Claire Lacombe
La Révolutionnaire Claire Lacombe, comédienne à Nantes durant le Directoire : de la Citoyenne Républicaine Révolutionnaire à la tragédienne…
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Introduction
Cet article ne relate pas le combat politique de la révolutionnaire Claire Lacombe, ex présidente des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires, plus qu’étudié, mais va tenter de mettre en lumière une facette moins connue qui est sa carrière de comédienne à Nantes durant le Directoire.
Claire, née en 1765 à Pamiers et sur les planches depuis ses 22 ans1Même si Claire Lacombe commence à l’âge de 22 ans, la première trace de sa carrière est en septembre 1790 à Lyon, lorsque Halem dans Paris en 1790 , Voyage de Halem, édité en français en 1896, (Troisième lettre) écrit : « Mlle Lacombe, actrice de Marseille, avait désiré débuter à Lyon dans Sémiramis, mais le directeur ne l’avait pas agréée. Le parterre réclama Mlle Lacombe à grand fracas, et le tapage ne cessa que lorsque le directeur se présenta et donna satisfaction au parterre en consentant au début de la comédienne.« , s’est fait connaître à Marseille, Lyon et Toulon, avant son arrivée à Paris en juin 17922Avec les changements apportés par la loi Le Chapelier espérait-elle trouver un engagement sur Paris et son intervention devant l’Assemblée nationale en juillet était-il un moyen de se faire connaître ? Hypothèse envisagée par Léopold Lacour dans son article, Les origines du féminisme contemporain : Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt, Rose Lacombe, Paris, Plon, Nourrit et Cie, 1900, 432 p. En parallèle de son combat politique3Rappelons que c’est la Révolution qui donna aux comédiens et comédiennes, leur place de citoyens et citoyennes, voir à ce propos le chapitre la naissance de l’artiste citoyen en Révolutions de l’ouvrage de Suzanne Rochefort, vies théâtrales, le métiers de comédiens à Paris entre Lumières et Révolution, Champ Vallon, 2024 et de Philippe Bourdin, Liberté pour le théâtre, citoyenneté pour les comédiens (1789-1792), dans la revue La Révolution française : http://journals.openedition.org/lrf/5809, elle semble avoir souhaité continuer son métier de comédienne4Malgré sa déposition lors de son arrestation arguant le contraire, voir article Que devient la Citoyenne Républicaine Révolutionnaire Claire Lacombe après la Révolution ? sur ce même blog.
Ainsi, en novembre 1792, la citoyenne Lacombe est indiquée débuter au théâtre de la République, et y est citée dans les rôles de Cléopâtre, Phèdre et Séminaris5 Le Journal de Paris du 2 novembre indique que la citoyenne Lacombe débute (pour mieux comprendre la notion de débuts au théâtre se référer à l’ouvrage de Suzanne Rochefort, vies théâtrales, le métiers de comédiens à Paris entre Lumières et Révolution, Champ Vallon, 2024 pp307-314) au Théâtre de la République par le rôle de Séminaris ; Celui du 13 novembre 1792 relate qu’au même théâtre, en date du 13 novembre, elle joue le rôle de Cléopâtre dans la Tragédie du même nom; celui du 16 du même mois note que la citoyenne Lacombe continue ses débuts dans le rôle de Phèdre, et dans la 3eme représentation du Patriote du 10 août, comédie nouvelle. « Le 19 novembre la comédienne Lacombe continue ses débuts dans le rôle d’Agrippine et le Médecin malgré lui (n° 323 du Journal de Paris du 19 novembre 1792 Google book). Le Mercure Universel du 19 novembre indique : « La citoyenne Lacombe vient de débuter par le rôle de Phèdre. Elle a un beau physique, de l’entendu dans l’organe; elle paraît entendre la scène »(Retronews).
