Biographie féminine,  XIXe Siècle

Olive Oatman, la femme au tatouage bleu

Olive Oatman, vers 1863.

 

Vous avez peut-être remarqué au gré de vos recherches sur Internet une photographie jaunie représentant une femme au regard clair, à la robe de style victorien et portant un tatouage sur le menton ? Cette femme se nomme Olive Oatman. 

Sa vie avec les Mojaves

Née en 1837, elle est  l’une des sept enfants d’une famille Mormone, qui en 1850 rejoint un convoi de chariots dirigé par un membre éminent de cette religion James C Breswter. 

Son père, après de fortes dissensions,décide de quitter ce convoi près de Santa-Fé pour rejoindre la Californie. Malheureusement, lui et sa famille sont attaqués par une bande de Tolkepaya à 90 miles à l’est de Yuma en Arizona. Toute la famille est décimée, à l’exception d’un frère Lorenzo, laissé pour mort et de Olive, 14 ans et Mary, 8 ans. qui sont faites esclaves de cette tribu pendant un an.

Le massacre de la famille Oatman-"Captivity of the Oatman girls"par R. B  Stratton.
Le massacre de la famille Oatman « Captivity of the Oatman girls » par R. B  Stratton.

Une tribu de Mojave les ayant remarquées, arrive à les échanger contre deux chevaux et quelques vivres. Elles sont vite considérées comme des membres à part entière de la tribu, notamment par Espanesay et Aespaneo son épouse qui se comporte en vraie mère adoptive. Faisant donc partie intégrante du clan, elle reçoit comme nom Oach. 

De plus, sa sœur et elle sont tatouées sur le visage, les bras et les jambes. Ces tatouages traditionnels ont pour but d’appartenir à une même famille, même dans l’au-delà. Malheureusement, suite à une disette qui décime une partie de la tribu, sa petite sœur décède vers 1855.



Décès de Mary Oatman" Captivity of the Oatman girls"par R. B  Stratton. Gravure.
Décès de Mary Oatman » Captivity of the Oatman girls »par R. B  Stratton. Gravure.

Pendant ce temps, leur frère Lorenzo lorsqu’il sort de son inconscience remarque que parmi les cadavres manquent ceux de deux de ses sœurs, et part à leur recherche pendant de nombreuses années. On ne peut que penser au magnifique film de Ford,  la prisonnière du désert, prisonnière incarnée par Natalie Wood. 

Des rumeurs persistantes faisant mention d’une femme blanche vit parmi une tribu Mojave, des pourparlers sont engagés avec le commandant du Fort Yuma. 

Le difficile retour

Lorsqu’ Olive sait que son frère Lorenzo est vivant et qu’il la recherche inlassablement, elle retourne en 1856 parmi les Blancs.  Là, le choc est difficile, et après des mémoires écrites par un pasteur nommé Royal B Stratton et intitulées  captivity of the Oatman girls among the Apache et Mohave indians, la décrivant comme captive et malheureuse des Moraje, elle abonde dans cette version lors de conférences sur sa vie. 

Elle explique que ce tatouage est une marque d’esclavage qui aurait permis d’être reconnue si elle s’était enfuie. Grâce au produit des recettes du livre et de ses interventions en public, elle et son frère peuvent suivre des études.

En novembre 1865, elle épouse John B Fairchill, un propriétaire de ranch, à condition qu’elle ne parle plus jamais de sa période indienne, et qu’elle se couvre d’un voile en public. Ils adoptent une petite fille prénommée Mamie et vivent à Sherman dans le Texas. 

A la fin de sa vie, elle fait quelques confidences indiquant que ses plus belles années furent parmi les indiens Mojaves et qu’elle garde une grande affection pour sa mère et sa sœur adoptive. Elle peut même un fois rencontrer un chef Mojave et ainsi pendant quelques heures converser avec bonheur avec lui.


Olive Oatman, tintype  de 1857, conservé aux Archives de Yale.

Sujette à de longues mélancolies, que l’on diagnostiquerait certainement maintenant comme étant un stress post-traumatique, elle séjourne à de nombreuses reprises dans des maisons de repos. Elle meurt d’une crise cardiaque en 1903 à l’âge de 65 ans, deux ans après son frère installé dans le Nebraska.

 » Captivity of the Oatman girls »par R. B  Stratton. Gravure.

Comme dans le film  Little big man  ou d’autres westerns, elle est le symbole de la difficile réinsertion des enfants blancs enlevés et élevés par des amérindiens, qui de retour parmi les leurs ne rencontrent que suspicion et curiosité malsaine. Et malgré elle, elle est une figure marquante de la légende de l’Ouest Américain. Une ville d’Arizona même porte son nom. Ville fantôme,  halte touristique de la route 66, où notamment Clark Gable et Carole Lombard passèrent  leur nuit de noces dans l’hôtel.

Pour aller plus loin :

La page en anglais de Wikipedia  La ville fantôme Oatman 

Vous pourriez aussi apprécier :

C’est une bien triste nouvelle que je viens vous annoncer…

Auteur / autrice

Laisser un commentaire