits ; on en trouvera chez lui de différentes largeurs et épaisseurs.
Comme la majorité des ferblantiers nantais,13Samuel Guicheteau dans son article Allons enfants de la patrie: l’engagement des Nantais dans la défense nationale et révolutionnaire, et sa portée politique (1791-1793) paru dans Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne. SHAB, vol 87, 2009 (07/2009) indique note 99 p 214 « Selon une enquête menée par l’intendance, une bonne partie des maîtres ferblantiers nantais sont « assez pauvres » (ADIV C 1447, état de la situation des corps d’arts et de métiers, 1750-1755?) (…) » il était assez modeste financièrement ; 14Archives Loire-Atlantique -B 3525 f° 16 payant trois livres de capitation en 1788toutefois en 1791, il était indiqué dans la liste des citoyens actifs de Nantes.15Archives municipales de Nantes -h3 registre 1 registre pour l’inscription des citoyens actifs devant former la garde nationale, en exécution de la loi du 14 octobre 1791 commencé le 4 mars 1792 – « inscrit n° 355- Joseph Meuris ferblantier- 21 ans né à Tournay en hainau résidant haute grande rue n°11 marié »
Et le 13 juillet 1784, peu de jours après la pose de son enseigne, il épousa paroisse Saint-Denis Marie Ursule Belnaud, fille d’un marchand tailleur. Le couple eut sept enfants mais, malheureusement, seulement deux atteignirent l’âge adultes.16 Les enfants du couple furent baptisés dans cette même paroisse de Saint-Denis, excepté le dernier qui en 1792 le fut paroisse Saint-Pierre. Joseph André, baptisé le 14 mai 1785 ,décédé au village de la Gogueterie à l’âge de 16 mois, inhumé paroisse Saint-Similien le 14 octobre 1786 ; Marie Perrine Josèphe, née le 11 janvier 1787 et décédée le 28 septembre 1788 ; Anne Sophie née 8 janvier 1788 (aucune trace trouvée de son décès) ; Pierre Amable Joseph né le 13 janvier 1789 et décédé le 25 décembre 1789 (registres de Saint-Similien pour la sépulture) ; Amable Urbin né le 27 février 1790 et décédé 4 décembre 1791 (registres Cathédrale Saint-Pierre pour la sépulture) ; Louis Marie le 5 avril 1791, François Frédéric le 3 février 1792 baptisé paroisse Saint-Pierre
Le sans-culotte
Nantes fut dès le départ révolutionnaire. Ainsi l’idée d’une milice citoyenne avait germé durant l’hiver 1788-1789 lorsque les Jeunes Gens issus de la bourgeoisie urbaine étaient partis à la rescousse des jeunes étudiants en droit rennais (ces dernies étaient en conflit avec de jeunes nobles bretons les 26 et 27 janvier). Et même, si la situation s’était déjà calmée à leur arrivée, cet évènement leur permit de s’organiser militairement. Ce fut les prémisses de la Garde nationale nantaise créée le 18 juillet lors de la demande de la reddition du château de Nantes.17Archives municipales de Nantes service éducatif, Les citoyens-militaires – la garde nationales de Nantes (1789-an II), par François Macé- 1993
Le 25 février 1791, Meuris avait mit sa boutique Haute-Grande-Rue, vis-à-vis de la rue Saint Denis, en location.18 Affiches de Nantes et du département de la Loire-Inférieure du 25 février 1792 (p 129) disponible dès la Saint Jean et décrite ainsi : boutique, arrière boutique, deux celliers, plusieurs soupentes, deux chambres au premier étage, grenierIl s’installa ensuite même rue19au numéro 11 selon le registre des citoyens actifs devant former la Garde nationale en exécution de la loi du 14 octobre 1791, commencé le 4 mars 1792 (Arch. Municipales de Nantes, H3 registre 1)mais face à la rue Beausoleil, où exerçait depuis plusieurs années un autre ferblantier dénommé Roussel.20Régulièrement paraissaient dans les affiches de Nantes des annonces d’appartements à louer au dessus de « M. Roussel Ferblantier, dans la haute-rue, à l’entrée de celle de Beau-Soleil” En plus de son activité de ferblantier, Meuris exerçait en parallèle celle de buraliste (Personne préposée à un bureau de paiement, de distribution, de recette).21Quatrième sur une liste de dix neuf buralistes indiquée dans les Etrennes du commerce du 1er janvier 1792 – https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ark:/42067/69731f5c422dface8709d370e989c70e. Il est alors indiqué habiter le 8 de la Haute Grande Rue.
On peut deviner très rapidement les opinions politiques et religieuse de Meuris à travers quelques pétitions qu’il cosigna en 1791 et 1792. En effet, ces différentes pétitions avaient un rapport avec le sort des prêtres insermentés, dont l’une du 27 mai 1791 de citoyens de Nantes réunis en l’église Saint-Denis demandant de lutter contre le fanatisme des prêtres réfractaires et leur influence auprès des particuliers et souhaitant entre autres la fermeture des lieux de culte particulier. Une autre du 20 juin 1792 souhaitait que l’élargissement prévu de trois prêtres réfractaires détenus à Nantes ne soit acté que par un décret de l’Assemblée nationale.22Archives Loire-Atlantique- L 663. / On trouve aussi trace d’une dénonciation datée du 9 juin 1791, adressée par le sieur Meuris, ferblantier, au comité secret de la Société des Amis de la Constitution séante à l’Église Saint-Denis22Premier bataillon départemental de la Loire-Inférieure (15 mars 1793-17 août 1793) article d’A. Velasque déjà cité
Très rapidement, Meuris intégra la Société des amis de la Révolution qui plus tard lorsqu’elle s’installa dans l’église Saint-Vincent désaffectée devint Vincent la Montagne. C’était le club des ouvriers et petits artisans, celui des sans-culottes et des montagnards.
De plus, il devint en 1792, commandant du seconde bataillon de la première légion de la Garde nationale nantaise, légion commandée par Piter Deurbroucq.23Etrennes nantaises du 1er janvier 1793 https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ark:/42067/5d595c8f3704fb7c97aad00c0534d77e (p 89)
Le soulèvement contre la levée de 300 000 hommes,
Au début du printemps 1793, la patrie était en danger aux frontières. Le nombre de soldats volontaires se tarissant, une levée des 300 000 hommes fut annoncée. Le 10 mars lors de l’application de cette levées, des soulèvements populaires éclatèrent dans de très nombreux districts de Loire-Inférieure (Loire Atlantique). Cette révolte rurale aiguisée par les rancœurs issues de la vente des biens nationaux, les réformes des impôt et du clergé, mais aussi et même si ce n’était pas la cause première la mort de Louis XVI, se transforma en mouvement contre-révolutionnaire. Nantes la patriote fut alors encerclée et ses communications avec l’extérieur, dont les ports de la côte atlantique, ainsi que ses ravitaillement quasi interrompus. Ses appels au secours auprès de la capitale et des départements voisins ne pouvaient arriver à destination.24Lire à ce propos, sous la direction de Jean Bourgeon et Philippe Hamon, L‘insurrection de mars 1793 en Loire-inférieure, Nantes histoire https://www.nantes-histoire.org/video/MARS93.pdf
La priorité pour les autorités constituées siégeant à Nantes, fut dans un premier temps de rétablir les communications avec Paris, et dans un second d’organiser une force armée destinée à combattre ces foyers de révoltes disséminés dans les districts. Pour cela le 13 mars, Baco le maire de Nantes réunit les trois corps administratifs constitués pour en faire un unique Comité central. Dans une déclaration commune au patriotisme martial, ils indiquèrent
(…) soyez debout, Citoyens de Nantes, mourez s’il le faut au poste de l’honneur, en défendant la liberté, nous y mourrons avec vous. La mort est préférable à l’ignominieuse servitude dans laquelle on voudrait nous replonger (…) Beaufranchet, président du département, Bougon, président du district, Baco, maire
Ainsi, tandis que les Nantais attendaient avec impatience des renforts nationaux, renforts tardant à arriver, les effectifs de la Garde nationale furent rassemblés le 14 mars sur les Cours nantais pour recevoir les ordres décidés entre les autorités locales et l’état-major de la Garde. Dans l’impossibilité de percées à travers le département pour réprimer les séditieux, il fut choisi de protéger Nantes en extrême danger.25Archives de Loire-Atlantique- L88, de Jean Conrad Wieland « (…)Les rebelles s’étant rendus maîtres de tous les débouchés et passages tant par terre que sur la rivière, étant en forces considérables, il serait imprudent de tenter une sortie… rapport à l’étendue de terrain qu’il faudrait embrasser… il fallait à présent se borner à faire de fortes patrouilles dans les environs de la ville(…) » Pour cela, il fut décidé d’établir des postes à chaque sortie de la ville, mais aussi de faire patrouiller des troupes dans la proche proximité de la ville dans le but de lutter contre les troubles. Pour renforcer les effectifs déjà engagés de la Garde nationale, l’idée de bataillons composé de citoyens volontaires parcourant spécifiquement le département fut décidée.
Création des bataillons départementaires
Ce fut de par ses qualités de meneur d’hommes que Meuris fut choisi par ses pairs à majorité sans-culottes26 comme O’Sullivan aîné, capitaine de la 3e compagnie, Lambertye sergent…ayant ensuite servi Carrier.pour être à la tête d’un des deux bataillons départementaires, (le second créé mi-mai était commandé par le citoyen Jean-Baptiste Martin).27Lire sur la carrière de Martin l’article d’ A. Velasque, l’occupation Militaire du châteaux d’Aux à l’époque révolutionnaire, bulletin de la société archéologique et historique de Nantes, 1923, tome 63Et le 15 mars, Meuris demanda officiellement au Directoire de constituer « un bataillon à parcourir la contrée et à y ramener la paix ».28Dans l’état du bataillon en date du 16 mai 1793, plusieurs volontaires sont notés s’être enrôlés dès le 12 mars (Archives de Loire-Atlantique- L544)Leurs soldes furent identiques à celles des membres de la Garde nationale mais payées par le département.29« En vue d’expéditions futures dans le département, quand les premiers objectifs auront été atteints, on charge le citoyen Meuris de constituer un bataillon soldé, bien équipé et entraîné, capable de combattre comme une troupe de métier » Article de Jean Bourgeon, Mars 1793 à Nantes, Chronique d’une ville en état de siège de l’ouvrage collectif l‘insurrection de mars 1793 en Loire-inférieure, Comme l’indique entre autre une note du 26 mars émanant du Conseil général du département présidé par Beaufranchet :
sur la représentation du citoyen Meuris commandant d’un bataillon soldé, le conseil, ouï le procureur Général Sindic a arreté que trente quatre canonniers affectés au bataillon soldé recevront, comme tous les gardes nationaux de ce corps, une indemnité qui sera de Soixante douze livres pour ceux qui ne sont pas habillés & et de trente six livres pour ceux qui le Sont autorise le citoyen Meuris commandant du dit bataillon faire l’avance de cette somme à la charge d’en rendre compte et de donner incessamment l’état de ceux qui sont habillés et de ceux qui ne le sont pas » (AD 44 L 40 f.46).
Notons que le 27 mars, ces canonniers essayèrent sans succès d’en faire augmenter le montant :
les canonniers qui sont attachés au bataillon soldé commandé par le citoyen Meuris présentent une pétition tendant à obtenir une paye de quarante sols égale à celles des caporaux d’infanterie. Le conseil ouïe le procureur général sindic considérant qu’on ne doit pas établir de distinction entre les différentes corps ou individus qui composent la garde nationale & qui sont tous également dévoués la chose publique arrête qu’il n’y a lieu à délibération (Ad 44 L40 f°47 procès verbal des délibérations du conseil du département du 27 mars).
Une lettre du 16 mars précisa sa mission : « (…) le citoyen Meuris commandant le détachement proposé à aller faire le tour du département pour y établir le calme, faire cesser les dévastations des brigands (…).30Archives départementales L 544
Le bataillon caserné à l’Evêché dès le 18 mars, ne partit pas aussitôt. Car même si le 20, Meuris demanda officiellement de battre la campagne, il attendait encore d’être complétement équipé.31Archives de Loire-Atlantique L533 Défense de Nantes -Comité d’exécution- ordre de Service – 1793 plusieurs notes du bureau d’exécution permettant la fourniture de cent vingt fusils avec baïonnettes, fourreaux et bretelles de fusils le 19 ; de cent cinquante fusils et trois cents gibernes, deux cents bretelles de fusils, un millier de pierres à fusil, deux caisses et porte caisses le 21 mars Meuris indiqua le 22, que même si effectivement son bataillon était au complet, il ne pouvait partir sans drapeau ni guidon. Sa première mission lui fut présentée le 30 mars. Alors qu’il devait
faire une sortie du côté de Pont Rousseau, au moment où il se disposait à marcher, le courrier de Paris parti ce matin de nantes est rentré en annonçant qu’il avait été assailli par les brigands près l’arche Gober; le courrier avait de plus entendu des coup de feu en sa direction32« L’arche Gobert est le pont qui enjambe le ruisseau Gobert, sur la paroisse de Mauves »- Cahier de plaintes et doléances de Loire-Atlantique, éditions du conseil général de Loire Atlantique, 1989, tome 3 p 931.
Il fut donc ordonné au bataillon Meuris de se diriger dans cette direction et de prendre position sur les postes sur la Loire situés entre Nantes et Ancenis, cela afin de maintenir la communication entre les deux villes. En aide à leur mission, lui et ses hommes recevaient le soutien d’une flottille de canonnières armées sillonnant la Loire et pouvant atteindre les îles de Saint-Julien de Concelles et de la Chapelle Basse-Mer.33Archives de Loire-Atlantique actes du Comité central du 30 mars 1793
Mais ce bataillon encore mal équipé et formé subit un baptême du feu plus que rugueux et les défections ne furent pas rares. Ainsi Meuris écrivit une lettre sans date à l’orthographe rudimentaire :
je vous prie de prendre un moyen quelque conque pour recruter notre bataillon, sans cela il viendra à rien, nous voyons tous les jours des homme nous manqués, san savoir ce qu’ils deviennents, ille faudrait que l’administration prene la dessus un parti vigoureux et face punir ceux qui sans congé abandone leurs drapeau34Ad 44 L544
Accrochage à Champtoceaux.
Parmi les accrochages avec les brigands, il y eut celui de Champtoceaux du 22 avril. La veille, vers les midi, de son quartier général à Oudon, Meuris avait répondu positivement à la demande émanant du commandant Fardeau de la Garde nationale d’Ancenis. Celui-ci lui avait demandé une pièce de quatre et huit canonniers pour s’emparer de Champtoceaux, sur l’autre rive de la Loire, rive alors aux mains des brigands. Mais, après la prise de cette commune, Fardeau n’y laissa que les huit canonniers et leur pièces. Ayant appris par hasard la situation de ses hommes, Meuris y fit envoyer soixante hommes sous les ordre d’un capitaine. Dégarnissant ainsi le poste d’Oudon, il demanda aussitôt au général de brigade Gilibert un secours de deux cents hommes.
Le lendemain, le 22 avril à 2 heures du matin, un tir d’alarme retentit de Champtoceaux. Meuris y partit aussitôt avec deux compagnies dont une de canonniers. Sur place, il trouva ses hommes envoyés la veille, ayant de par leur présence, fait fuir les brigands revenus à la charge. A la foi de témoignages parlant d’abondance de grains dans les alentours, Meuris, restant lui-même à Champtoceaux ainsi que le gros de ses hommes, en envoya une soixantaine en patrouille. N’ayant pas de nouvelles d’eux, il tenta de les rejoindre avec sa pièce d’artillerie mais, l’état des routes l’obligea à rebrousser chemin. Rencontrant plusieurs brigands cherchant à s’approcher de Champtoceaux, Meuris s’y réinstalla et les repoussa aidé en cela par le retour de la patrouille. Cette dernière avait été préalablement prise sévèrement à partie dans un accrochage. Quatre brigands furent fait prisonniers, immédiatement jugés et fusillés. Depuis, Meuris était revenu à Oudon, lieu de son état-major.35 Ces faits furent indiqués par le rapport de l’aide de camps Arreaux envoyé par le Comité central le 23 avril et qui retranscrit le compte-rendu de Meuris (Archives de Loire-Atlantique L 544). « Aubinet, second de Meuris avait indiqué ce 22 avril au Comité central que les républicains avaient repris Champotceaux , et que grâce à deux compagnies qui sous les ordres de Meuris avaient traversé la Loire s’étaient emparés de grains qui devaient arriver par la Loire escorté par deux bateaux armés » (article de Velasque p 199)
En date de ce 22 avril, le quartier-maître et trésorier Poupard écrivit dans un courrier adressé “en diligence au citoyen bouteiller, au conseil militaire près la halle à nantes » :
… nous avons 17 blessés dont plusieurs très dangereusement. L’officier dupont n’est plus ; un autre officier est couvert de balles, on me charge de vous demander 3 pièces de canons et de la munitions, nous vous conjurons que le renfort parte à l’instant, de la réception, le besoin est pressant le danger est grand, nous allons être dans de cruelles incertitudes toute la nuit aidez nous secondez nos efforts. la fusillade a duré plus d’une heure & j’apprends que nous avons des morts et des mourants, ancenis ne peut nous donner des cartouches & boul nous a fait parvenir les neuf boulets qui leur restait (…)[/mfn] dont plusieurs très dangereusement. l’officier dupont n’est plus, un autre officier est couvert de balles, on me charge de vous demander 3 pièces de canons & de la munition, nous vous conjurons que le renfort parte à l’instant de la Reception, le Bezoin est pressant, le danger est grand nous allons être dans de cruelles incertitudes toute la nuit, aidez nous, secondez nos efforts, la fusillade a duré plus d’une heure et j’apprends que nous avons des morts et des mourants.36(un dénommé Bondot volontaire grenadier dans un lettre du 22 juin indiqua “que le 22 avril présente année il a reçu un coup de feu à l’oeil gauche à Chantoceaux.” ; et un canonnier Caillaud y décéda selon un certificat de l’adjudant général de la Garde nationale de Nantes Dufeu présenté au conseil du département le 3 juin dans le but de l’obtention d’une pension).
Ne comprenant pas pourquoi Meuris et ses hommes avaient traversé la Loire ; le 22, le Comité central avait écrit au département du Maine-et-Loire, pour une demande de précisions.
Les troupes de Vauvilliers, qui ont concouru à la prise de Champtoceaux, l’ont évacué. Le Commandant du poste de Oudon, pour conserver cette place importante, y a jeté un détachement qui a été attaqué. Pour la conserver, il a pris du monde à ses autres postes; il demande du secours. Nous sommes très inquiets; nous avouons que toutes ces incohérences, ces marches sans but, tous ces événemements nous donnent des soupçons sur les généraux. Aidez-nous à percer le mystère.