Ses talents ne doivent pas être sous-estimés, si l’on se réfère à Joachim Vilate, agent du Comité de salut public et juré du Tribunal révolutionnaire, qui en 1794 se souvient d’elle interprète de Rodogune 6Vilate emprisonné après Thermidor la retrouve échoppière dans la prison : » (…) On a vu la cuisinière de Menzicof devenir impératrice de Russie ici c’est Rodogune devenue boutiquière. Se rappelle-t-on la célèbre Lacombe, actrice renommée et présidente de la société fraternelle des amazones révolutionnaires c’est elle qui s’est établie échoppière, pour l’approvisionnement des menus plaisirs des prisonniers d’état, ses compagnons d’infortunes. Etrange effet des idées vulgaires de détail et de profit. Avant qu’elle eût pris ce parti, la tête haute le regard fier la marche imposante, on l’auroit crue sur la scène prête à jouer ses rôles maintenant simple, gracieuse aux acheteurs ce n’est plus qu’une petite bourgeoise modeste tirée à quatre épingles et sachant débiter sa marchandise au plus haut prix (…) (Les mystères de la mer de Dieu dévoilés : troisième volume des causes secrètes de la Révolution du 9 au 10 thermidor-1794- p 141 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k41182g :
« (…)la tête haute, le regard fier, la marche imposante, on l’aurait crue, sur la scène, prête à jouer ses rôles (…) »
Au printemps 1793, Claire Lacombe signe un contrat pour « les premiers rôles thragiques et comiques, ainsi que les reines et mères nobles de ce même genre, c’est-à-dire tant dans la thragédie que la comédie » dans une troupe devant jouer à Mayence7Archives nationales, T//1001/2 contrat d’engagement de Claire Lacombe rédigé par Jacques Deroche, pour un appointement annuel de trois mille Livres. Mais la ville étant prise par les troupes ennemies, Claire se retrouve sans emploi pour la saison à venir.
Notre comédienne, sans engagement, s’implique alors complétement dans le combat politique au sein de la Société des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires, dont elle en devient une des présidentes. Mais à la fin de l’automne 1793, il n’est plus autorisé au femmes d’avoir des activités militantes organisées, et la Société des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires est dissoute.
Contrat pour Dunkerque
Au printemps 1794, Claire Lacombe ayant souhaité reprendre son métier de comédienne et ayant obtenu un contrat pour Dunkerque pour le 4 avril (16 germinal )8Il est indiqué dans une feuille intitulée moyens de subsisté de la citoyenne Lacombe avant la révolution et après, dans son dossier d’incarcération : « pendant les passe du temps où elle fut sans place, elle vécut de ses propres effets (…) et En fait ne pouvant plus subsisté de son état, elle sollicita de l’emploi dans Paris, mais son républicanisme bien reconnu l’an léloigna (sic), et au moment de son arrestation, elle était engagé pour Duneville (nom révolutionnaire de Dunkerque) », demande un passeport. Lors de la séance du 14 mars (24 ventôse), un des membres du conseil de la Commune semblant bien connaitre son registre lui indique « n’y jouez pas de rôles de reine, ni d’impératrice » ; ce qui lui vaut comme réponse de Claire : » il n’y en a plus »9Feuille du Salut public du 16 mars 1794 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2792575m.
Dans le milieu du théâtre, à quelques exceptions près, les contrats sont généralement signés durant la période pascale10Les dates de clôture d’un théâtre étaient de la veille des Rameaux au lendemain de Quasimodo (premier dimanche après Pâques) ; et en cette année de 1794, le dimanche de Pâques se trouve être le 20 avril. La date de départ de Claire Lacombe, au moment même où les Exagérés sont arrêtés (durant la nuit du 13 au 14 mars, dont Mazuel, proche de Claire) est considérée comme suspecte par la citoyenne Challa épouse Mellet, ancienne Citoyenne Républicaine Révolutionnaire n’ayant certainement pas accepté à la fin de l’été 1793, le rapprochement de la société vis-à-vis des Enragés11. Archives Nationales, W77 – 7- Déclaration de Julie-Elisabeth Challa, femme de Jean-François Mellet, demeurant rue Bouché, n° 2 du 27 ventôse (Elle était veuve en 1eres noces de François Maubet de Riou, contrôleur ambulant des Messageries Royales décédé à Lyon en 1782 et épouse de Jean François Mellet ancien musicien de Versailles). C’est ce que laisse sous-entendre aussi, en date du 9 prairial an II, le témoignages de la citoyenne Lemoce indiquant que Claire Lacombe avait déclaré à la tribune de la Société « vous êtes effatuées (infatué) et enthousiasmées par Robespierre que je ne regarde que comme un simple individu » et l’avait accusée d’effectuer des « sorties très vigoureuses contre les marchands de Paris » à l’instar d’Hébert. Archives nationales F7 47-56, dénonciation de la citnne Lemoce pour avoir avoir « lâché des propos contre Robespierre et d’avoir proposé le renouvellement de l’a Convention » . Notons que la citoyenne Challa dénonce aussi Pauline Léon, première présidente de la Société des Républicaines Révolutionnaires. Les deux anciennes présidentes sont arrêtées ainsi que l’ex Enragé Leclerc d’Oze dit de Lyon, époux de Pauline. Alors que le couple Leclerc est rapidement libéré après la chute de Robespierre, cela n’est pas le cas pour Claire Lacombe qui demeure en prison jusqu’au 18 août 1795 (1er fructidor an III)12De nombreuses amies ont sollicité par courrier sa libération dont Victoire Capitaine et Justine Thébaud, Archives nationales F7 47-56 , pétitions demandant la libération de Claire Lacombe. Notons que le Comité de surveillance de la section de la Halle au Blé lors de son incarcération à Sainte-Pélagie où elle y est depuis le 2 avril 1794, date de son arrestation, indique qu’elle est actrice « avant et pendant la Révolution, » que son revenu ne vient « rien d’autres que son état » et que, de plus elle « montre beaucoup de patriotismes, mais aussi beaucoup d’intrigue »13Archives nationales F7 47-56, . A sa sortie, elle habite alors chez son amie Justine Thébaud l’ayant déjà hébergée à son arrivée à Paris14Alors marchande mercière, rue des Prouvaire, maison du marchand distillateur Sauvel.