Par deux courriers du 27 et 29 avril, dont l’un adressé au général de brigade Gilibert au quartier général de Nantes, Meuris indiquait la faiblesse des postes d’Oudon et du Cellier. Le premier n’avait plus que cent hommes valides depuis cette affaire de Champtoceaux.37Notons que le 24 avril le capitaine Archambaud du poste de Mauves sur Loire indiquait que beaucoup de volontaires du bataillon étaient malades dont certains devaient retourner se faire soigner à Nantes.Le second n’avait lui aussi que cent hommes qui devait de plus se scinder pour assurer la défense de celui de Clermont. Meuris craignait que les brigands de la rive gauche et ceux nombreux de la forêt du Cellier puissent attaquer conjointement les postes républicains. Afin de maintenir le lien avec la Garde nationale d’Ancenis, il devait patrouiller cette forêt du Cellier pour réprimer ces rassemblements signalés. Il demandait pour cela des pièces d’artillerie, des munitions et des hommes, ainsi qu’une attitude plus vigoureuse à l’encontre des déserteurs de plus en plus nombreux. Il finit un des deux courriers par ce paragraphe:
citoyens, nous sommes désidés à mourir en notre poste s’ il le faut, , ne croyez pas que nous soyons attaint d’une tereure panique, je prouverai par ma conduite dans tous les temps que je ne crains pas la mort. j’ai fait ce que j’ai due, en vous faisant connaître nos besoins, ile dépendra de vous citoyen de me mettre a meme de resister a une attaque prochaine. je suis tres fraternellement votre concitouen et frer d’arme
Meuris Commandant
La chute des girondins à Paris
Pendant ces temps troublés dans l’Ouest, les évènements parisiens s’accélérèrent entrainant des remous auprès des instances nantaises. Les autorités constituées de Nantes étant d’opinion girondine, ses relations avec les représentants de Paris furent compliquées. Ainsi, lorsque le 25 mars, Fouché le montagnard,38natif du Pellerin d’un capitaine de navire, élève puis professeur au collège de l’Oratoire, élu député à la Convention de la ville de Nantes et ami pendant un temps de Robespierre avec la fonction de commissaire extraordinaire arriva à Nantes, il ne s’entendit pas avec Baco et les administrations girondines de la ville. Connaissant fort bien cette élite bourgeoise, et alors que la trahison du Dumouriez se précisait, il était plus que méfiant envers Baco et ses alliés. Il faut reconnaitre que les girondins aux postes stratégiques nantais dédaignaient le « petit peuple » et prenaient trop souvent les décisions sans consultation auprès des montagnards nantais, même celles concernant la défense de la ville contre les royalistes.
Les relations entre les corps constitués, s’étant dans un premier temps senti abandonnés par Paris, et les représentants du peuple qui suivirent Fouché en juin ne furent pas meilleures. Merlin de Douai et Gillet reprochèrent, injustement, l’inertie de la Garde nationale. Baco quant à lui n’admettait pas le retard dans l’envoi de troupes armées hormis l’arrivée de Beysser dès le 15 avril (mais aux résultats décevants).
Après la stupeur des girondins nantais à l’annonce des évènements parisiens de fin mai, le 2 juin, une circulaire fut adressée aux trois corps administratifs commençant par « l’état de crise vraiment dangereux ou se trouve la République et ce département en particulier, des scènes scandaleuses qui ont eu lieu à la Convention nationale et les horreurs qu’elles annoncent et qu’elles font craindre, tous nous fait un devoir d’aviser un moyen de sauver la chose publique (…)39Archives de Loire-Atlantique L 533 Défense de Nantes -Comité d’exécution- ordre de Service – 1793.
Et après la chute des députés girondins parisiens, les autorités constituées de Nantes rejoignirent les départements bretons et prêtèrent un « serment de haine aux anarchistes ». Dans une des motions dénonçant la situation à Paris, elles indiquaient : « la convention est aux mains d ‘une faction liberticide qui entrave l’exercice de la souveraineté ».40Archives de Loire-Atlantique L 40 procès verbaux du Conseil du département f°95Le club montagnard Vincent la Montagne exprima alors fortement son mécontentement. La situation entre les deux camps devenait explosive, et les autorités nantaises et départementales voyaient d’un mauvais œil ce bataillon de sans-culottes qui rappelons le était soldé par le département.
Tentative de dissolution des bataillons départementaires
Très rapidement entre Meuris et les autorités départementales des tensions se firent donc ressentir. Ces dernières, au vu des dépenses émirent des soupçons sur la gestion du bataillon Meuris.41A la différence de la Garde nationale nantaise composée de bourgeois équipés à leurs propres frais, des équipements devaient le plus souvent être fournis aux enrôlés des bataillons départementairesCelui-ci se fendit d’une lettre signée « Je suis votre concitoyen, Meuris commandant le 1er bataillon départementaire » forte intéressante sur sa personnalité et ses relations avec les corps constitués girondins, comme le montre ce passage « je sais que je n’ai pas d’ami dans l’administration » Il précisait de plus :
je n’ai ni mandié, ni solicitté la place que j’ai, je ne l’ais adopté que pour me rendre utille. Si je ne le suis pas, vous pouvez me le faire savoir, je rentrerai dans mes foyé. le sacrifice que j’ai fait en abandonnant mes affaires est au desus de mes faculté, mais le désir de cohopérer de touts mes forces au rétablissement de l’ordre me fait tout oublier42AD 4 L
Le 14 mai, les conditions du règlement de la solde du bataillon subirent un changement. En effet, comme Canclaux souhaitait que ce bataillon soit sous ses ordres, dans un premier temps il fut décidé que le montant de la solde d’un soldat de ce bataillon soit payée par le Ministère de la guerre à la hauteur de celle d’un soldat de l’armée régulière, la différence restant à la charge du département.43Archives de Loire-Atlantique L 533 siège de Nantes- comité central Extrait du Registre du Comté Central des corps adminstratifs de la ville de Nantes du quatroze may mil sept cent quatre vingt treize, l’an 2 de la République Vu l’état de situation du premier bataillon départementaire certifié en date du treize may présent mois, par le citoyen Meuris premier Lieutenant colonel et commandant du dit bataillon, duquel il résulte que l’effectif de ce bataillon est de Six cents hommes. Scavoir état major onze, grenadier cent trente-quatre, première compagnie quatre vingt quinze, deuxième compagnie cent neuf, troisième compagnie cent sep, quatrième compagnie, quatre vingt seize, canonnier quarante huit ; Le comité central considérant que si l’effectif porté dans la revue du commissaires du neuf may, n’est que de cinq cent soixante quinze hommes, le bataillon s’est depuis cette époque recruté et port son complet à Six cents hommes, suivant l’état certifié du 13 may. Considérant que ce bataillon est depuis longtemps requis par le général Canclaux et doit par conséquent payé par le département de la guerre et sur la caisse du payeur général pour la solde ordinaire, la seule addition ou supplément de solde devant être au compte du bureau de comptabilité du département de Loire-inférieure. Arrête qu’à compter du quinze de ce mois, le citoyen Poupard quartier maitre trésorier se pourvoira pour sa solde ordinaire et les rations de fourrages vers le commissaire générale des Guerres de l’armées des Côtes et pour le Supplément de solde vers le comité central du corps administratif, à l’effet de quoi l’état de l’effectif dudit bataillon (…)
De plus, avec l’arrivée d’une partie de l’armée des côtes de Brest, germait l’idée de « l’inutilité de ses deux bataillons » dont « la formation avait été commandée par la complication d’événements qui sont venus assiéger ce département vers le milieu de mars dernier« . Le 28 mai, au Conseil général de Nantes fut alors présenté par le citoyen Maire des mesures décidées par la Comité central et commandées « par une nécessité impérieuse« . Ces mesures devaient être appliquées pour le 10 juin. Sous l’argument de la jalousie émise par les soldats de l’armée arrivés depuis peu à Nantes par la double paye reçue par les Gardes nationaux de la ville et les bataillons départementaires, il fut décidé par souci d’équité que la solde de ces corps , aux termes de la loi passerait de 30 à 15 sols.
Lorsque le citoyen Maire indiqua la décision au bataillon Martin encore caserné à Nantes, il sut leur représenter :
(…)avec force l’honneur et les avantages qu’ils retireraient de leurs enrôlements dans les Batillons destinés à aller protéger les Côtes et malgré quelques murmures qu’a arraché cette subite diminution de paye, il est venu à bout d’engager à s’enrôler près de 400 volontaires dont il a pris les noms. Que si la même opération a un semblable succès auprès du bataillon du citoyen Meuris, la Municipalité retirera le double avantage d’avoir fourni sont contingent et de se voir le lendemain du licenciement des deux susdits bataillons, un autre bataillon équipé, armé, entant tout prête à partir que comme la rapidité avec laquelle on avait formé ces nouveaux corps, on n’avait pas permis aux Citoyens qui les composent de s’équiper correctement, il a cru devoir promettre chacun des nouveaux enrôlés pris dans les susdits corps , une gratification de 72’’ à prendre sur les fonds de souscriptions, qu’en outre on leur complèterait leur habillement d’une manière solide. » 44« Arch. municipales de Nantes – 1 D 7 f° 187.
Les volontaires du bataillon Meuris, petits artisans, marchand… trouvaient fort peu juste d’être payés comme des soldats de la république. Certains volontaires en garnison au Cellier, dans une pétition du 4 juin de plus de soixante signatures et adressée aux administrateurs du département de la Loire-inférieure protestèrent en arguant qu’à la différence des soldats, ils étaient pères de famille et que n’ayant pas l’aisance des bourgeois de la Garde nationale ils devaient subvenir aux besoins des leurs. Certaines réclamations indiquées dans la pétitions démontrent que le bataillon Meuris était un fer de lance des sans-culottes nantais.45Article de Samuel Guicheteau, Allons Enfant de la patrie : l’engagement des nantais dans la défense nationale et révolutionnaire et sa portée politique (1791-1793) (p 216) : « Néanmoins, le motif de la pétition signale encore la grande importance des motifs sociaux, ce qui témoignerait de l’appartenance de ces soldats au peuple, mais probablement pour une bonne part d’entre eux, à des couches plus aisées que le monde ouvrier. Ainsi l’engagement militaire dans la défense révolutionnaire ne masque pas la question sociale. Mieux, à la suite de l’émergence de l’égalitarisme et de focalisation sur la question frumentaire lors de l’été 1792, la pétition des volontaires du bataillon Meuris révèle l’association profonde, dans la conscience de ces défenseurs de la Révolution, de la question sociale et de l’idéologie républicaine. Ainsi ce bataillon apparaît comme un creuset de la sans-culotterie nantaise. »Et il apparait évident que la volonté de sa dissolution était un acte politique de la municipalité nantaise.46Samuel Guicheteau, La révolution des ouvriers nantais, mutation économique, identité sociale, et identité révolutionnaire (1740-1815), Presses universitaires de Rennes, 2008 (…)Cependant , elle (la mairie) se heurte à l’opposition à l’opposition de partisans de la Montagne. En effet, un noyau de sans-culottes s’est progressivement constitué dans les les clubs radicaux et la Garde nationale(…)..Si la municipalité renonce à son adhésion au fédéralisme, elle s’emploie à réorganiser la Garde nationale pour l’épurer de ses éléments avancés : elle ordonne dissolution du bataillon « départementaire » commandé par le maitre ferblantier Amable Joseph Meuris, réputé sans-culotte et suscite la création d’un corps bourgeois et girondin, la Légion nantaise(…)
De retour à Nantes, le bataillon Meuris fut au bord de la mutinerie comme l’indique une lettre du 10 juin de l’adjudant général Dufeu de la Garde nationale : « Je me suis rendu sur la place Egalité où étaient rassemblés les hommes de Meuris. J’ai parlé, on ne m’a pas écouté. Enfin, la compagnie des grenadiers est partie, les autres ont suivi par peloton. »47Archives de Loire-Atlantique L 598 Garde nationale de NantesIls entraînèrent certains Gardes nationaux avec eux dans leurs revendications.48« le détachement prolétaire qui, sous les ordres du ferblantier Meuris, guerroie depuis plusieurs semaines entre Nantes et Anceni, proteste énergiquement et entraine les gardes nationaux de Nantes » (Yannick Guin, La bataille de Nantes, 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest, Siloë, 1993) p 61
L’inquiétude de troubles occupait les autorités municipales qui demandèrent le 11 juin que le commissaire de police Hamon se rende place de l’Egalité pour « veiller à ce que qu’il ne se passe rien qui puisse troubler la tranquillité publique ». Il fut aussi demandé au commandant de la Garde nationale d’effectuer des patrouilles durant la nuit pour prévenir « des rassemblements ou autres causes de troubles pour les citoyens et notamment pour les volontaires du bataillon ci devant commandé par Meuris. »49Archiv. municipales de Nantes – 1D7 f°196
Toutefois, le douze juin, le Conseil du département donna son aval à la requête de Piter Deurbroucq commandant général de la Garde nationale demandant de ne pas appliquer l’arrêté concernant la solde de gardes nationaux.50Archives de Loire-Atlantique – L40 f°103 délibérations du conseil du département : « Le conseil du département , oui le procureur général syndic, considérant Combien il est important en ce moment que la Solde des Gardes nationaux n’éprouve aucun retardement, arrête que le payement continuera d’acquitter la datte solde comme par le passé, sans avoir égard aux arrêtés mis en leur mains » Le Comité central arrêta donc que devant le danger couru par Nantes, le bataillon devait continuer son service. Baco céda et demanda aux citoyens aisés de contribuer à la solde « des citoyens qui, quoique sans fortune, savent néanmoins être patriote« .51Yannick Guin, La bataille de Nantes 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest, Siloë, 1993 p 62 et le bataillon resta à la charge du département, du moins provisoirement.
Création de la Légion nantaise
Le député girondin Coustard de Massy fort populaire à Nantes depuis son vol en montgolfière à Nantes, révolutionnaire de la première heure et un des initiateurs de la Garde nationale nantaise, malgré l’ordre de la Convention de revenir sur Paris, était resté à Nantes pour défendre la ville. Le 14 juin,52Déjà le 12 juin, plusieurs jeunes gens de plusieurs bataillons nantais avaient émis le souhait de s’organiser en légion ou bataillons- Archiv. municipales – 1D7 f°197il décida de créer un nouveau corps de la Garde, dont un des buts, en plus de la défense de Nantes, fut de contrer le bataillon Meuris.53Archives municipales de Nantes service éducatif, Les citoyens-militaires – la garde nationales de Nantes (1789-an II), par François Macé – 1993 (p 14) :« Conscients du risque politique posé par l’armement des Montagnards et des Sans-Culottes, les Jeunes Gens se transforment en corp permanent et créent, à l’initiative de Coustard le 14 juin, la Légion nantaise« Ce nouveau corps appelé la Légion nantaise était composé de jeunes gens aisés et girondins,54Caserné dans les bâtiments de l’ancienne communauté religieuse du Calvaire (Archiv. municipales de Nantes, registre de délibération du du conseil général de Nantes en date du 18 juin, et recevant des fournitures – 1D8 f°108 et fut salué par le Comité central : « brave jeunesse nantaise combattant pour la la liberté, l’égalité et la défense des biens« . Ils étaient vus, en plus de la défense de Nantes contre les insurgés, comme une contre-attaque du camp fédéraliste55cette formation sera utile autant à la défense militaire qu’à la défense « militaire » de ce « régime girondin » qui entend damer le pion aux montagnards et à la convention ». Yannick Guin, La bataille de Nantes 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest, Siloë, 1993Notons que le 22 juin Piter Deurbroucq fit part que la création de cette nouvelle légion dégarnissait les autres bataillons de leurs officiers et demandait de pouvoir recruter.56Archives municipales de Nantes 1D8 f°4 du 22 juin
Le danger d’une attaque de Nantes se précise.
Avec les victoires de Charette et celles consécutives de la Grande Armée Catholique et Royale notamment à Thouars et à Saumur, et après la chute d’Angers sans combat, l’attaque de Nantes était imminente. Une difficile union sacrée se fit entre girondins et montagnards nantais. Ainsi, après de vives tensions entre sociétés révolutionnaires, une entente fut enfin trouvée.57Allons Enfant de la patrie : l’engagement des nantais dans la défense nationale et révolutionnaire et sa portée politique (1791-1793) article de Samuel Guicheteau, Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne. SHAB, vol 87, 2009 (07/2009) note 114 p 217:« le club Saint-Vincent a été tout aussi important dans la défense de Nantes que celui du maire girondin Baco : en effet les partisans locaux de la Montagne, emmenés par Jean Jacques Goullin, futur chef du comité révolutionnaire, ont contraint la municipalité à renoncer à son adhésion au fédéralisme et ont galvanisé les énergies en appelant à la fraternisation des républcains. »
Suite au changement du rapport de force à Paris, les montagnards demandèrent avec succès d’être partie prenante dans les décisions concernant la défense de Nantes. Ainsi ce 14 juin :
Est entré à la séance une députation des citoyens rassemblés à St Vincent, le citoyen Goulaine organe de la députation a pris la parole pour inviter le conseil général de la commune à réunir les deux sociétés populaires ainsi que tous les bons citoyens dans l’église cathédrale de St Pierre à l’Effet d’y délibérer en présence des trois corps administratifs sur les moyens de la cité et d’en éloigner plus promptement possible les brigands qui l’entourent.
Le conseil applaudissant aux motifs de la demande faites par les citoyens rassemblés à St Vincent a invité le citoyen Maire à fixer pour le lendemain un lieu sur les deux Sociétés puissent se réunir aux autres citoyens de la ville.58Archives municipales de Nantes – 1D 7 f° 198)
La chose militaire prit le dessus sur la chose politique et la défense s’organisa comme l’indiquait déjà un courrier de Meuris du 13 :
citoyen aubinette j’ai recu ce matain l’ordre du généralle Du petit bois, D’anvoÿer deux cents homs à oudon, vous voudrez bien les commander aussitot leurs rassemblement sur la cour, prendre un état exacte de ceux qui parte et les avertir de se trouver a midi présise sur les cours pour de la se rendre a oudon, ou ils serons logés, jusqu’à nouvelle ordre,
nantes ce 13 juin 1793 l’an 2eme de la république meuris commandant 59(Ad 44 – L544 bataillon des volontaires – lettres du commandant Meuris)
Prémisses de la bataille de Nantes
Le 15 juin, sur ordre du général Gilibert le bataillon installé depuis la veille à Mauves dut subir une canonnade incessante des Vendéens. Les volontaires ripostèrent de 13 à 20 heure et tuèrent ainsi cinq rebelles.