Arrivée à Nantes de Claire Lacombe
Quelques mois après sa libération, Claire, après négociations avec Monlavet, actionnaire principal et entrepreneur de spectacle à Nantes avec Violette et Duboscq15Etienne Destranges, Le Théâtre à Nantes : depuis ses origines jusqu’à nos jours, 1430-1901 p 53 :« Ferville céda la direction du Grand Théâtre aux sieurs Violette, Monlavai, Duboscq et Cie, le 23 floréal an III.« , obtient un contrat au Grand Théâtre de cette ville. Contrat signé le 4 janvier 1796 (14 nivôse an IV) pour cent quatre vingt trois Livres mensuels avec une avance de quatre-vingt-quatorze Livres16La troupe rencontre de grosses difficultés financières à ce moment-là. Karine Large, Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, colloque Les arts de la scène et la Révolution française: « Les difficultés ne tardent pas à recommencer si l’on en croit les registres de l’administration municipale en date du 11 frimaire an IV (2 décembre 1795). Une supplique des directeurs du spectacle l’atteste : » Ils demandent pour et au nom de leurs artistes et ouvriers une livre et demie de pain par jour qui serait payée à la caisse de la commune au prix de celui que l’administration municipale fait délivrer aux indigents ». Les artistes sont donc réduits à l’indigence et la municipalité le reconnaît en prenant l’arrêté suivant : « Que les artistes et ouvriers du théâtre dont les dépenses sont grandes seront considérés comme indigents de la commune et recevront en conséquence pour eux et leur famille la ration de pain accordée par la liste aux indigents de la cité » . Tout comédien et toute comédienne devant fournir ses propres costume, Claire a-t-elle pu récupérer ceux mis en gage lors de emprisonnement à Sante Pélagie ? 17Mis au mont-de-piété par son amie Justine Thébaud le 2 floréal an II « quatre manteaux de théâtre, dont un en velours bleu et trois en satin blanc deux robes de satin deux robes de gros de Naples et une tunique bleue » Archives nationales, T//1001.
Ce contrat, comme l’espère Claire Lacombe doit relancer sa carrière ; mais pour une ex Républicaine Révolutionnaire dont certaines membres comme Pauline Léon avaient souhaité combattre en Vendée, la possibilité de jouer dans cette ville républicaine possède aussi une forte portée symbolique et certainement un acte militant18Il semble bon d’indiquer pour nuancer la vision que l’on peut avoir sur la radicalisme de Claire Lacombe, que lorsqu’elle fut dénoncée, une des accusations contre elle, fut qu’elle regrettait que du sang français coule à Lyon..
La troupe de la République dédiée au Grand spectacle comprend près d’une centaine de membres allant du comédien, à la chanteuse lyrique, du musicien à l’habilleuse…19Karine Large, Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, p191 : (…)Lors de la saison théâtrale de 1795-1796, le directeur du théâtre Graslin disposait de quarante-quatre artistes dont douze femmes. Les femmes sont alors trois fois moins nombreuses que les hommes au sein de la troupe. La moyenne d’âge des artistes de cette salle est 36,5 ans, chiffre relativement élevé accusant la quasi-absence de jeunes artistes. Elle est d’un peu plus de 39 ans pour les hommes et de 29 ans pour les femmes. Les actrices ne sont pas nombreuses et elles sont beaucoup plus jeunes que les acteurs. Le plus âgé des acteurs a 70 ans et le plus jeune a 18 ans. La plus jeune des actrices a 18 ans et la plus âgée 39 ans. La carrière des hommes dure beaucoup plus longtemps que celle des femmes(…)Cette troupe joue dans un des plus beaux théâtres de France, le Grand Théâtre, construit par l’architecte Mathurin Crucy à l’initiative du receveur général des fermes Graslin et inauguré en 1788. Arthur Young lors d’un passage à Nantes le décrit ainsi20Arthur Young, Voyages en France en 1787, 1788 et 1789,A. Colin, Paris, 1931, p 242 (,Gallica) :
Après mon arrivée, je suis allé de suite au théâtre, construit tout récemment en belle pierre blanche. La façade a un superbe portique de huit colonnes corinthiennes fort élégantes ; quatre autres en dedans séparent ce portique d’un vestibule majestueux. À l’intérieur, ce n’est qu’or et peinture, le coup d’œil d’entrée me frappa grandement. La salle est, je crois, deux fois aussi grande que celle de Drury-Lane et cinq fois plus magnifique. Comme c’était un dimanche, la salle était comble.