Meuris donna les détails suivants :
« (…)nos boulais et ceux des brigands se croisait continuellement. Cela n’a pas pas aimpaichés nos canons d ettre ferme a leur poste, nous navons aucun blessé, et les brigands nous ont dit ce matain que ceux que nous leur avons tué étaient à moitié aristocrate et a moitié patriote et que s ils avaient été serieu dans leur loij (louanges?), nous n aurions pu leur faire aucun malle, voila le moÿen, que les prêtres que nous voïyons tous les jours parmi se servent pour anhardir ces malheureux pieysants (…) »
Meuris, qui pourtant n’était pas militaire de carrière, fit part d’un plan judicieux. Il envisageait qu’après le repli des postes du Cellier par Clermont et de la Brosse, de se regrouper lui et les hommes des postes avancés sur les hauteurs de l’arche Gobert.60 » A trois lieues de Nantes et l’Arche-Gobert où est le premier poste de Nantes à Angers , mais elle est poste et demy(1). Il y a une montée et une descente extremmement rapides et forte longue. De l’Arche-Gobert, il y a deux lieues à Oudon( …) (1) c’est à dire que la distance entre Nantes et Arche-Gobert dépasse de moitié » la distance qu’il y a ordinairement entre deux relais ». Renseignements extraits du journal de son premier voyage à Paris en 1757, de Jean-Baptiste Rousseau, sieur de L’isle de Bouin (Revue du Bas Poitou-1913 p 331Il souhaitait y creuser une tranchée et y installer des pièces d’artillerie pour empêcher le franchissement des marais de la Saillerayes par les troupes ennemies lorsqu’elles se dirigeraient sur Nantes. Pour preuve de son courage, il termina sa lettre par « la, nous défendrons l’entrée de notre ville jusqu’à la dernière goutte de notre sang« 61Archives de Loire-Atlantique – L 544 Lettre du 16 juin de Meuris aux administrateurs et membres du comité Central de la ville de Nantes au département à Nantes (sic).
Si Meuris dans son courrier parle de repli, c’est qu’en parallèle, Canclaux s’était déplacé à Ancenis, sur demande de Coustard. Ce dernier y était afin d’empêcher que cette ville suive l’exemple d’Angers. Mais, à la vue de la position et de la situation d’Ancenis, à son retour à Nantes Canclaux ordonna, le 16 juin, l’évacuation des troupes d’Ancenis commandées par Gilibert.62SHD – B 5/14-35 Correspondance armé des côtes de Brest -mai – août 1793-ourrier du 19 juin du général Canclaux
le 16 juin, le Comité central adressa cette missive à Meuris :
au cen Meuris Commandant à Mauves
Citoyen Commandant
Nous venons de recevoir votre lettre, nous approuvons ce que vous avez fait et les dispositions que vous nous montrez. C’est avec de braves bataillons comme le vôtre que nous pourrons sauver la république.
Conservez bien votre poste, il est précieux. ne l’évacuer pas & subordonnez vos dispositions aux mesures prendra le général Canclaux qui vous donnera des ordres. Il doit faire évacuer ancenis pour camper dans une position favorable. il aura les yeux sur votre poste qui lui sera surement avantageux.
votre dévouement mérite les plus grands éloges,
citoyens soldats, vos administrateurs vous exhortent à vous défendre ou plutôt ils vous annoncent qu’ils agiront comme annoncer être prête à le faire.(Ad 44 recueil de correspondance du Comité central du 18 mars au 24 juillet).
Le même jour, le Conseil général de Nantes donna son opinion sur le fait que les garnisons d’Ancenis et d’Oudon se redéployaient au camp de Saint-Georges, il trouvait ce camp trop proche de Nantes. Il fut décidé qu’une délégation se déplacerait auprès du général Canclaux , l’invitant entre autres à « (…) porter plus loin que St Georges le camp projetté et à l’établir dans les environs de l’arche Gobert(…) ».63Archiv. municipales de Nantes 1D8 f°1Ceci ressemble à une validation du plan de Meuris.
Toutefois, dans un courrier du 19 juin, Canclaux indiqua que la troupe de Gilibert, durant son repli d’ Ancenis pour Nantes reçut, au passage d’Oudon, quelques coups de canons de l’autre côté de la Loire. Il décida alors que le poste d’Oudon ainsi que tous ceux le long de la Loire devaient se replier aussi. En effet, le fleuve n’était plus tenable militairement, du fait qu’il avait déjà été franchi par l’armée rebelle.64SHD – B 5/14-35 Correspondance armé des côtes de Brest -mai – août 1793-ourrier du 19 juin du général Canclaux
Suite à cela, Meuris et son bataillon restèrent alors la seule force républicaine en poste avancé,65Yannick Guin, La bataille de Nantes, 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest. (p 70)« (...) les volontaires de Meuris galvanisés par leur chef, sont appelés à retarder le plus qu’il pourront l’avance des Vendéens dans cet espace qui s’étend de la Loire à Nort sur-Erdre.« lui qui avait reçut l’ordre du Comité central d’obéir aux ordres de Canclaux, quitta sa position pour Nort-sur-Erdre. Il devait tenir la bourgade avec pour seuls appuis les gardes nationaux locaux et quelques gendarmes.66Velasque opte pour le 20 juin : « A la date du 20 juin se trouve au livre de correspondance du Comité central la note suivante, envoyée aux administrateurs du département du Finistère : »Le poste de Nort s’était replié mais le lendemain, le général l’a fait occuper. Il a actuellement une bonne garnison. » Cette date du 20 juin doit donner celle de l’occupation de Nort par Meuris elle reporte également à celle où Çanclaux forma le camp de Saint-Georges, entre Nantes et Saint-Joseph-de-Portrie. Nous le répétons, ces mouvements de troupes étaient fâcheux à la veille d’un engagement, étant donné le peu d’entraînement des volontaires dont on disposait »
Le 25, sur représentation du Corps central de Nantes et après avis du général Canclaux, les représentants du peuple Merlin et Gillet déclarèrent que Nantes était en état de siège, montrant leur souhait de la défendre.67Archives de Loire-Atlantique – L 96Le général Beysser fut nommé « commandant temporaire de la place et château de Nantes », à la satisfaction alors des girondins et montagnards.68Yannick Guin, La Bataille de Nantes : 29 juin 1793, un Valmy dans l’Ouest, Laval, Siloë, 1993, p 82 Le 27, Beysser fit afficher dans les rues de Nantes une proclamation demandant de résister. Le choc entre républicains et Vendéens n’était plus que question de quelques jours, voire d’heures. De son côté Canclaux arriva au camp de Saint-Georges.
L’affrontement de Nort-sur-Erdre69Hors, cotes d’archives, les renseignements sur la bataille sont repris de l’article d’A Velasque, Premier bataillon départemental de la Loire-Inférieure (15 mars 1793-17 août 1793) paru dans le bulletin de 1911 des Annales de la société académique de Nantes et de la Loire Inférieure ; et de l’ouvrage de Yannick Guin, La bataille de Nantes, 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest.
Le 26 juin à 18 heures, Meuris envoya Poupard, quartier-maitre trésorier du bataillon pour délivrer un courrier au général Canclaux demandant l’envoi de deux brigades de gendarmerie. Cela afin d’effectuer des patrouilles avancées, car des rassemblements de brigands se tenaient à à Ligné situé à une lieue de Nort sur Erdre.70Archives de Loire-Atlantique – L 544 dossier Poupard, lettre de ce dernier demandant le remboursement de ses biens personnels pris par les brigands lors de la bataille de Nort.Quant aux officiers municipaux de la ville de Nort, ils demandèrent le 27 juin des secours à Blain :
27 juin 93 Citoien comissaire
Nous croyons que nous alons etre attaqués à l’instant par les révoltés, ils sont aux touches ils ont une cavallerie bien montée
Des secours, prompte Nous sommes fraternellement les officiers municipaux de Nort 71Ad 44 L 285 district de Nantes, affaires sanglantes de Nort les les 11 mars et 28 juin 1793 Lettre adressée au citoyen Soreau civil près le district et autres administrations à Blain
En effet, à 20 heures, le jeudi 27 juin 1793, une avant-garde des corps des généraux vendéens Cathelineau et D’Elbée, composée de près de quatre mille hommes renforcée par la cavalerie de Talmont et certainement la Légion germanique, arriva au pont de Saint-Georges à Nort-sur-Erdre séparant la bourgade de son faubourg Saint-Georges. Cette avant-garde pensait traverser la rivière de l’Erdre et prendre ensuite en tenaille la ville de Nantes.
Mais Meuris, avec l’aide des Gardes nationaux de Nort-sur-Erdre et de Châteaubriant avait préparé la défense de la bourgade en faisant creuser des tranchées et en plaçant des batteries d’artillerie pour protéger le pont étroit de Saint George. Un combat d’artillerie commença et dura toute la soirée et une partie de la nuit. Les tirs précis des batteries républicaines firent reculer les Vendéens au marais du Pont-Hue. Toutefois, il est dit qu’une femme royaliste de Nort sous le prétexte de nourrir ses poules, renseigna les Vendéens d’un gué au lieu-dit de l’Onglée situé trois kilomètres au nord.
A 5 heures du matin, les cavaliers, prenant en croupes des fantassins vendéens traversèrent ainsi l’Erdre et prirent à revers les hommes de Meuris qui ignoraient la présence de ce gué. Un combat au corps à corps acharné commença, Meuris et ses hommes se défendirent énergiquement. Il fut relaté le trait de courage du dénommé Foucaud qui malgré de graves blessures continua à sabrer des Vendéens. Mais voyant qu’ils allaient être décimés, Meuris ordonna une retraite jusqu’à la ville de Nantes distante de trente kilomètres. Cette retraite fut malaisée car ils étaient poursuivis par les cavaliers vendéens.
Le chirurgien Duhoux ayant réussi à rejoindre Blain fit, le 30 juin, un rapport détaillé de la situation au général Avril :
« je déclare que vendredi 28 juin present mois, j’arrivai à blain et ancenis à la garde nationale que le bataillon départementaire de la loire inférieure avait été battu complétement. Le général avril accompagné de son adjoint chiron ; m’ayant demandé de lui faire un rapport fidel de l’affaire de nort , je lui répondis que je lui dirais la vérité et que depuis six heures et demie du soir jeudi 27 les rebelles avaient attaqués le poste de nort et avoient continué leur canonade et leur fusillade jusqu’à quatre heure et demi du matin et que le commandant meuris s était comporté comme un brave homme ainsi que tous le bataillon, mais voyant qu’il ne lui arrivait aucun secour de nulle part et n’ayant plus de munitions, il avait battu en retraite , et qu’à l’instant qu’on évacuait Nort, la cavalerie ennemie au nombre de trois cent environ avait chargé vigoureusement ; que moi chirurgien accompagnant l’ambulance pleine de blessés et arrivant à bout de bois, j’en voie vu le citoyen pinart ? prendre la route de nantes avec le drapeau du bataillon, qu’en même temps j’avais appeler le commandant meuris à qui j’avais demandé si l’ennemi nous chargeait encore, et qu’il m’avait répondu, oui mon ami, rien ne peut y tenir. qu’en conséquence j’avoy pris la route de blain accompagné de plusieurs jendarmes dont l’un n’avait point de chapeau et l’autre qui e?? son manteau devant lui et un autre qui avait un cheval soupe de lait (. ?) ; qu’en faisant je m’étais détourné et j’avais aperçu un jendarme à terre et un particulier qui me paraissait un bourgeois tenant la bride d’un autre jendarme, que j’avais poursuivi ma route en piquant des ? et me détournant à chaque instant , j’avais apperçu plusieurs cavaliers habillés en gilets bruns, des bonnets jaunes qui m’avait paru de peau de veau et des sabres rouillés, qu’aussitôt j’avais dit au citoyen martin jendarme qui n’allait pas plus vite que moi, piquons ; les rebelles nous chargent et qu’ils nous avaient chargés jusqu’à une lieu environ près blain . j atteste la vérité du fait à redon le 30 juni 1793. L’an second la république francaise72 Archives de Loire-Atlantique L 285 district de Nantes, affaires sanglantes de Nort les les 11 mars et 28 juin 1793
Le quartier-maitre Poupard, qui était donc parti à Nantes avant la bataille donna quelques renseignements sur l’affrontement, renseignements qu’il eut connaissance auprès de ses camarades73Ad 44 – L 544 bataillon Meuris, lettre du 26 juillet:
le lendemain l’action s’engage (…) après un combat de quatre heurs consécutives, tout à la fois excédés de fatigue, & dépourvu de munitions, mes braves camarades se virent chargés et forcés par la cavalerie ennemi & leurs équipage tombèrent à leur pouvoir (…)
De nombreux républicains furent pris, et emprisonnés dans un premier temps à Beaupréau, puis par la suite à Saint-Florent le Vieil.
Meuris et une faible partie de ses hommes purent rejoindre Nantes, grâce au soutien du général Canclaux, qui tout en préservant le camp de Saint-Georges, fit porter au secours du troisième bataillon départementaire les 11 et 13e de Seine-et-Oise envoyés par la Convention. Ainsi, la cavalerie vendéenne dans sa poursuite du bataillon de Meuris fut stoppée. En fin d’après-midi Canclaux fit replier les troupes du camps de Saint-Georges sur Nantes. Elles arrivèrent dans la ville en bon ordre à 22 heures.
Passage de la lettre du général Canclaux, commandant en chef de l’armée de Brest aux représentants du peuple, près cette armée :74lettre écrite le 2 juillet à Nantes et publiée aux Affiches de Nantes et de Loire-inférieure le 3 juillet 1793, une copie quais identique fut adressée au Ministre de la Guerre-SHD – B 5/96
(…)Dans la nuit du mardi 27, je fu averti que l’ennemi ne voulant attaquer de front les troupes campées entre la Loire & l’Erdre, s’avancoit pour forcer le passage de cette rivière, à l’effet de tomber de la sur la ville de Nantes. Ce poste était défendu par environ six cents hommes du troisième bataillon de la Loire-inférieure, commandé par le lieutenant-colonel Meuris. Il s’est battu depuis huit heures du soir jusqu’à cinq heures du matin, que forcé par le nombre des attaquants, que l’on dit avoir été de quatre mille hommes, par ses pertes & par la fatigue, il a évacué le poste. Ce bataillon a sauvé le drapeau, mais non pas ses canons, ni une grande partie de ses gens, qui avaient été très bien secondé par la Garde nationale de l’endroit. A la première nouvelle, j’étais accouru au camp pour en faire partir un renfort : il n’est pas arrivé à temps, si ce n’est peut-être pour arreter la poursuite des rebelles; & peu après, ce détachement est venu me rejoindre sans coup férir. Mais dès ce moment, j’eus de l’inquiétude sur ma position qui ne couvroit plus Nantes, sur les routes de Rennes & de Vannes. Celle de l’ennemi l’en rendoit maître, au contraire, & de plus, de tout le pays environnant, soit pour y vivre, soit pour le faire soulever, & delà presser, & serrer cette ville. Je formai d’abord le projet de la traverser en force, & d’aller retomber sur Nort ; mais cette marche eut été longue ; d’ailleurs on me disait qu’une colonne très forte de rebelles était à Ancenis. Elle aurait eu trop beau jeu de tomber sur la ville que ‘en eusse été éloigné & et que mon camp ne l’auroit plus couverte. Ces considérations me décidèrent à le lever & à rentrer dans Nantes, pendant la nuit, pou y faire des dispositions de défense, & delà, s’il y avoir moyen de reprendre Nort etc..(…)
Meuris quant à lui arriva dans la matinée du 28 juin à Nantes et fit son rapport.
Le matin de la même journée (28 juin), le commandant du bataillon départementaire, le citoyen meuris qui occupait le poste de nort était venu annoncer au comité que ce poste important avait été forcé après un combat très meurtrier de part et d’autre qu’il n’avait pu Sauver que le drapeau ; les équipages, les canons et caissons étant tombés au pouvoir de l’ennemi; que le général auquel il avait demandé des secours lui en avait envoyé mais qu’il n’avait pu tenir jusqu’à son arrivée ; que l’ennemi s’était avancé sur la route de Rennes et y avait occupé le poste de Bout de Bois.
Dès lors on S’attendait à être attaqué le lendemain. le général canclaux voyant les dispositions de l’ennemi quitta le camp de St George et Se mit en bataille sur la route de Paris. (…)75Ad 44 – L89 Séances du comité central du 29 juillet 1793
Ainsi les équipements, armes et canons tombèrent aux mains des Vendéens, tout comme les effets personnels conservés chez les habitants notamment ceux qui logeaient les officiers. Toutefois, le 4 juillet le Comité central écrivait à Aubinet, second de Meuris : « Nous n’oublierons jamais le service que nous a rendu le bataillon Meuris ».
Notons pour l’anecdote que les rescapés du bataillon arrivés à Nantes se seraient précipités épancher leur soif chez un marchand de vins à Nantes. 76« En arrivant à Nantes, les soldats de Meuris, assoiffés par une course précipitée du plus de huit lieues, entrèrent chez Girard, marchand de vins, où ils consommèrent une barrique de vin de là la note suivante trouvée aux archives départementales (ventes de récoltes). « Il y a lieu de déduire (d’un compte de 1607 livres) « quatre vingt treize livres, prix d’une barrique de vin » adjugée au citoyen Girard, et qui a été consommée par la » troupe de Meuris revenant de Nort, après la prise de ce » poste. » Velasque
Les autorités municipales de Nort, le 8 juillet détaillèrent les « dévastations qu’ont exercé lors de leur entrée ici, qui ont eu lieu le 28 juin ». L’armoire contenant les rôles des contributions foncières et mobilières fut forcée et les papiers brûlés, tout comme les papiers conservés dans les autres armoires de la mairie. De même, les portes de la cure furent ouvertes. Dans le grenier le blé noir dispersé et le seigle emporté, tout comme le linge et les serviettes pris à Saint-Mars lors de différentes expéditions disparut de la maison de la Pierre Gergaud servant de chambre commune.77Ad 44 – L285 district de Nantes – affaires sanglantes de Nort les 11 mars et 28 juin 1793
Nort pris par les troupes vendéennes, il fallut rétablir l’accès du pont Saint-Georges, mais celui-ci étroit leur fit perdre encore du temps. Les troupes de d’Elbée et de Cathelineau durent bivouaquer une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes, et ne purent arriver à l’heure prévue de 2 heurs le matin du 29 juin.78Yannick Guin, La bataille de Nantes, 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest. p 101
Bilan des pertes républicaines à Nort ?
Quelles furent les pertes réelles des républicains à Nort-sur-Erdre ? D’après un état nominatif dressé le 16 mai 1793, le bataillon était composé de six cents hommes79Ces hommes étaient répartis de la façon suivante : onze dans l’état-major ; cent trente-quatre grenadiers ; quatre-vingt-quinze dans la 1ere compagnie, cent neuf dans la seconde ; cent sept dans la troisième ; quatre-vingt-seize dans la 4e et quarante-huit canonniers. ; et selon un dénombrement et noms des citoyens composant le 1er bataillon après le combat de Nort du 28 juin, seulement deux-cent-quatre-vingt-dix-sept sont recensés.80Ils sont répartis de la façon suivante : six de l’état-major ; trois capitaines ; quatre lieutenants ; quatre sous-lieutenant ; huit sergents ; vingt-et-un caporaux ; six fourriers ; trois tambours ; et deux-cent-quarante-deux grenadiers, fusiliers et canonniers, chiffre confirmé d’après la revue des commissaires des guerres. Parmi ces deux-cent-quatre-vingt-dix-sept hommes, quelques malades ou blessés sont indiqués étant soit chez eux, soit à l’hôpitalDe ces trois-cent-trois soldats, officiers et sous-officiers manquants, comment peut-on les répartir entre décédés et prisonniers ?
Il est difficile de dénombrer le nombre de tués à la bataille de Nort. Les chiffre donnés par les historiens du XIX étaient fantaisistes, c’est un fait. Dans un rapport du 28 juin des représentants Merlin et Gillet avertissant la Convention des dangers encourus par les ville de Nantes, il est indiqué la perte de cinq ou six hommes à Nort.81« (…)notre position s’aggrave à chaque instant, hier pendant que nous visitions nos avant-postes vers Ancenis et que nous nous portions beaucoup au delà pour reconnaitre les chemins où notre avant garde pouvait être tournée, les rebelles sont tournés sur le faubourg de Nantes qui est au delà des ponts, et ont en même temps attaqués la ville de Nord , de l’autre côté : cette ville a été prise ce matin après un combat de 14 heures, dans lequel il parait par plusieurs rapports qui nous ont été faits que nous n’avons perdus que 5 à 6 hommes. C’est le manque de munitions qui a forcé le poste à céder à une masse d’hommes infiniment supérieure (# note à la marge et à une cavalerie assez nombreuse), les secours qu’on lui avait envoyés ne sont pas arrivés assez tôt(….) (Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense (Vincennes) Correspondance Armée des Côtes de Brest Mai-août 1793 SHD – B 5/14-38 : 28-29 juin 1793- Nantes : les représentants Merlin et Gillet avertissent la Convention : l’ennemi a pris Nort, au nord de Nantes, que le général Canclaux va s’efforcer de reprendre »Cela semble à première vue trop peu. Pour compliquer la tâche du recensement des pertes subies par le bataillon Meuris, quatre décès furent enregistrés dans les registres d’état civil de Nantes, plus de six mois après les faits (cf.Actes des décès de Républicains tués à la bataille de Nort-sur-Erdre en juin 1793 ) dont trois qui précédemment avaient été indiqués fait prisonniers. Sur les registres d’état civil de la 2e section de Nort, on trouve les déclarations de quatre décès enregistrés le 28 juin et indiqués décédés « ce matin » Notons que ce registre s’arrête à cette date du 28 juin, à la différence de celui de la 1ère section finissant l’année civile.
Concernant les prisonniers, il semble plus aisé dans un premier temps, d’en connaitre le nombre exact. Velasque dans son article indique le chiffre de cent trente prisonniers républicains qu’ils soient de la Garde nationale de Nort ou du bataillon de Meuris. Une liste des militaires fait prisonniers à Nort le 28 juin et détenus à Saint-Florent fut imprimée, cent dix-neuf noms y sont inscrits dont un enfant. Et parmi ces cent dix-neuf, quatre-vingt-six spécifiquement du bataillon de Meuris.
Notons qu’un courrier émanant de la part des prisonniers fut adressé aux Nantais. Mais parmi eux, certains réussirent à s’enfuir et revinrent à Nantes dans les jours ou semaines suivant l’attaque. Ainsi un dénommé Grégoire détenu à Beaupreau et ayant profité d’un défaut de surveillance fit part de son retour.
Si l’on fait la soustraction entre les trois-cents-trois volontaires du bataillon recensés après la bataille de Nort et les quatre-vingt-six du bataillon Meuris indiqués prisonnier, la différence devrait correspondre au nombre de tués. Mais, de par la connaissance des rares mentions nominatives de morts à Nort trouvées par ailleurs, ce chiffre semble excessif sinon impossible.
Ainsi, pour aider à affiner les chiffres, il existe un dénombrement des personnes demandant des secours dans le journal des recettes et dépenses du bureau de secours de l’administration centrale. Dans celui du 7 mai au 29 juillet, on recense treize épouses ou mères de décédés ou porté disparus et trente-deux mères ou épouses de prisonniers du bataillon de Meuris, demandant des secours.82Ad44 – L398 dès le 1er juillet : Marie Bizien, femme de Claude Legrand, cordonnier, sergent de la 4e compagnie du bataillon départementaire ; Marie Martineau femme de Louis Provost, teinturier sergent de la 4e compagnie du bataillon départementaire ; Angélique Ballac femme de Jean Ferron tailleur, sergent de la 3e compagnie ; Anne Le Brisse, femme de Jean-Marie Anscaire, serrurier, caporal de la 4e compagnie ; Magdeleine Fourgon femme de Jean Raffegeau sabotier, sergent 4e compagnie , Renée Secretin femme de Guillaume Robert, tisserand, sergent des grenadiers dans le bataillon départementaire ; Pauline Chever femme de Jean Pouliard, tailleur, fusilier de la 2e compagnie ; Anne Le Batonnier femme de François Marcou, caporal des grenadiers ; Jeanne Picot femme de Julien Martin, marchand quincaillier, volontaire du 4e bataillon ; les enfants de Pierre Moreau, marchand de tabac, caporal compagnie de Savoye (officier du bataillon Meuris) du 1er bataillon départementaire; Louise Bain femme de Jean Charles Grandain, charron, fusilier de la compagnie de Savoye du 1er bataillon départementaire, Louise Fortin femme de Maurice Ladelle cloutier fusilier compagnie de Savoye du 1er bataillon départemantaire ; Françoise Hurlan femme de Jean Fournal, marchand forain, grenadier au 1er bataillon, Louise Besnard femme d’Antoine Dezieux, fondeur, grenadier au 1e bataillon ; Catherine Massin femme de Denis Mourit colporteur, caporal dans la 1ère compagnie du 1er bataillon ; Renée Silmi femme de Germain Beauchêne, cordier, fusilier à la compagnie Savoye du 1er bataillon départemantaire ; Françoise Gillau femme de René Duverger, peintre en bâtiment, fusilier de la compagnie de Savoye du 1er bataillon ; Marie Piloquet femme d’Henri Denis, caporal au 1er bataillon départementaire, compagnie Archambaud ; Marie Jeanne François femme de Jean Dozizon, colporteur, fusilier du 1er bataillon départementaire, de la compagnie de Savoye ; Jacques Marcon, manœuvre, grenadier au 1er bataillon départementaire ; Anne Tanguy, femme de Jean Viau, tonnelier, canonnier au 1er bataillon départementaire ; Anne Desnos, femme de Sébastien Beitz fripier, sergent à la 2e compagnie du 1er bataillon départementaire ; Thérèse Blanchet femme de Guillaume Lamberty, menuisier, lieutenant des canonniers ; Anne Badier veuve de Gabriel Hilereau dont le fils Gabriel fusilier 1er bataillon compagnie de Savoy ; Anne Lebrun femme caporal (grenadier à ?) du bataillon départementaire ; Nicole Dupa femme de Louis Giron, cordonnier, fusilier du 1er bataillon départementaire ; Jeanne Gicquiau femme de Guillaume Pradon, marchand, fusilier du 1er compagnie 1er bataillon départementaire ; Julienne Tual femme de de Jean Berthaud, manœuvre dont son unique soutien son fils René Berthaud du bataillon départementaire ; Marie Retof femme de Jean Tarnard , marchand de parapluie ; Jeanne Bodin veuve de de Pierre Turpin, paveur dont le fils était grenadier 1er bataillon départementaire ; Anne Diot femme de Clavier fusilier au bataillon départementaire ; Georgine Poulain veuve de Pierre Lucas dont le fils était sergent des grenadiers ; Mathurine Rochet femme de Mathurin Avelinier, boulanger marin “dont le fils Pierre Aveinier fusilier au bataillon de feu Meuris a été fait prisonnier par les rebelles à l’affaire de Nord ». Aides concernant les veuves et mères de décédés : Perrine Guillard veuve de Sébastien Rouans dont le fils François Rouanne volontaire au bataillon départementaire est fait prisonnier ou tué ; Perrine Violain femme de René Pavot, cloutier, fusilier dans la 2e compagnie du bataillon départemantaire ; Jean (sic) Gallais veuve de de Jean Olivier Mossion, fusilier dans la 3e compagnie ; Marie Caillet veuve de François Baillet “dont le fils volontaire de la 4e compagnie du bataillon départementaire est décédé par une suite de fatigue« Et dans un état des suppléments des effets perdus des citoyens de la 3e compagnie du 1er bataillon départementaire réclamés par leurs parents, trois noms de décédés sont indiqués dont » le citoyen Heurtin, caporal mort à la malheureuse affaire de Nort » ainsi que cinq faits prisonniers 83AD44 L544 « citoyen Heurtin Caporal mort à la malheureuse affaire de Nort, citoyen Soulis mort, citoyen Jannisnneau prisonnier, citoyen Clavier prisonnier, citoyen Maillet père, citoyen Maillet fils prisonniers, citoyen Jean Loisselle Mort, Citoyen Cavallon revenu depuis quelques jours ». Dans un autre état en date du 22 août, trois noms sont indiqués avec la mention « on le croi mort », « Burronnel 1er sous-lieutenant, Raffegeaux, Jullien Martin fusillier », et deux indiqués « prisonniers à Beaupreaux »84« Prevot, Denis Mourot
La bataille de Nantes
N’étant pas le sujet de l’article, voici plus que succinctement les détails de la bataille de Nantes.
Charette et Lyrot à la tête de 20 000 Vendéens devaient attaquer par le sud de la ville au niveau de la Sèvres, respectivement à Pont-Rousseau et à Saint-Jacques. Notons que Nantes ne pouvait être prise par ce côté là, les ponts ayant été coupés, Charette et ses dix mille hommes ne servirent que de diversion.
Au nord, la majeure partie de l’armée partant d’Oudon le 27 et divisée en deux, devait d’une part attaquer le camp de Saint-Georges et d’autre part devait franchir l’Erdre à Nort, comme on vient de le voir. Le retard pris à Nort perturba le plan initial. Lorsqu’à deux heures du matin du 29, Charette fit tirer les canons, et que Lyrot, à partir de la rive droite de la Sèvres lança ses hommes, l’attaque au nord de Nantes n’avait pas encore commencée. Les Vendéens n’y arrivèrent qu’à 6 heures du matin. Le détachement de Bonchamps combattit rue de Paris mais se heurta aux défenses nantaises. Une grande partie des forces vendéennes dirigées par Cathelineau et D’Elbée se dirigèrent vers le Port-communau et l’Hôtel du département par la route de Rennes et en suivant l’Erdre ; la cavalerie de Talmont suivant la route de Vannes.
Grâce à la vigie postée sur une tour de la cathédrale, ces mouvements de troupes vendéennes furent repérés rapidement, l’état-major républicain nantais comprit alors que l’attaque principale allait être par le sud de Nantes, et cessa aussitôt d’ y envoyer des renforts. Les troupes furent redéployées. Toutefois l’assaut vendéen progressa, et les forces républicaines se replièrent sans plier.
Ne pouvant plus avancer, les Vendéens avec à leur tête le généralissime Cathelineau changèrent de plan et décidèrent de se diriger ver la place Viarme par la route de Vannes. Ils y rencontrèrent une forte résistance et furent stoppés ; Cathelineau fut blessé grièvement (il décéda de ses blessures le 14 juillet). A l’Est, Bonchamps ignorant la blessure de Cathelineau continua des combats sporadiques. Quant au sud, Lyrot ne put enfoncer les lignes de Saint-Jacques.
D’Elbée n’arrivant pas à relancer ses troupes et voyant les pertes, ordonna la retraite vers le Nord en milieu d’après-midi. Charette ne sachant rien de la situation poursuivit un temps ses tirs d’artillerie, sans avoir réussi à entamer la défense de la ville.
Quelques combats se poursuivirent encore quelques heures, mais de par la fatigue des républicains, la retraite des Vendéens se fit sans qu’ils soient poursuivis. Canclaux, craignant une nouvelle attaque des Vendéens demanda aux troupes de rester en alerte. mais au bout de 24 heures, il fut certain que la ville de Nantes était sauvée.85Yannick Guin, La Bataille de Nantes : 29 juin 1793, un Valmy dans l’Ouest, Laval, Siloë, 1993,
Nantes la fédéraliste
Après la bataille de Nantes, la fragile union sacrée des républicains lors de la bataille fit long feu. Le conflit politique entre montagnards, dont les rescapés du bataillon Meuris,86Archives municipales de Nantes service éducatif, Les citoyens-militaires – la garde nationales de Nantes (1789-an II), par François Macé- 1993 (p 13): « (…)et le premier bataillon, placé sous le commandement du ferblantier Meuris, va particulièrement s’illustrer sur la Loire et surtout à Nort-sur Erdre en juin. Mais composé de volontaires, il regroupe autour de son commandant les républicains les plus proches de Montagnards et des Sans-Culottes. Au début juin et surtout en juillet ce bataillon s’oppose aux autorités nantaises qui condamnent les Montagnards et les Sans-Culottes(…).et girondins mis en parenthèse pendant l’assaut reprit. Ainsi le 5 juillet, un manifeste de défiance des corps administratifs et de certains clubs nantais vis-à-vis de la Convention fut signé par les autorités constituées dont le maire Baco ainsi que Coustard de Massy et le général Beysser auréolé de sa gloire de défenseur de la ville. Canclaux général en chef de l’armée des côtes de Brest et dont l’entente entre les deux était bonne jusque là essaya de le dissuader d’aller dans cette voie. Voie certes minoritaire au sein de l’armée, mais Beysser étant estimé de ses hommes, le risque qu’ils puissent le suivre existait tout de même.87(…) Certes l’acte de Beysser est un acte presque isolé puisque seuls parmi les militaires, son aide de camp Kerversei et le sous-commandant temporaire de la ville de Nantes Boisguyon adhèrent les jours suivants à l’arrêté. Cependant Beysser est soutenu par ses troupes et une rupture plus violente est à envisager. De plus, au nom de ses principes de militaire : obéissance et discipline, Canclaux estime qu’il faut tenter de régler le conflit qui l’oppose à Beysser ; tenter de le raisonner ; le ramener dans le droit chemin c’et-à-dire au sein de l’armée qui ne doit obéir qu’à la loi et donc à la Convention. Les représentants Merlin de Douai et Gillet sont du même avis.(…)[/mfn] Par précaution, Canclaux s’était déplacé à Ancenis, et de là il essaya de lui faire entendre raison. Dans un premier temps, il fut aidé pour cela, par les deux représentants de la Convention, Merlin de Douai et Gillet, eux aussi à Ancenis. Les trois lui demandèrent de se rétracter de l’arrêté du 5 qu’il avait signé “étourdiment ».87(Françoise Nicolli, Gloire et infortune d’un général républicain méconnu: Jean-Michel BEYSSER (1753-1794), mémoire de maitrise p 76 « (…) Certes l’acte de Beysser est un acte presque isolé puisque seuls parmi les militaires, son aide de camp Kerverseu et le sous-commandant temporaire de la ville de Nantes Boisguyon adhèrent les jours suivants à l’arrêté. Cependant Beysser est soutenu par ses troupes et une rupture plus violente est à envisager. De plus, au nom de ses principes de militaire : obéissance et discipline, Canclaux estime qu’il faut tenter de régler le conflit qui l’oppose à Beysser ; tenter de le raisonner ; le ramener dans le droit chemin c’et-à-dire au sein de l’armée qui ne doit obéir qu’à la loi et donc à la Convention. Les représentants Merlin de Douai et Gillet sont du même avis(…) »)
Les 11 et 12 juillet, conjointement avec Coustard (ce dernier se souvenant des massacres de septembre), Beysser prit la décision d’une commission dirigée par les officiers de la Garde nationale Deurbrucq et Dufeu d’inspection des prisons afin « d’élargir les prisonniers emprisonnés sans preuves ». Le même jour Beysser déclara que s’il connaissait quelqu’un qui « professât les principes de Marat, il le chasserait à 20 lieus du territoire français”. A ce moment-là la Convention méconnaissant les derniers fait et, en reconnaissance de ses services rendus, nommait Beysser général en chef.
Cette nomination arriva le 13 à Ancenis, mais les deux représentants sur place, à bout de de patience face à l’insubordination du général décidèrent de le destituer. Ils déclarèrent entre autres que « Jean Michel Beysser vient de lever à Nantes l’étendard de la révolte« , et insinuèrent que lors de la bataille de Nantes, il y eut un projet de capitulation de certains corps constitués de Nantes et de Beysser avec les rebelles !88Ad 44 L 96 – 9 Cette destitution créa un vif émoi à Nantes, émoi entretenu par Beysser lui-même qui déclara :”Citoyens, celui que vous aimiez nommer votre général vient d’être déclaré traitre à la patrie. Voici ses crimes : il a sauvé Nantes, que les brigands de la Montagne voulaient livrer à leurs complices, les brigands de la Vendée : il a reconnu la souveraineté du peuple, que les maratistes voulaient détruire ».89Françoise Nicolli, Gloire et infortune d’un général républicain méconnu: Jean-Michel BEYSSER (1753_1794) , mémoire de maitrise pp77-79
Le tournant du 14 juillet
Le 13 juillet, les trois corps administratifs situés à Nantes reçurent une invitation de Beysser pour une “fête que célèbre demain l’armée en mémoire à l’époque fameuse du 14 juillet ».90Archives de Loire-Atlantique 44 L352 procès-verbaux des fêtes 1793-an2, séance publique des corps administratifs de la ville et du Comité central du 13 juillet 1793Dans la correspondance de Beysser, plus de détails sont donnés (lignes biffées disons le)
Là aussi biffé, le conseil général de la commune indiqua dans son registre avoir reçu l’invitation du général Beysser. Ce 13 juillet, le conseil de Nantes indiqua qu’ille général battra demain à 9 heures, l’assemblée à 9h 1/2 , le drapeau à 10 h , les bataillons et autres corps de troupe s’assembleront dans leurs quartiers respectifs. les bataillons enverront chacun cent hommes, et les autres corps de troupe chacun 25 hommes sur le cours st pierre pour y prêter à midy précise le serment de maintenir la liberté, l’unité et l’indivisibilité de la république ou de mourrir en la défendant. Les commandants des arrondissement porteront une surveillance particulière sur leurs postes durant cette cérémonie. Il sera fait un et trois coups de canon de suite au moment ou les troupes réunies sur le cours preteront le serment. les troupes rassemblées dans leurs quartiers respectifs le preteront au même instant. Les troupes seront envoyés aussitôt le serment prêté
Service du camp de la Naudière.
ordre donné par le général Beysser commandant de camp91Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense (Vincennes) Correspondance du général Beysser, commandant à Nantes, 27 juin-13 juillet 1793, 1er-20 sept. 1793 (f°1 à 14),27 juin-10 juillet 1793( -f° 3)(dernière correspondance de juillet du général , phrases biffées)
se rendra au corps au département, demain dix heures du matin pour assister à la cérémonie de le la fête de la fédération, et ce sans changer aucune disposition de la loi sur la fédération qui aura lieu le dix août. Epoque de la destruction de la Royauté et de l’Etablissement de République(…).
Les autorités municipales espérèrent que la fête de la Fédération puissent être un élément déclencheur pour emporter l’adhésion de la population. Mais dans la nuit du 13 au 14, le club Vincent la Montagne, rappelons le celui des petits artisans, mais aussi des fonctionnaires subalternes, continua à entretenir des contacts avec les représentants en mission toujours à Ancenis. Ceux-ci pour réduire le nombre de “putschiste” firent part au personnel administratif des risques encourus pour les plus compromis. La conséquence fut que dans le nuit du 13 au 14, de nombreux fonctionnaires révoquèrent l’arrêté du 5. Cette information fut donnée aux représentants à Ancenis et en même temps qu’il leur était demandé d’établir leur quartier général à Nantes.
Aux premières lueurs du 14, la population nantaise était aux aguets, le matin Baco convoqua de nouveau Beysser auprès des autorités municipales. Ce dernier leur affirma avec force son attachement à la république. Il reçut alors les félicitations de la municipalité, et en soutien l’accolade de Baco montrant ainsi leur entente. Notons que Beysser continua ses attaques contre les maratistes ; et les administrateurs quant à eux accusèrent Canclaux d’avoir fait allégeance aux montagnards par l’entremise de Merlin et Gillet. Le Conseil du département avait lui aussi renouvelé sa confiance au général Beysser, après que son second l’adjudant général Laval eut refusé de le remplacer (malgré l’ordre des représentants du peuple).92Archives de Loire-Atlantique L 40 délibérations et arrêtés du conseil du département en date du 14 juillet.
La fête de la Fédération du même jour devait montrer la force girondine nantaise. Au vue de la situation explosive, Canclaux, avait demandé à ses hommes de ne pas participer à la fête présidée par les “autorités rebelle” craignant que les soldats prennent parti pour Beysser et puisse marcher sur Paris. Malgré tout la revue eut lieu. Se faisaient face avec défiance la Légion nantaise de Coustard composée de jeunes bourgeois girondins et le bataillon départementaire de Meuris, ce dernier uni avec le bataillons de Seine-et-Oise. A la lecture par les corps administratifs fédéralistes de la ville de la destitution de Beysser, la Légion nantaise hua cette décision qu’elle trouvait inique. Toutefois, les montagnards étant majoritaires, les huées de la Légion furent couvertes par ces derniers. La situation était explosive et s’approchait de plus en plus vers un conflit armé entre les différentes factions républicaines.
Lors d’un bref mais vif échange entre les deux groupes, un lieutenant des canonniers de la deuxième compagnie de la Légion nantaise nommé Noury (Nourrit, Nourry) provoqua en duel Meuris, qui par soucis d’apaisement entre les deux corps armés et afin d’éviter des heurts fratricides entre eux accepta. Il fut mortellement blessé lors de ce combat singulier,93Yannick Guin, La Bataille de Nantes : 29 juin 1793, un Valmy dans l’Ouest, Laval, Siloë, 1993, pp 134-135 ; Archives municipales de Nantes service éducatif, Les citoyens-militaires – la garde nationales de Nantes (1789-an II), par François Macé- 1993 p 17 ; Françoise Nicolli, Gloire et infortune d’un général républicain méconnu: Jean-Michel BEYSSER (1753-1794), mémoire de maitrise p 77 “ et officiellement décéda chez lui à 17 h.94Archiv. municipales de Nantes, registre civil 1E26 section Marat et sans culottes vue 29. Sur son acte de décès, il est indiqué qu’il avait 35 ans et était natif de Tournon en Autriche, témoin Louis Simon Thibault cirier de 33 ans et Jean Charles Mailliet négociant
Meuris fut enterré au cimetière de la Bouteillerie, et selon Camille Mellinet, était gravée sur sa pierre tombale l’épitaphe suivant :
A la postérité!
Aux Mânes
d’Amable Joseph Meuris
Commandant le 2e bataillon du département de la Loire-Inférieure
Après s’être couvert de Gloire
A la retraite de Nort
le 28 juin 1793
Il fut tué en combat singulier
le 14 juillet 1793
A l’âge de 35 ans.95Camille, Mellinet, La commune et la milice de Nantes, volume 7, Nantes imprimerie Mellinet, mars 1842, p 331
Les conséquences
Même si les montagnards venaient de perdre un de leurs chefs, les fédéralistes étaient en fait en mauvaise posture. Meuris étant apprécié des Nantais, la consternation et la sidération l’emporta. Les fédéraliste n’osèrent aller plus loin ce 14.96(…) »Cet évènement jette la consternation et la haine. Plus question pour les putschistes de l’emporter ce jour-là, ils se heurteraient à la furie populaire. (…) » Yannick Guin p 137Le 15, les corps constitués de Nantes jouèrent leur va-tout, ainsi la mairie de Nantes condamna Gillet et Merlin pour haute trahison pour avoir fui lors du siège de Nantes et pour avoir destitué Beysser. Mais Gillet sentant le rapport de force en leur faveur entra dans Nantes au soir du 15. Habilement il se rendit au Comité central en partie fédéraliste. Sentant la situation devenir dangereuse, le Comité central se rétracta de son appel du 5 juillet, puis les autres corps constitués de Nantes le suivirent. Espérant la clémence, ils adressèrent une longue adresse aux représentants du peuple par le départ(ement). pour demander grâce. Cette lettre se terminait par « nous croyons pouvoir vous répéter que la justice rigoureuse envers les patriotes égarés c’est l’indulgence.97 Ad 44 L89″.Cette rétraction des trois corps administratifs, ainsi que celle de Beysser furent apportées à Ancenis aux représentants du peuple et à Canclaux.98Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense (Vincennes) Correspondance Armée des Côtes de Brest Mai-août 1793SHD B 5/14-54Malgré cela, le Comité central fut dissous le 28 juillet.
Pour combattre les critiques venant de Paris, le maire Baco se déplaça à Paris pour défendre Beysser. Il fut arrêté en séance le 2 août et échappa de peu à la guillotine, étant sauvé par Thermidor. Beysser quitta Nantes pour une destination qui fut inconnue pendant quelques temps des autorités mais il arriva à se justifier lorsqu’il fut convoqué à Paris. Il réintégra sa place dans l’armée jusqu’à une défaite de trop contre les Vendéens. Et de par son passé fédéraliste, il fut alors arrêté et exécuté notamment en même temps de Lucille Desmoulins. Quant à Coustard de Massy, il se cacha un temps à Nantes, mais suite à une dénonciation fut arrêté puis jugé et exécuté en même temps que Philippe-Egalité.
La Convention se vengea aussi de la Garde nationale de Nantes qui fut dissoute ainsi que tous les clubs excepté Vincent la Montagne. De plus l’épisode des 132 Nantais99à l’automne 1793, plus d’une centaines de notables modérés nantais furent arrêtés, emprisonnés un temps dans la ville, ils furent emmenés à pairs pour y être jugés. Après une longue marche entrainant la mort des plus faibles, ils arrivèrent au nombre de cent-dix à paris. Mais thermidor étant passé, lors de leur jugement la situation se retourna et provoqua la chute de Carrier et de nombreux membres de l’ex comité révolutionnaire de Nantes. Les cent dix furent acquittésfut même si tardive, une autre conséquence de la réponse montagnarde à cette révolte fédéraliste nantaise.
Quant aux montagnards, leur haine vivace à l’encontre de l’élite nantaise venait de croître encore plus. Plusieurs membres du bataillon départementaire de Meuris devinrent des “lieutenants” de Carrier, comme Lambertye,100tristement célèbre lors de noyades de Nantes, lire à son sujet l’article Agathe Gingreau, la “Brigande” survivante des prisons de Nantes sur ce blogO’Sullivan… Ce dernier inculpé lors du procès Carrier, se servit de la gloire du bataillon dans sa défense.101Vélasque, A. “ÉTUDES SUR LA TERREUR A NANTES: Les Procès de Carrier et Du Comité Révolutionnaire de Nantes.” Annales Historiques de La Révolution Française, vol. 1, no. 6, 1924, pp. 545–57. JSTOR, http://www.jstor.org/stable/41923429. « O’Sullivan capitaine du bataillon Meuris répétant le mensonge de l’hécatombe patriotiques de ses compagnon d’armes à Nort »/ Velasque « J’étais incorporé dans un bataillon qui a beaucoup souffert, qui a fait preuve de vaillance, qui n’a cessé d’être poursuivi et maltraité et qui a été réduit de six cents à quarante. »
Dissolution du bataillon Meuris
Revenons un instant sur le devenir du bataillon Meuris. Après les pertes subies à la bataille de Nort, le 10 juillet, les trois corps administratifs de Nantes réunis au sein du Comité central délibérèrent sur le sort du bataillon. Il leur semblait exister deux options, soit l’intégrer à la Garde nationale, soit le maintenir tel qu’il était en recrutant afin qu’il soit porté à son complet en raison des « (…) services que le bataillon départementaire a rendu depuis la formation et jusqu’à ce jour et à ceux qu’on a lieu d’en attendre jusqu’au retour de l’ordre et de tranquillité (…) ».
Mais la mort de Meuris changea la donne. D’autant plus que le commandement du bataillon qui devait naturellement revenir à Aubinet, second de Meuris, fut refusé par deux fois par ce dernier auprès de Piter Deurbourcq.102“concitoyen la mort malheureuse de mon commandant Meuris me laissant à la tête du bataillon départementaire dont l’état major a été formé chez vous ; mais ne me sentant pas les facultés nécessaires pour être commandant en chef, et d’ailleurs n’ayant pas le temps de m’occuper du recrutement du bataillon, chez moi tant étant essentiellement necessaire que je rentre chez moi tant pour affaire de famille que de commerce(…) » la seconde lettre datant du 16 juillet “concitoyen, je ne peux pour donner ma démission que m’adresser à ceux qui m’ont nommé, en conséquence c’est donc à vous puisque c’est vous qui avait convoqué les chefs de bataillons qui m’ont nommé. Je persiste dans mes intention et vous salue fraternellement (le 1er courrier est adressé à Piter Deurbroucq chef de la première légion de la garde nationale ; et la seconde au commandant général de la garde nationale) Archives de Loire-Atlantique L 544Il en était de même d’officiers de nombreux officiers de l’état-major, dont Poupard le quartier-maitre.
Le 31 juillet, le Conseil du département sous la présidence de Le Pelletier se réunit et délibéra sur le sort du bataillon Meuris. Le conseil donna lecture du lettre du Général Canclaux du même jour demandant la réunion des deux bataillons départementaires et que ce nouveau bataillon soit payé par le Ministère de la guerre mais que cela ne pouvait être exécuté qu’avec l’accord des trois corps administratifs, dont celui de la municipalité de Nantes.
Il fut remboursé aux membres du bataillon ayant fait la demande une partie de leurs biens personnels et effets militaires à l’affaire de Nort-sur Erdre.103Notons qu’une note concernant ces remboursement fut souvent reprise comme la non reconnaissance envers ce bataillon, n’ayant été payés que de chemises et chaussures en reconnaissance de leurs actes héroïque.
Le drapeau du bataillon
Après la dissolution du bataillon, le devenir de son drapeau sauvé des Vendéens à Nort-sur-Erdre se posa. Les survivants souhaitaient déposer le drapeau dans « l’église cathédrale de Saint-Pierre« . Mais il leur fut signifié, que cela n’était plus possible. Alors, la majorité des membres du bataillon votèrent pour le déposer au sein de la Société populaire Saint Vincent. Après avoir obtenu l’accord de Canclaux,104retranscription extraite de la Société populaire Vincent du 16 août “des officiers de l’état major du cy devant bataillon commandé par Meuris Étant entrés et ayant au nom de leurs frères d’armes témoigner le désir de déposer leur drapeau dans le lieu des séances de la société, le président leur a fait au nom de la société des remerciements et l’assemblée voyant dans son sein des frères qui ont si bien combattu pour la défense de leur patrie, a dit voyant le drapeau, qu’elle se rappelerait toujours ses nombreux frères qui se sont immolés pour leur pays, que ce serait sous ce drapeau que toute la société marcherait. En conséquence a arrêté que l’administration du département serait prié de ne pas opposé d’obstacle, le général Canclaux ayant reconnu qu’on ne pouvait refuser d’accéder aux vœux des braves soldats qui l’on arrosé de leur sang s’est chargé de porter la parole au département à cet égard les administrateurs ont pareillement promis d’appuyer la réclamation L544ils ne purent obtenir celui du département, car ce dernier :
considérant que le drapeau a été donné au bataillon départementaire par l’administration, et que le drapeau appartient aux administrés en général, des deniers desquels il a été payés ;
considérant que ls lieu des séances du département est pour ainsi dire la maison commune de tous les citoyens du ressort
arrête que le drapeau du bataillon départementaire sera déposé dans les lieux de séance du département et charge les citoyens Le pelletier et huard ses commissaires pour l’incorporation du troisième bataillon dans le quatrième qui doit avoir lieu demain ) 8 heures du matin (..)
Le Lendemain,
à dix heures du matin le bataillon départementaire ci-devant commandé par Meuris, a paru sur la place et s’est formé en bataillon. Les commissaires chargés de notifier l’arrêté de licenciements sont entrés avec le général en chef un détachement et aussi entré avec le drapeau, et une députation non armée du bataillon composée d’officiers et de volontaires. Un commissaire de la Société populaire de Saint Vincent a déposé sur le bureau un arrêté de la société.
Le général a pris la parole et a dit qu’au moment du licenciement, les commissaires avaient donné connaissance au bataillon de l’arrêté du département du jour d’hier qui s’opposait au dépôt du drapeau dans le lieu des séances de la Société populaire de Saint Vincent, mais que la majorité avait témoigné désirer que le dépôt eut lieu et que lui Général avait été chargé d’exprimer ce vœu à l’administration ; qu’il priait donc le conseil de délibérer sur la pétition qu’il présente au nom du bataillon pour qu’il veuille bien consentir au dépot du drapeau dans le lieu de la séance de la Société populaire, comme dans le temple de la liberté, dépot d’ailleurs fondé sur le motif louable d’honorer la mémoire du chef de bataillon qu’était membre de cette société (…)
Le conseil du département, décida alors, disons le très tardivement d’accéder à la demande « voulant témoigner à ce corps armé, la satisfaction qu’il ressent de ses bons services » et se déplaça avec le drapeau à la Société Saint-Vincent.105Archives départementales de Loire-Atlantique – délibération du conseil du département L 41 f°19-20Toutefois lors de la dissolution de la la Société populaire, le procès-verbal de l’inventaire des effets trouvés en son sein le seize fructidor an 3, on ne trouve aucune indication concernant ce drapeau.106Archiv. municipales I2 carton 1 dossier 7- police générale – Société populaire de Vincent la Montagne.
Le devenir de la famille d’Amable Joseph Meuris
Sa veuve Marie Ursule Belnau, continua un temps l’activité de ferblantière aidée pour cela par son premier ouvrier Hamon. Elle demanda aux autorités communales le 9 septembre 1793 qu’il soit relevé du recrutement des 3 000 hommes. Il lui fut laconiquement répondu d’adresser sa requête à la commission nommée par les représentants du peuple .107Arch. municipales de Nantes, 1 D 8 f 130 Conseil général de la commune ”vu au conseil la requète de la citoyenne veuve Meuris tendante à obtenir que le citoyen hamon son premier ouvrier ferblantier, soit excepté du recrutement des 3000 homes. Le conseil oui le procureur de la commune renvoie la requête de la citoyenne meuris à la commission nommée par les Représentants du peuple pour qu’il soit statué sur sa réclamation”
Elle perdit un autre fils le 4 octobre 1793,108archiv. municipales de Nantes – registres des naissance, décès de Louis Marie Muris( sic) enregistré l 5 octobre 1793et épousa le 20 avril suivant un horloger nommé Mathurin Le Querré demeurant lui aussi Haute-Grande-Rue.109témoins : Elie Weipert horloger de 55 ans, rue Haute Neuve, Jean Alix capitaine du 4e d’artillerie bataillon de l’Orne garnison à Nantes, Marie Jacques Hauteux ferblantier d’Ancenis, François Luc Lafaye tailleur d’habit Ad 44 1E42 f 48. Demeurant toujours Haute-Grande-Rue, elle y décéda le 11 mai 1800.110Archives de Nantes -registres de la 7e section an 8 f° 15 1 E 242Son époux, devenu veuf s’établit dans le Finistère avec ses beaux-enfants survivants.111Ilse remaria avec une dénommé Marie Françoise La Clef. avant de décéder le 1er avril 1815 à Brest.
Anne Sophie, fille d’Amable Joseph Meuris y épousa à Brest Antoine Vincent Brunelat et décéda à Paris le 16 mai 1854.112et fut inhumée cimetière MontparnasseSon frère, Frédéric François, né en 1792, fut enrôlé dans les armées Napoléoniennes, et certainement ayant hérité du courage de son père reçut la Légion d’honneur113LH//1854/13 il fut fait chevalier le 5 mars 1839. Il retourna ensuite habiter à Brest puis à Quimperlé où il épousa le 8 avril 1818, une dénommée David. Un temps horloger patenté comme son beau-père, il décéda en 1875.114 son propre fils reçut lui aussi une distinction militaire en 1866
Que devint Gabriel Noury ?
Gabriel Henri François Noury était né en 1763, fils d’un procureur fiscal devenu sénéchal de la Baronnie de Châteaugiron (Ille-et-Vilaine). Selon une note biographique le concernant, à dix-huit ans, il serait entré au 18e Régiment d’Auvergne pour un engagement de deux ans.115Souvenirs Nantais et vendéens de Francis Lefeuvre( lointain parent) ouvrage édité en 1913 à Paris (pp 88-89)note de la famille concernant Noury : »Ses études terminées, il s’engagea sur un coup de tête, au régiment d’Auvergne et fut libéré du service militaire en 1783. il vint alors se fixer à Nantes et s’occupa pendant plusieurs années d’affaires d’armement pour Saint Domingue. La Révolution survint et se fortune fut engloutie (…) » (Pourtant, lors de la vente des biens nationaux, lui et son frère Thomas achetèrent différents biens à Châteaugiron, dont un concernant le prieuré de la commune, il est à savoir qu’ils avaient deux sœurs Ursulines à Redon avant la Révolution qui refondèrent une communauté à Chateaugiron en 1803.Devenu agent de change, résidant rue au 2 Coutard à Nantes,116Archiv. Municipales de Nantes, H3 registre 1 –registre des citoyens actifs devant former la Garde nationale en exécution de la loi du 14 octobre 1791, commencé le 4 mars 1792il était lié aux intérêts des négociants nantais.117il cosigna ainsi une pétition datant du 18 janvier 1792 des citoyens et agriculteurs commerçants et manufacturiers de la ville de Nantes relative à la situation des colonies présentée à l’assemblée législative le 20 janvier 1792 -Archives parlementaires de 1787 à 1860. Première série, 1787 à 1799 ; 34-51 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k49565x)
Le 17 juin 1793, Il s’engagea comme lieutenant canonnier de la Légion nantaise,118LH2005/56 et /57 états de service/5partisan de Beysser il tua donc en duel Meuris le 14 juillet et se serait caché ensuite.119Selon les Souvenirs Nantais et vendéens de Francis Lefeuvre( lointain parent) ouvrage édité en 1913 à Paris (pp 88-89) « Un jour M. Noury mort intendant général , se prit de querelle avec un officier, très ardent jacobin, et le provoqua en duel. Il avait eu une première satisfaction, celle de le corriger rudement avec sa canne ; il eut ensuite la consolation de venger l’humanité en le tuant bel et net. Il est vrai que vivement recherché en raison de ce fait, il fut obligé, pour se cacher, de se réfugier… dans un toit à porc, où il gagna, comme il le disait plaisamment, la gale du cochon ». Une note de la famille en bas de page complète : “(…)Ce dernier ayant succombé à cette rencontre, G Noury fut obligé de se cacher, pour échapper aux poursuites du comité révolutionnaire, mais il fut arrêté et jeté dans la prison dite des Saintes-Claires, dite des grands coupables. Grâce à Forget, concierge de cette prison, il fut sauvé au moment où l’ordre était donné de faire périr les prisonniers en masse(…) »Il fut fait prisonnier le 14 septembre,120« Archives de Loire-Atlantique L876, Folio 77- registres d’écrou Sainte Claire 1e mars 1793 , 1er prairial an 2:en vertu d’ordre des représentants du peuple près l’armée des costes de Brest en date du 14 7bre présent consierge de céans vous ettes chargé du citoyen noury dont vous serez son garde jusqu’à nouvel… l’ordre du le 14 7bre 179 l’an 2 de la république française. Le présent ordre nous été représenté par le citoyen brotier qui en est resté possesseur signé Cany Mal des logis« / Son nom apparait de même dans la liste des détenus dans les prisons de Nantes 1793-an II sans autre détail que la prison Sainte-Claire (arch. municipales de Nantes I4 dossier 1et selon ses dires, il réussit à s’évader semble-t-il avec la complicité du geôlier Forget.121Chose fort étonnante, Forget étant un montagnard convaincu, président de la S.P Vincent la Montagne, et impliqué dans le procès de Carrier.
Il devint adjoint aux adjudants généraux le 4 avril 1794. Etant indiqué comme ayant “des mœurs, du caractère, de l’activité, beaucoup d’aptitude au travail« ,122Rapport et tableau des officiers généraux, adjudans généraux et commissaires des guerres qui doivent être en activité de service la campagne prochaine dans les armées de la République : présentés à la discussion de la Convention nationale au nom du Comité de salut public ([Reprod.]) / par Dubois-Cr il entama alors une belle carrière,123commissaire de guerre provisoire le 8 juin suivant et titulaire le 13 juin 1795, commissaire ordinateur le 22 décembre 1800(Base Léonore :LH//2005/56)et reçut en 1804 la Légion d’honneur. En 1808, il épousa à Rennes Marie Louise Villers et s’installa à Nantes où il fonda une famille.124Etrennes nantaises du 1 janvier 1808, état de la 12e division militaire (quartier général à Nantes) (…)”Nourry commissaire ordonnateur des guerres ”(…) Archives de Loire-Atlantique L 533- Devenu en 1813 officier de la Légion, puis fait chevalier de Saint Louis en janvier 1815.125 Base Léonore :LH//2005/56il finit sa carrière comme intendant militaire par ordonnance du 2 octobre 1817.126Feuille commerciale de Loire inférieure du 6 octobre 1817 https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ark:/42067/cece23a23ddf3c04fc791cfffe44d9a8Fait baron héréditaire par Louis XVIII, puis conseiller général du département, il décéda à Nantes en décembre 1847. Il fut dit qu’il regrettait d’avoir tué en duel Meuris, expliquant que sa seule raison était que lui était du côté de Beysser, Meuris ne l’était pas. Ainsi, pour les historiens du milieu du XIXe, il était difficile de nommer et d’incriminer ce notable du pays nantais fait baron et ayant entre autres acheté la forêt de Touffou et le château du Coing de Saint-Fiacre.
En conclusion,
Que reste t’il de ce Léonidas sans-culotte qu’était Meuris dans les mémoires collectives nantaises et révolutionnaires ? En fait, rien ou presque. Lors du centenaire de la bataille de Nantes qui fut par un concours de circonstance célébré le 14 juillet , une plaque fut inaugurée place Viarme dont le texte était le suivant :
SUR CETTE PLACE FINIT
LA VICTORIEUSE DEFENSE DE NANTES
Le 29 JUIN 179
POUR LE SALUT De LA REPUBLIQUE ET DE
LA PATRIE
A RENÉ BACO. MAIRE
BEYSSER, COMMANDANT DE LA PLACE
CANCLAUX, GÉNÉRAL EN CHEF
LES NANTAIS RECONNAISSANTS
29 JUIN 1893.
Un conseiller municipal regretta que le nom de Meuris ne fut pas cité et demanda qu’une rue soit baptisée à son nom. Cette demande fut acceptée par le maire qui indiqua que « le vœu serait accompli dès qu’il serait ouvert une grande voie nouvelle, digne de porter ce nom ».127La Révolution française : revue historique… Auteur : Société de l’histoire de la Révolution de juillet 1893 (p 190) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116301cEffectivement, Nantes possède bien une rue Meuris (petite voie donnant sur le quai de la Fosse), tout comme Nort-sur-Erdre.
Comme le soulignait Jean Clément Martin, la différence entre la légende et les faits était telle que le mythe du « Léonidas nantais » ne prit pas vraiment.128« La mort des Bleus devient pourtant, mais dans d’autres circonstances et sur un autre registre, l’occasion d’une rhétorique politique. Employée pour édifier les populations ou pour soutenir un camp dans les querelles qui opposent les groupes révolutionnaires entre eux, la mort du Bleu est célébrée dans sa forme sacrificielle. En concordance avec le discours national et dans la suite directe des grandes cérémonies organisées à Paris autour de la mort de Marat et de tous les martyrs de la Révolution , le Bleu en Vendée est présenté au moment du sacrifice suprême consenti pour le bonheur des générations à venir. (…)Mais les exemples choisis pour illustrer cette mort héroïque posent rapidement problème. Lors de l’attaque de Nantes, en juin 1793, le bataillon dirigé par le montagnard Meuris résiste à Nort-sur-Erdre aux vendéens avec tant d’acharnement qu’il est réputé décîmé à son retour. Cette « défense héroïque » par « le nouveau Léonidas » est aussitôt magnifiée, pourtant si elle a été coûteuse en vies humaines, elle n’a pourtant pas eu l’éclat de la légende qui s’est aussitôt développée. L’action restera dans les mémoires, mais ne sera pas inscrite dans la pierre(…)128MARTIN, Jean-Clément. La mort du Bleu en Vendée In : Révolution et Contre-Révolution en France de 1789 à 1989 : Les rouages de l’histoire [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1996 (généré le 02 juillet 2023).Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/17397>. ISBN : 9782753524507. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.17397. p. 69-77
De temps à autre, un article parait dans la presse locale rappelant la légende Meuris, comme dans l’édition du 16 juin 2016 de Ouest-France Citoyen Meuris, héros belge de la Révolution française faisant ainsi sortir de l’oubli ce Français d’adoption devenu un fervent montagnard, tué un 14 juillet victime d’une guerre interne entre révolutionnaires.
Bibliographie chronologique et non exhaustive sur Meuris et l’affrontement de Nort-sur-Erdre.
- Premier bataillon départemental de la Loire-Inférieure (15 mars 1793-17 août 1793) article d’A. Velasque paru dans le bulletin de 1911 des Annales de la société académique de Nantes et de la Loire Inférieure
- ÉTUDES SUR LA TERREUR A NANTES: Carrier, Le Comité Révolutionnaire et la Société Populaire Vincent-la-Montagne A. VELASQUE Revue historique de la Révolution française Vol. 15, No. 43 (Juillet-Septembre 1923),
- Jean BOURGEON et Philippe HAMON, L’insurrection de mars 1793 en Loire-inférieure, Nantes histoire https://www.nantes-histoire.org/video/MARS93.pdf
- Yannick Guin, La bataille de Nantes, 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest, Siloë, 1993
- Allons Enfant de la patrie : l’engagement des nantais dans la défense nationale et révolutionnaire et sa portée politique (1791-1793) article de Samuel Guicheteau, Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne. SHAB, vol 87, 2009 (07/2009)
Notes
- 1Léonidas, roi de Sparte qui en 480 avant J.C s’opposa héroïquement, lors de la bataille des Thermopyles, au roi de Perse. Ainsi en 1857, Prosper Levot dans Biographie bretonne, recueil de notices sur tous les Bretons qui se sont fait un nom, indiqua « nouveau Léonidas qui avait fait de Nort les Thermopyles nantaises » (Google book p 473)
- 21806, Paris, Giguet et Michaud. Informations reprises par Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles dans son Dictionnaire historique et biographique des généraux français, depuis le onzième siècle jusqu’en 1820, 1820, note de la page 39 .
- 3De la mi-1852 à octobre 1853, il y vécut dans la propriété de la Haute-Forêt, proche du boulevard qui porte aujourd’hui son nom.
- 4Notons que ce dernier, dans un passage de son histoire de Nantes (1839, Nantes, P. Sebire) déclara que Meuris fut tué à cette bataille de Nort-sur-Erdre (p 446).
- 5S’appuyant sur les renseignements fournis sur l’acte de décès, puis de mariage de ce ce dernier, il écrivit ainsi plusieurs fois à une société historique de Belgique. Bulletin de la Commission royale d’Histoire, Compte-rendu de la séance de la commission du 7 novembre 1853, Deuxième Série, Tome 5, 1853. pp. 384. www.persee.fr/doc/bcrh_0770-6707_1853_num_21_5_3104 : “M Michelet écrit au secrétaire que, dans le tome VI de son histoire de la Révolution, il a donné tous les renseignement qu’il a pu recueillir sur Amable Meuris, ‘né à Russelaert et citoyen de Tournai , le vrai sauveur de Nantes en 93, celui de l’Ouest et de la France Peut-être, dont le destin dépendait de celui de Nantes’. M Michelet ajoute ‘son acte de mariage, que nous avons ici, a donné ce détail’. On avait supposé d’après les lettres précédentes de M. Michelet, qu’Amable Meuris était né à Tournay : ce serait donc Roulers qui maintenant pourrait revendiquer l’honneur de lui avoir donné le jour”
- 6Citons entre autres Biographie universelle ancienne et moderne, ou, Histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes de Joseph François Michaud en 1811 et Biographie bretonne : Recueil de notices sur tous les bretons qui se font fait un nom de Prosper Jean Levot en 1852, ainsi que ce passage du dictionnaire historique des batailles, sièges et combats de terre et de mer qui ont eu lieu pendant la révolution française : »Nort n’avait pour sa défense que le troisième bataillon de la Loire-Inférieure; cette poignée de braves, commandée par Meuris, soutint pendant douze heures le feu continuel de l’avant-garde des royalistes. D’Elbée, étonné d’une aussi longue résistance, commençait à perdre courage, et, croyant avoir à combattre une armée entière, allait donner le signal de la retraite, lorsqu’une femme échappée de Nort vint lui assurer que ce poste n’était défendu que par quatre cents hommes. A cette nouvelle, d’Elbée fait recommencer l’attaque et donne lui-même l’exemple du courage. Il y fit des prodiges. Réduits à cinquante hommes, les républicains évacuèrent le poste et emportèrent avec eux leurs drapeaux; dix-sept de ces braves seulement purent rentrer à Nantes. Cette glorieuse résistance, à laquelle d’Elbée était loin de s’attendre, retarda sa marche et donna au général Canclaux le temps de faire arriver un convoi de vingt-cinq milliers de poudre, et de six millions de cartouches, sans lequel il eût été impossible de se défendre« ; ou celui de Jules-Édouard Alboize de Pujol, Faste des gardes nationales de France, Goubaud et L. Oliver, 1849 , p 184 : « Un ferblantier de Nantes, nommé Meuris, était lieutenant-colonel de ce bataillon. Avant l’attaque, il fait former le cercle pour donner lecture à ses soldats d’une lettre du Comité central qui lui recommandait de défendre son poste jusqu’à la dernière extrémité; puis, saisissant le drapeau d’une main et brandissant de l’autre son épée, il s’écrie « Frères, jurons de mourir pour l’honneur de notre drapeau et pour sauver la République -Nous le jurons répondent tous les volontaires avec enthousiasme. Vive la République ». Pendant douze heures ces braves se maintinrent dans le bourg de Nort, que ne protégeait aucun ouvrage; mais les assauts consécutifs qu’ils avaient eu à repousser pendant la nuit les avaient réduits considérablement; quand vint le jour, ils étaient quarante! Alors Meuris, se voyant dans l’impossibilité de défendre plus longtemps son poste, ordonna la retraite, et l’héroïque débris du 3e bataillon de la Loire-Inférieure rentra à Nantes avec son drapeau criblé de balles et de mitraille ».
- 7Premier bataillon départemental de la Loire-Inférieure (15 mars 1793-17 août 1793) article d’A. Velasque paru dans le bulletin de 1911 des Annales de la société académique de Nantes et de la Loire Inférieure
- 8Ce fut souvent ainsi qu’à l’époque la bataille de Nantes fut nommée
- 9Il était le dernier enfant de Jean-Baptiste Meuris (aussi Meurisse, Meurice…) et de Marie-Caroline Duwaut qui s’étaient mariés dans la même paroisse le 27 février 1748. Les parrain et marraine d’Amable Joseph étaient Jean-Baptiste Duwaut et Geneviève Meuris – Archive de l’état de Belgique, registres paroissiaux de Russeignies (Mont de l’Enclus), paroisse Saint Amant, registre des actes de baptême du 17 juillet 1747 au 11 décembre 1781 f°12
- 10Arch. municipales de Nantes paroisse Saint-Deis- BMS 1784 -Acte de mariage à Nantes le 13 juillet 1784 (f°12)
- 11Celui qui fait, qui vend des ustensiles de fer-blanc
- 12Arch. municipales de Nantes H 1 C 17, “(…) Supplie humblement Joseph Meuris md ferblantier disant qu’il désirerait faire poser une enseigne au devant de la maison qu’il occupe que ne pouvant le faire sans permission à l’honneur de le requérir (…)
- 13Samuel Guicheteau dans son article Allons enfants de la patrie: l’engagement des Nantais dans la défense nationale et révolutionnaire, et sa portée politique (1791-1793) paru dans Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne. SHAB, vol 87, 2009 (07/2009) indique note 99 p 214 « Selon une enquête menée par l’intendance, une bonne partie des maîtres ferblantiers nantais sont « assez pauvres » (ADIV C 1447, état de la situation des corps d’arts et de métiers, 1750-1755?) (…) »
- 14Archives Loire-Atlantique -B 3525 f° 16 payant trois livres de capitation en 1788
- 15Archives municipales de Nantes -h3 registre 1 registre pour l’inscription des citoyens actifs devant former la garde nationale, en exécution de la loi du 14 octobre 1791 commencé le 4 mars 1792 – « inscrit n° 355- Joseph Meuris ferblantier- 21 ans né à Tournay en hainau résidant haute grande rue n°11 marié »
- 16Les enfants du couple furent baptisés dans cette même paroisse de Saint-Denis, excepté le dernier qui en 1792 le fut paroisse Saint-Pierre. Joseph André, baptisé le 14 mai 1785 ,décédé au village de la Gogueterie à l’âge de 16 mois, inhumé paroisse Saint-Similien le 14 octobre 1786 ; Marie Perrine Josèphe, née le 11 janvier 1787 et décédée le 28 septembre 1788 ; Anne Sophie née 8 janvier 1788 (aucune trace trouvée de son décès) ; Pierre Amable Joseph né le 13 janvier 1789 et décédé le 25 décembre 1789 (registres de Saint-Similien pour la sépulture) ; Amable Urbin né le 27 février 1790 et décédé 4 décembre 1791 (registres Cathédrale Saint-Pierre pour la sépulture) ; Louis Marie le 5 avril 1791, François Frédéric le 3 février 1792 baptisé paroisse Saint-Pierre
- 17Archives municipales de Nantes service éducatif, Les citoyens-militaires – la garde nationales de Nantes (1789-an II), par François Macé- 1993
- 18Affiches de Nantes et du département de la Loire-Inférieure du 25 février 1792 (p 129) disponible dès la Saint Jean et décrite ainsi : boutique, arrière boutique, deux celliers, plusieurs soupentes, deux chambres au premier étage, grenier
- 19au numéro 11 selon le registre des citoyens actifs devant former la Garde nationale en exécution de la loi du 14 octobre 1791, commencé le 4 mars 1792 (Arch. Municipales de Nantes, H3 registre 1)
- 20Régulièrement paraissaient dans les affiches de Nantes des annonces d’appartements à louer au dessus de « M. Roussel Ferblantier, dans la haute-rue, à l’entrée de celle de Beau-Soleil”
- 21Quatrième sur une liste de dix neuf buralistes indiquée dans les Etrennes du commerce du 1er janvier 1792 – https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ark:/42067/69731f5c422dface8709d370e989c70e. Il est alors indiqué habiter le 8 de la Haute Grande Rue.
- 22Archives Loire-Atlantique- L 663. / On trouve aussi trace d’une dénonciation datée du 9 juin 1791, adressée par le sieur Meuris, ferblantier, au comité secret de la Société des Amis de la Constitution séante à l’Église Saint-Denis22Premier bataillon départemental de la Loire-Inférieure (15 mars 1793-17 août 1793) article d’A. Velasque déjà cité
- 23Etrennes nantaises du 1er janvier 1793 https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ark:/42067/5d595c8f3704fb7c97aad00c0534d77e (p 89)
- 24Lire à ce propos, sous la direction de Jean Bourgeon et Philippe Hamon, L‘insurrection de mars 1793 en Loire-inférieure, Nantes histoire https://www.nantes-histoire.org/video/MARS93.pdf
- 25Archives de Loire-Atlantique- L88, de Jean Conrad Wieland « (…)Les rebelles s’étant rendus maîtres de tous les débouchés et passages tant par terre que sur la rivière, étant en forces considérables, il serait imprudent de tenter une sortie… rapport à l’étendue de terrain qu’il faudrait embrasser… il fallait à présent se borner à faire de fortes patrouilles dans les environs de la ville(…) »
- 26comme O’Sullivan aîné, capitaine de la 3e compagnie, Lambertye sergent…ayant ensuite servi Carrier.
- 27Lire sur la carrière de Martin l’article d’ A. Velasque, l’occupation Militaire du châteaux d’Aux à l’époque révolutionnaire, bulletin de la société archéologique et historique de Nantes, 1923, tome 63
- 28Dans l’état du bataillon en date du 16 mai 1793, plusieurs volontaires sont notés s’être enrôlés dès le 12 mars (Archives de Loire-Atlantique- L544)
- 29« En vue d’expéditions futures dans le département, quand les premiers objectifs auront été atteints, on charge le citoyen Meuris de constituer un bataillon soldé, bien équipé et entraîné, capable de combattre comme une troupe de métier » Article de Jean Bourgeon, Mars 1793 à Nantes, Chronique d’une ville en état de siège de l’ouvrage collectif l‘insurrection de mars 1793 en Loire-inférieure,
- 30Archives départementales L 544
- 31Archives de Loire-Atlantique L533 Défense de Nantes -Comité d’exécution- ordre de Service – 1793 plusieurs notes du bureau d’exécution permettant la fourniture de cent vingt fusils avec baïonnettes, fourreaux et bretelles de fusils le 19 ; de cent cinquante fusils et trois cents gibernes, deux cents bretelles de fusils, un millier de pierres à fusil, deux caisses et porte caisses le 21 mars
- 32« L’arche Gobert est le pont qui enjambe le ruisseau Gobert, sur la paroisse de Mauves »- Cahier de plaintes et doléances de Loire-Atlantique, éditions du conseil général de Loire Atlantique, 1989, tome 3 p 931
- 33Archives de Loire-Atlantique actes du Comité central du 30 mars 1793
- 34Ad 44 L544
- 35Ces faits furent indiqués par le rapport de l’aide de camps Arreaux envoyé par le Comité central le 23 avril et qui retranscrit le compte-rendu de Meuris (Archives de Loire-Atlantique L 544). « Aubinet, second de Meuris avait indiqué ce 22 avril au Comité central que les républicains avaient repris Champotceaux , et que grâce à deux compagnies qui sous les ordres de Meuris avaient traversé la Loire s’étaient emparés de grains qui devaient arriver par la Loire escorté par deux bateaux armés » (article de Velasque p 199)
- 36(un dénommé Bondot volontaire grenadier dans un lettre du 22 juin indiqua “que le 22 avril présente année il a reçu un coup de feu à l’oeil gauche à Chantoceaux.” ; et un canonnier Caillaud y décéda selon un certificat de l’adjudant général de la Garde nationale de Nantes Dufeu présenté au conseil du département le 3 juin dans le but de l’obtention d’une pension).
- 37Notons que le 24 avril le capitaine Archambaud du poste de Mauves sur Loire indiquait que beaucoup de volontaires du bataillon étaient malades dont certains devaient retourner se faire soigner à Nantes.
- 38natif du Pellerin d’un capitaine de navire, élève puis professeur au collège de l’Oratoire, élu député à la Convention de la ville de Nantes et ami pendant un temps de Robespierre
- 39Archives de Loire-Atlantique L 533 Défense de Nantes -Comité d’exécution- ordre de Service – 1793
- 40Archives de Loire-Atlantique L 40 procès verbaux du Conseil du département f°95
- 41A la différence de la Garde nationale nantaise composée de bourgeois équipés à leurs propres frais, des équipements devaient le plus souvent être fournis aux enrôlés des bataillons départementaires
- 42AD 4 L
- 43Archives de Loire-Atlantique L 533 siège de Nantes- comité central Extrait du Registre du Comté Central des corps adminstratifs de la ville de Nantes du quatroze may mil sept cent quatre vingt treize, l’an 2 de la République Vu l’état de situation du premier bataillon départementaire certifié en date du treize may présent mois, par le citoyen Meuris premier Lieutenant colonel et commandant du dit bataillon, duquel il résulte que l’effectif de ce bataillon est de Six cents hommes. Scavoir état major onze, grenadier cent trente-quatre, première compagnie quatre vingt quinze, deuxième compagnie cent neuf, troisième compagnie cent sep, quatrième compagnie, quatre vingt seize, canonnier quarante huit ; Le comité central considérant que si l’effectif porté dans la revue du commissaires du neuf may, n’est que de cinq cent soixante quinze hommes, le bataillon s’est depuis cette époque recruté et port son complet à Six cents hommes, suivant l’état certifié du 13 may. Considérant que ce bataillon est depuis longtemps requis par le général Canclaux et doit par conséquent payé par le département de la guerre et sur la caisse du payeur général pour la solde ordinaire, la seule addition ou supplément de solde devant être au compte du bureau de comptabilité du département de Loire-inférieure. Arrête qu’à compter du quinze de ce mois, le citoyen Poupard quartier maitre trésorier se pourvoira pour sa solde ordinaire et les rations de fourrages vers le commissaire générale des Guerres de l’armées des Côtes et pour le Supplément de solde vers le comité central du corps administratif, à l’effet de quoi l’état de l’effectif dudit bataillon (…)
- 44« Arch. municipales de Nantes – 1 D 7 f° 187
- 45Article de Samuel Guicheteau, Allons Enfant de la patrie : l’engagement des nantais dans la défense nationale et révolutionnaire et sa portée politique (1791-1793) (p 216) : « Néanmoins, le motif de la pétition signale encore la grande importance des motifs sociaux, ce qui témoignerait de l’appartenance de ces soldats au peuple, mais probablement pour une bonne part d’entre eux, à des couches plus aisées que le monde ouvrier. Ainsi l’engagement militaire dans la défense révolutionnaire ne masque pas la question sociale. Mieux, à la suite de l’émergence de l’égalitarisme et de focalisation sur la question frumentaire lors de l’été 1792, la pétition des volontaires du bataillon Meuris révèle l’association profonde, dans la conscience de ces défenseurs de la Révolution, de la question sociale et de l’idéologie républicaine. Ainsi ce bataillon apparaît comme un creuset de la sans-culotterie nantaise. »
- 46Samuel Guicheteau, La révolution des ouvriers nantais, mutation économique, identité sociale, et identité révolutionnaire (1740-1815), Presses universitaires de Rennes, 2008 (…)Cependant , elle (la mairie) se heurte à l’opposition à l’opposition de partisans de la Montagne. En effet, un noyau de sans-culottes s’est progressivement constitué dans les les clubs radicaux et la Garde nationale(…)..Si la municipalité renonce à son adhésion au fédéralisme, elle s’emploie à réorganiser la Garde nationale pour l’épurer de ses éléments avancés : elle ordonne dissolution du bataillon « départementaire » commandé par le maitre ferblantier Amable Joseph Meuris, réputé sans-culotte et suscite la création d’un corps bourgeois et girondin, la Légion nantaise(…)
- 47Archives de Loire-Atlantique L 598 Garde nationale de Nantes
- 48« le détachement prolétaire qui, sous les ordres du ferblantier Meuris, guerroie depuis plusieurs semaines entre Nantes et Anceni, proteste énergiquement et entraine les gardes nationaux de Nantes » (Yannick Guin, La bataille de Nantes, 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest, Siloë, 1993) p 61
- 49Archiv. municipales de Nantes – 1D7 f°196
- 50Archives de Loire-Atlantique – L40 f°103 délibérations du conseil du département : « Le conseil du département , oui le procureur général syndic, considérant Combien il est important en ce moment que la Solde des Gardes nationaux n’éprouve aucun retardement, arrête que le payement continuera d’acquitter la datte solde comme par le passé, sans avoir égard aux arrêtés mis en leur mains »
- 51Yannick Guin, La bataille de Nantes 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest, Siloë, 1993 p 62
- 52Déjà le 12 juin, plusieurs jeunes gens de plusieurs bataillons nantais avaient émis le souhait de s’organiser en légion ou bataillons- Archiv. municipales – 1D7 f°197
- 53Archives municipales de Nantes service éducatif, Les citoyens-militaires – la garde nationales de Nantes (1789-an II), par François Macé – 1993 (p 14) :« Conscients du risque politique posé par l’armement des Montagnards et des Sans-Culottes, les Jeunes Gens se transforment en corp permanent et créent, à l’initiative de Coustard le 14 juin, la Légion nantaise«
- 54Caserné dans les bâtiments de l’ancienne communauté religieuse du Calvaire (Archiv. municipales de Nantes, registre de délibération du du conseil général de Nantes en date du 18 juin, et recevant des fournitures – 1D8 f°108
- 55cette formation sera utile autant à la défense militaire qu’à la défense « militaire » de ce « régime girondin » qui entend damer le pion aux montagnards et à la convention ». Yannick Guin, La bataille de Nantes 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest, Siloë, 1993
- 56Archives municipales de Nantes 1D8 f°4 du 22 juin
- 57Allons Enfant de la patrie : l’engagement des nantais dans la défense nationale et révolutionnaire et sa portée politique (1791-1793) article de Samuel Guicheteau, Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne. SHAB, vol 87, 2009 (07/2009) note 114 p 217:« le club Saint-Vincent a été tout aussi important dans la défense de Nantes que celui du maire girondin Baco : en effet les partisans locaux de la Montagne, emmenés par Jean Jacques Goullin, futur chef du comité révolutionnaire, ont contraint la municipalité à renoncer à son adhésion au fédéralisme et ont galvanisé les énergies en appelant à la fraternisation des républcains. »
- 58Archives municipales de Nantes – 1D 7 f° 198)
- 59(Ad 44 – L544 bataillon des volontaires – lettres du commandant Meuris)
- 60» A trois lieues de Nantes et l’Arche-Gobert où est le premier poste de Nantes à Angers , mais elle est poste et demy(1). Il y a une montée et une descente extremmement rapides et forte longue. De l’Arche-Gobert, il y a deux lieues à Oudon( …) (1) c’est à dire que la distance entre Nantes et Arche-Gobert dépasse de moitié » la distance qu’il y a ordinairement entre deux relais ». Renseignements extraits du journal de son premier voyage à Paris en 1757, de Jean-Baptiste Rousseau, sieur de L’isle de Bouin (Revue du Bas Poitou-1913 p 331
- 61Archives de Loire-Atlantique – L 544 Lettre du 16 juin de Meuris aux administrateurs et membres du comité Central de la ville de Nantes au département à Nantes (sic)
- 62SHD – B 5/14-35 Correspondance armé des côtes de Brest -mai – août 1793-ourrier du 19 juin du général Canclaux
- 63Archiv. municipales de Nantes 1D8 f°1
- 64SHD – B 5/14-35 Correspondance armé des côtes de Brest -mai – août 1793-ourrier du 19 juin du général Canclaux
- 65Yannick Guin, La bataille de Nantes, 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest. (p 70)« (...) les volontaires de Meuris galvanisés par leur chef, sont appelés à retarder le plus qu’il pourront l’avance des Vendéens dans cet espace qui s’étend de la Loire à Nort sur-Erdre.«
- 66Velasque opte pour le 20 juin : « A la date du 20 juin se trouve au livre de correspondance du Comité central la note suivante, envoyée aux administrateurs du département du Finistère : »Le poste de Nort s’était replié mais le lendemain, le général l’a fait occuper. Il a actuellement une bonne garnison. » Cette date du 20 juin doit donner celle de l’occupation de Nort par Meuris elle reporte également à celle où Çanclaux forma le camp de Saint-Georges, entre Nantes et Saint-Joseph-de-Portrie. Nous le répétons, ces mouvements de troupes étaient fâcheux à la veille d’un engagement, étant donné le peu d’entraînement des volontaires dont on disposait »
- 67Archives de Loire-Atlantique – L 96
- 68Yannick Guin, La Bataille de Nantes : 29 juin 1793, un Valmy dans l’Ouest, Laval, Siloë, 1993, p 82
- 69Hors, cotes d’archives, les renseignements sur la bataille sont repris de l’article d’A Velasque, Premier bataillon départemental de la Loire-Inférieure (15 mars 1793-17 août 1793) paru dans le bulletin de 1911 des Annales de la société académique de Nantes et de la Loire Inférieure ; et de l’ouvrage de Yannick Guin, La bataille de Nantes, 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest.
- 70Archives de Loire-Atlantique – L 544 dossier Poupard, lettre de ce dernier demandant le remboursement de ses biens personnels pris par les brigands lors de la bataille de Nort.
- 71Ad 44 L 285 district de Nantes, affaires sanglantes de Nort les les 11 mars et 28 juin 1793 Lettre adressée au citoyen Soreau civil près le district et autres administrations à Blain
- 72Archives de Loire-Atlantique L 285 district de Nantes, affaires sanglantes de Nort les les 11 mars et 28 juin 1793
- 73Ad 44 – L 544 bataillon Meuris, lettre du 26 juillet
- 74lettre écrite le 2 juillet à Nantes et publiée aux Affiches de Nantes et de Loire-inférieure le 3 juillet 1793, une copie quais identique fut adressée au Ministre de la Guerre-SHD – B 5/96
- 75Ad 44 – L89 Séances du comité central du 29 juillet 1793
- 76« En arrivant à Nantes, les soldats de Meuris, assoiffés par une course précipitée du plus de huit lieues, entrèrent chez Girard, marchand de vins, où ils consommèrent une barrique de vin de là la note suivante trouvée aux archives départementales (ventes de récoltes). « Il y a lieu de déduire (d’un compte de 1607 livres) « quatre vingt treize livres, prix d’une barrique de vin » adjugée au citoyen Girard, et qui a été consommée par la » troupe de Meuris revenant de Nort, après la prise de ce » poste. » Velasque
- 77Ad 44 – L285 district de Nantes – affaires sanglantes de Nort les 11 mars et 28 juin 1793
- 78Yannick Guin, La bataille de Nantes, 29 juin 1793 un Valmy dans l’Ouest. p 101
- 79Ces hommes étaient répartis de la façon suivante : onze dans l’état-major ; cent trente-quatre grenadiers ; quatre-vingt-quinze dans la 1ere compagnie, cent neuf dans la seconde ; cent sept dans la troisième ; quatre-vingt-seize dans la 4e et quarante-huit canonniers.
- 80Ils sont répartis de la façon suivante : six de l’état-major ; trois capitaines ; quatre lieutenants ; quatre sous-lieutenant ; huit sergents ; vingt-et-un caporaux ; six fourriers ; trois tambours ; et deux-cent-quarante-deux grenadiers, fusiliers et canonniers, chiffre confirmé d’après la revue des commissaires des guerres. Parmi ces deux-cent-quatre-vingt-dix-sept hommes, quelques malades ou blessés sont indiqués étant soit chez eux, soit à l’hôpital
- 81« (…)notre position s’aggrave à chaque instant, hier pendant que nous visitions nos avant-postes vers Ancenis et que nous nous portions beaucoup au delà pour reconnaitre les chemins où notre avant garde pouvait être tournée, les rebelles sont tournés sur le faubourg de Nantes qui est au delà des ponts, et ont en même temps attaqués la ville de Nord , de l’autre côté : cette ville a été prise ce matin après un combat de 14 heures, dans lequel il parait par plusieurs rapports qui nous ont été faits que nous n’avons perdus que 5 à 6 hommes. C’est le manque de munitions qui a forcé le poste à céder à une masse d’hommes infiniment supérieure (# note à la marge et à une cavalerie assez nombreuse), les secours qu’on lui avait envoyés ne sont pas arrivés assez tôt(….) (Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense (Vincennes) Correspondance Armée des Côtes de Brest Mai-août 1793 SHD – B 5/14-38 : 28-29 juin 1793- Nantes : les représentants Merlin et Gillet avertissent la Convention : l’ennemi a pris Nort, au nord de Nantes, que le général Canclaux va s’efforcer de reprendre »
- 82Ad44 – L398 dès le 1er juillet : Marie Bizien, femme de Claude Legrand, cordonnier, sergent de la 4e compagnie du bataillon départementaire ; Marie Martineau femme de Louis Provost, teinturier sergent de la 4e compagnie du bataillon départementaire ; Angélique Ballac femme de Jean Ferron tailleur, sergent de la 3e compagnie ; Anne Le Brisse, femme de Jean-Marie Anscaire, serrurier, caporal de la 4e compagnie ; Magdeleine Fourgon femme de Jean Raffegeau sabotier, sergent 4e compagnie , Renée Secretin femme de Guillaume Robert, tisserand, sergent des grenadiers dans le bataillon départementaire ; Pauline Chever femme de Jean Pouliard, tailleur, fusilier de la 2e compagnie ; Anne Le Batonnier femme de François Marcou, caporal des grenadiers ; Jeanne Picot femme de Julien Martin, marchand quincaillier, volontaire du 4e bataillon ; les enfants de Pierre Moreau, marchand de tabac, caporal compagnie de Savoye (officier du bataillon Meuris) du 1er bataillon départementaire; Louise Bain femme de Jean Charles Grandain, charron, fusilier de la compagnie de Savoye du 1er bataillon départementaire, Louise Fortin femme de Maurice Ladelle cloutier fusilier compagnie de Savoye du 1er bataillon départemantaire ; Françoise Hurlan femme de Jean Fournal, marchand forain, grenadier au 1er bataillon, Louise Besnard femme d’Antoine Dezieux, fondeur, grenadier au 1e bataillon ; Catherine Massin femme de Denis Mourit colporteur, caporal dans la 1ère compagnie du 1er bataillon ; Renée Silmi femme de Germain Beauchêne, cordier, fusilier à la compagnie Savoye du 1er bataillon départemantaire ; Françoise Gillau femme de René Duverger, peintre en bâtiment, fusilier de la compagnie de Savoye du 1er bataillon ; Marie Piloquet femme d’Henri Denis, caporal au 1er bataillon départementaire, compagnie Archambaud ; Marie Jeanne François femme de Jean Dozizon, colporteur, fusilier du 1er bataillon départementaire, de la compagnie de Savoye ; Jacques Marcon, manœuvre, grenadier au 1er bataillon départementaire ; Anne Tanguy, femme de Jean Viau, tonnelier, canonnier au 1er bataillon départementaire ; Anne Desnos, femme de Sébastien Beitz fripier, sergent à la 2e compagnie du 1er bataillon départementaire ; Thérèse Blanchet femme de Guillaume Lamberty, menuisier, lieutenant des canonniers ; Anne Badier veuve de Gabriel Hilereau dont le fils Gabriel fusilier 1er bataillon compagnie de Savoy ; Anne Lebrun femme caporal (grenadier à ?) du bataillon départementaire ; Nicole Dupa femme de Louis Giron, cordonnier, fusilier du 1er bataillon départementaire ; Jeanne Gicquiau femme de Guillaume Pradon, marchand, fusilier du 1er compagnie 1er bataillon départementaire ; Julienne Tual femme de de Jean Berthaud, manœuvre dont son unique soutien son fils René Berthaud du bataillon départementaire ; Marie Retof femme de Jean Tarnard , marchand de parapluie ; Jeanne Bodin veuve de de Pierre Turpin, paveur dont le fils était grenadier 1er bataillon départementaire ; Anne Diot femme de Clavier fusilier au bataillon départementaire ; Georgine Poulain veuve de Pierre Lucas dont le fils était sergent des grenadiers ; Mathurine Rochet femme de Mathurin Avelinier, boulanger marin “dont le fils Pierre Aveinier fusilier au bataillon de feu Meuris a été fait prisonnier par les rebelles à l’affaire de Nord ». Aides concernant les veuves et mères de décédés : Perrine Guillard veuve de Sébastien Rouans dont le fils François Rouanne volontaire au bataillon départementaire est fait prisonnier ou tué ; Perrine Violain femme de René Pavot, cloutier, fusilier dans la 2e compagnie du bataillon départemantaire ; Jean (sic) Gallais veuve de de Jean Olivier Mossion, fusilier dans la 3e compagnie ; Marie Caillet veuve de François Baillet “dont le fils volontaire de la 4e compagnie du bataillon départementaire est décédé par une suite de fatigue«
- 83AD44 L544 « citoyen Heurtin Caporal mort à la malheureuse affaire de Nort, citoyen Soulis mort, citoyen Jannisnneau prisonnier, citoyen Clavier prisonnier, citoyen Maillet père, citoyen Maillet fils prisonniers, citoyen Jean Loisselle Mort, Citoyen Cavallon revenu depuis quelques jours »
- 84« Prevot, Denis Mourot
- 85Yannick Guin, La Bataille de Nantes : 29 juin 1793, un Valmy dans l’Ouest, Laval, Siloë, 1993,
- 86Archives municipales de Nantes service éducatif, Les citoyens-militaires – la garde nationales de Nantes (1789-an II), par François Macé- 1993 (p 13): « (…)et le premier bataillon, placé sous le commandement du ferblantier Meuris, va particulièrement s’illustrer sur la Loire et surtout à Nort-sur Erdre en juin. Mais composé de volontaires, il regroupe autour de son commandant les républicains les plus proches de Montagnards et des Sans-Culottes. Au début juin et surtout en juillet ce bataillon s’oppose aux autorités nantaises qui condamnent les Montagnards et les Sans-Culottes(…).
- 87(…) Certes l’acte de Beysser est un acte presque isolé puisque seuls parmi les militaires, son aide de camp Kerversei et le sous-commandant temporaire de la ville de Nantes Boisguyon adhèrent les jours suivants à l’arrêté. Cependant Beysser est soutenu par ses troupes et une rupture plus violente est à envisager. De plus, au nom de ses principes de militaire : obéissance et discipline, Canclaux estime qu’il faut tenter de régler le conflit qui l’oppose à Beysser ; tenter de le raisonner ; le ramener dans le droit chemin c’et-à-dire au sein de l’armée qui ne doit obéir qu’à la loi et donc à la Convention. Les représentants Merlin de Douai et Gillet sont du même avis.(…)[/mfn]
Par précaution, Canclaux s’était déplacé à Ancenis, et de là il essaya de lui faire entendre raison. Dans un premier temps, il fut aidé pour cela, par les deux représentants de la Convention, Merlin de Douai et Gillet, eux aussi à Ancenis. Les trois lui demandèrent de se rétracter de l’arrêté du 5 qu’il avait signé “étourdiment ».87(Françoise Nicolli, Gloire et infortune d’un général républicain méconnu: Jean-Michel BEYSSER (1753-1794), mémoire de maitrise p 76 « (…) Certes l’acte de Beysser est un acte presque isolé puisque seuls parmi les militaires, son aide de camp Kerverseu et le sous-commandant temporaire de la ville de Nantes Boisguyon adhèrent les jours suivants à l’arrêté. Cependant Beysser est soutenu par ses troupes et une rupture plus violente est à envisager. De plus, au nom de ses principes de militaire : obéissance et discipline, Canclaux estime qu’il faut tenter de régler le conflit qui l’oppose à Beysser ; tenter de le raisonner ; le ramener dans le droit chemin c’et-à-dire au sein de l’armée qui ne doit obéir qu’à la loi et donc à la Convention. Les représentants Merlin de Douai et Gillet sont du même avis(…) »)
- 88Ad 44 L 96 – 9
- 89Françoise Nicolli, Gloire et infortune d’un général républicain méconnu: Jean-Michel BEYSSER (1753_1794) , mémoire de maitrise pp77-79
- 90Archives de Loire-Atlantique 44 L352 procès-verbaux des fêtes 1793-an2, séance publique des corps administratifs de la ville et du Comité central du 13 juillet 1793
- 91Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense (Vincennes) Correspondance du général Beysser, commandant à Nantes, 27 juin-13 juillet 1793, 1er-20 sept. 1793 (f°1 à 14),27 juin-10 juillet 1793( -f° 3)(dernière correspondance de juillet du général , phrases biffées)
- 92Archives de Loire-Atlantique L 40 délibérations et arrêtés du conseil du département en date du 14 juillet.
- 93Yannick Guin, La Bataille de Nantes : 29 juin 1793, un Valmy dans l’Ouest, Laval, Siloë, 1993, pp 134-135 ; Archives municipales de Nantes service éducatif, Les citoyens-militaires – la garde nationales de Nantes (1789-an II), par François Macé- 1993 p 17 ; Françoise Nicolli, Gloire et infortune d’un général républicain méconnu: Jean-Michel BEYSSER (1753-1794), mémoire de maitrise p 77 “
- 94Archiv. municipales de Nantes, registre civil 1E26 section Marat et sans culottes vue 29. Sur son acte de décès, il est indiqué qu’il avait 35 ans et était natif de Tournon en Autriche, témoin Louis Simon Thibault cirier de 33 ans et Jean Charles Mailliet négociant
- 95Camille, Mellinet, La commune et la milice de Nantes, volume 7, Nantes imprimerie Mellinet, mars 1842, p 331
- 96(…) »Cet évènement jette la consternation et la haine. Plus question pour les putschistes de l’emporter ce jour-là, ils se heurteraient à la furie populaire. (…) » Yannick Guin p 137
- 97Ad 44 L89″
- 98Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense (Vincennes) Correspondance Armée des Côtes de Brest Mai-août 1793SHD B 5/14-54
- 99à l’automne 1793, plus d’une centaines de notables modérés nantais furent arrêtés, emprisonnés un temps dans la ville, ils furent emmenés à pairs pour y être jugés. Après une longue marche entrainant la mort des plus faibles, ils arrivèrent au nombre de cent-dix à paris. Mais thermidor étant passé, lors de leur jugement la situation se retourna et provoqua la chute de Carrier et de nombreux membres de l’ex comité révolutionnaire de Nantes. Les cent dix furent acquittés
- 100tristement célèbre lors de noyades de Nantes, lire à son sujet l’article Agathe Gingreau, la “Brigande” survivante des prisons de Nantes sur ce blog
- 101Vélasque, A. “ÉTUDES SUR LA TERREUR A NANTES: Les Procès de Carrier et Du Comité Révolutionnaire de Nantes.” Annales Historiques de La Révolution Française, vol. 1, no. 6, 1924, pp. 545–57. JSTOR, http://www.jstor.org/stable/41923429. « O’Sullivan capitaine du bataillon Meuris répétant le mensonge de l’hécatombe patriotiques de ses compagnon d’armes à Nort »/ Velasque « J’étais incorporé dans un bataillon qui a beaucoup souffert, qui a fait preuve de vaillance, qui n’a cessé d’être poursuivi et maltraité et qui a été réduit de six cents à quarante. »
- 102“concitoyen la mort malheureuse de mon commandant Meuris me laissant à la tête du bataillon départementaire dont l’état major a été formé chez vous ; mais ne me sentant pas les facultés nécessaires pour être commandant en chef, et d’ailleurs n’ayant pas le temps de m’occuper du recrutement du bataillon, chez moi tant étant essentiellement necessaire que je rentre chez moi tant pour affaire de famille que de commerce(…) » la seconde lettre datant du 16 juillet “concitoyen, je ne peux pour donner ma démission que m’adresser à ceux qui m’ont nommé, en conséquence c’est donc à vous puisque c’est vous qui avait convoqué les chefs de bataillons qui m’ont nommé. Je persiste dans mes intention et vous salue fraternellement (le 1er courrier est adressé à Piter Deurbroucq chef de la première légion de la garde nationale ; et la seconde au commandant général de la garde nationale) Archives de Loire-Atlantique L 544
- 103Notons qu’une note concernant ces remboursement fut souvent reprise comme la non reconnaissance envers ce bataillon, n’ayant été payés que de chemises et chaussures en reconnaissance de leurs actes héroïque.
- 104retranscription extraite de la Société populaire Vincent du 16 août “des officiers de l’état major du cy devant bataillon commandé par Meuris Étant entrés et ayant au nom de leurs frères d’armes témoigner le désir de déposer leur drapeau dans le lieu des séances de la société, le président leur a fait au nom de la société des remerciements et l’assemblée voyant dans son sein des frères qui ont si bien combattu pour la défense de leur patrie, a dit voyant le drapeau, qu’elle se rappelerait toujours ses nombreux frères qui se sont immolés pour leur pays, que ce serait sous ce drapeau que toute la société marcherait. En conséquence a arrêté que l’administration du département serait prié de ne pas opposé d’obstacle, le général Canclaux ayant reconnu qu’on ne pouvait refuser d’accéder aux vœux des braves soldats qui l’on arrosé de leur sang s’est chargé de porter la parole au département à cet égard les administrateurs ont pareillement promis d’appuyer la réclamation L544
- 105Archives départementales de Loire-Atlantique – délibération du conseil du département L 41 f°19-20
- 106Archiv. municipales I2 carton 1 dossier 7- police générale – Société populaire de Vincent la Montagne
- 107Arch. municipales de Nantes, 1 D 8 f 130 Conseil général de la commune ”vu au conseil la requète de la citoyenne veuve Meuris tendante à obtenir que le citoyen hamon son premier ouvrier ferblantier, soit excepté du recrutement des 3000 homes. Le conseil oui le procureur de la commune renvoie la requête de la citoyenne meuris à la commission nommée par les Représentants du peuple pour qu’il soit statué sur sa réclamation”
- 108archiv. municipales de Nantes – registres des naissance, décès de Louis Marie Muris( sic) enregistré l 5 octobre 1793
- 109témoins : Elie Weipert horloger de 55 ans, rue Haute Neuve, Jean Alix capitaine du 4e d’artillerie bataillon de l’Orne garnison à Nantes, Marie Jacques Hauteux ferblantier d’Ancenis, François Luc Lafaye tailleur d’habit Ad 44 1E42 f 48
- 110Archives de Nantes -registres de la 7e section an 8 f° 15 1 E 242
- 111Ilse remaria avec une dénommé Marie Françoise La Clef. avant de décéder le 1er avril 1815 à Brest.
- 112et fut inhumée cimetière Montparnasse
- 113LH//1854/13 il fut fait chevalier le 5 mars 1839
- 114son propre fils reçut lui aussi une distinction militaire en 1866
- 115Souvenirs Nantais et vendéens de Francis Lefeuvre( lointain parent) ouvrage édité en 1913 à Paris (pp 88-89)note de la famille concernant Noury : »Ses études terminées, il s’engagea sur un coup de tête, au régiment d’Auvergne et fut libéré du service militaire en 1783. il vint alors se fixer à Nantes et s’occupa pendant plusieurs années d’affaires d’armement pour Saint Domingue. La Révolution survint et se fortune fut engloutie (…) » (Pourtant, lors de la vente des biens nationaux, lui et son frère Thomas achetèrent différents biens à Châteaugiron, dont un concernant le prieuré de la commune, il est à savoir qu’ils avaient deux sœurs Ursulines à Redon avant la Révolution qui refondèrent une communauté à Chateaugiron en 1803.
- 116Archiv. Municipales de Nantes, H3 registre 1 –registre des citoyens actifs devant former la Garde nationale en exécution de la loi du 14 octobre 1791, commencé le 4 mars 1792
- 117il cosigna ainsi une pétition datant du 18 janvier 1792 des citoyens et agriculteurs commerçants et manufacturiers de la ville de Nantes relative à la situation des colonies présentée à l’assemblée législative le 20 janvier 1792 -Archives parlementaires de 1787 à 1860. Première série, 1787 à 1799 ; 34-51 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k49565x)
- 118LH2005/56 et /57 états de service/5
- 119Selon les Souvenirs Nantais et vendéens de Francis Lefeuvre( lointain parent) ouvrage édité en 1913 à Paris (pp 88-89) « Un jour M. Noury mort intendant général , se prit de querelle avec un officier, très ardent jacobin, et le provoqua en duel. Il avait eu une première satisfaction, celle de le corriger rudement avec sa canne ; il eut ensuite la consolation de venger l’humanité en le tuant bel et net. Il est vrai que vivement recherché en raison de ce fait, il fut obligé, pour se cacher, de se réfugier… dans un toit à porc, où il gagna, comme il le disait plaisamment, la gale du cochon ». Une note de la famille en bas de page complète : “(…)Ce dernier ayant succombé à cette rencontre, G Noury fut obligé de se cacher, pour échapper aux poursuites du comité révolutionnaire, mais il fut arrêté et jeté dans la prison dite des Saintes-Claires, dite des grands coupables. Grâce à Forget, concierge de cette prison, il fut sauvé au moment où l’ordre était donné de faire périr les prisonniers en masse(…) »
- 120« Archives de Loire-Atlantique L876, Folio 77- registres d’écrou Sainte Claire 1e mars 1793 , 1er prairial an 2:en vertu d’ordre des représentants du peuple près l’armée des costes de Brest en date du 14 7bre présent consierge de céans vous ettes chargé du citoyen noury dont vous serez son garde jusqu’à nouvel… l’ordre du le 14 7bre 179 l’an 2 de la république française. Le présent ordre nous été représenté par le citoyen brotier qui en est resté possesseur signé Cany Mal des logis« / Son nom apparait de même dans la liste des détenus dans les prisons de Nantes 1793-an II sans autre détail que la prison Sainte-Claire (arch. municipales de Nantes I4 dossier 1
- 121Chose fort étonnante, Forget étant un montagnard convaincu, président de la S.P Vincent la Montagne, et impliqué dans le procès de Carrier.
- 122Rapport et tableau des officiers généraux, adjudans généraux et commissaires des guerres qui doivent être en activité de service la campagne prochaine dans les armées de la République : présentés à la discussion de la Convention nationale au nom du Comité de salut public ([Reprod.]) / par Dubois-Cr
- 123commissaire de guerre provisoire le 8 juin suivant et titulaire le 13 juin 1795, commissaire ordinateur le 22 décembre 1800(Base Léonore :LH//2005/56)
- 124Etrennes nantaises du 1 janvier 1808, état de la 12e division militaire (quartier général à Nantes) (…)”Nourry commissaire ordonnateur des guerres ”(…) Archives de Loire-Atlantique L 533-
- 125Base Léonore :LH//2005/56
- 126Feuille commerciale de Loire inférieure du 6 octobre 1817 https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ark:/42067/cece23a23ddf3c04fc791cfffe44d9a8
- 127La Révolution française : revue historique… Auteur : Société de l’histoire de la Révolution de juillet 1893 (p 190) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116301c
- 128« La mort des Bleus devient pourtant, mais dans d’autres circonstances et sur un autre registre, l’occasion d’une rhétorique politique. Employée pour édifier les populations ou pour soutenir un camp dans les querelles qui opposent les groupes révolutionnaires entre eux, la mort du Bleu est célébrée dans sa forme sacrificielle. En concordance avec le discours national et dans la suite directe des grandes cérémonies organisées à Paris autour de la mort de Marat et de tous les martyrs de la Révolution , le Bleu en Vendée est présenté au moment du sacrifice suprême consenti pour le bonheur des générations à venir. (…)Mais les exemples choisis pour illustrer cette mort héroïque posent rapidement problème. Lors de l’attaque de Nantes, en juin 1793, le bataillon dirigé par le montagnard Meuris résiste à Nort-sur-Erdre aux vendéens avec tant d’acharnement qu’il est réputé décîmé à son retour. Cette « défense héroïque » par « le nouveau Léonidas » est aussitôt magnifiée, pourtant si elle a été coûteuse en vies humaines, elle n’a pourtant pas eu l’éclat de la légende qui s’est aussitôt développée. L’action restera dans les mémoires, mais ne sera pas inscrite dans la pierre(…)128MARTIN, Jean-Clément. La mort du Bleu en Vendée In : Révolution et Contre-Révolution en France de 1789 à 1989 : Les rouages de l’histoire [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1996 (généré le 02 juillet 2023).Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/17397>. ISBN : 9782753524507. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.17397. p. 69-77