Ce lieu de spectacle devient à la Révolution, théâtre de la République. De grands noms de la scène théâtrale de province du moment y rencontrent un certain succès dont Gourville, Dumanoir, Saint-Amand et son épouse…21et même occasionnellement des comédiens parisiens. Karine Large Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, p 204:– « (…) (de )grands noms des planches parisiennes comme Saint-Fal, Résicourt ou Dugazon, n’hésitèrent pas à s’y produire pour quelques représentations(…). Modérons toutefois ce succès, car les entrepreneurs demandent régulièrement aux autorités municipales que le prix des places soient augmentées, pour contrecarrer l’inflation.
Claire Lacombe, quant à elle est employée aux « forts premiers rôles tant dans la tragédie et tant dans la comédie et le drame, reine mère noble grandes coquettes et tout autre rôle dépendant de cet emploi »22Archives nationales T//1001/2, contrat de Claire Lacombe avec Monlavet. Elle arrive à Nantes à une période charnière pour la ville. Ainsi, le journal local la Feuille Nantaise, entre rumeurs et comptes-rendus des généraux, montre l’état d’esprit de la cité.
Depuis la rupture de la paix de la Jaunaye, les troupes républicaines pourchassent les ultimes combattants Vendéens. et le journal relate les derniers instants de l’armée de Stofflet23Le 11 mars, son arrestation y est annoncée et de celle de Charette24L’arrestation de Charette est détaillée dans le numéro du 1er avril (12 germinal), et son interrogatoire fait l’objet d’un supplément au n°199.
La capture de Charette et son exécution à Nantes le 29 mars, met un terme temporaire aux premières guerres de Vendée. Est-ce enfin la fin des recettes en demi-teintes du théâtre de la République ?
Ce dernier s’était fait et se fait encore l’écho de cette guerre permettant ainsi aux Nantais d’avoir une vision des événements. La pièce les Emigrés de Quiberon de Boullault est jouée dès thermidor an III25Les entrepreneurs du Grand Théâtre demandent pour cette représentation l’autorisation d’obtenir plus de poudre pour « l’artifice et l’usage de certaines pièces mises dans leur théâtre Notamment dans celle des Emigrés à Quiberon, qui en fait une grande consommation », lettre du 13 thermidor an III de Violette et Duboscq à la municipalité. Archives municipales de Nantes 2R590 ; mais aussi une pièce intitulée la Prise de Charette26Voir à ce sujet de Suzanne J Bérard, Vendéens et Chouans dans le théâtre de la Révolution, Vendée, chouannerie, littérature: Actes du Colloque d’Angers 12-15 décembre 1985 / Claude Debauve, Les événements de l’Ouest et le théâtre révolutionnaire, Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 67, 1990, p. 151 note 11 : « nous n’avons pas pu parler d’une dernière pièce, la prise de Charette, comédie en deux actes en prose par le citoyen Jacques François Mazas dit le brave, alors chef de brigade (colonel)à la 34° demi-brigade (1765-1805) tué à Austerlitz. Ce ‘fait historique’ a été publié à Nantes en l’an V et joué au théâtre de cette ville, mais il n’en existe aucun exemplaire à la B.N ou à l’Arsenal et celui de la bibliothèque de Nantes que nous avions cru pouvoir consulté n’a pu être retrouvé » , ainsi que l’époux républicain de Mathurin de Pompigny. De plus, suite à un arrêté municipal et la demande du Directoire, chaque représentation doit commencer par des chants patriotiques27Le 12 mars (22 ventôse), les directeurs des deux théâtres reçoivent l’ordre. cf. Feuille nantaise du jour « De faire jouer chaque jour par son orchestre, avant le lever de la toile, les airs chéris des républicains, tels que la Marseillaise, Cà ira, Veillons au salut de l’empire et le Chant du départ. Dans l’intervalle des deux pièces, on chantera toujours l’hymne de la Marseillaise, ou quel qu’autre chanson patriotique. Il est expressément défendu de chanter l’air homicide : Le Réveil du peuple. L’administration charge les commissaires de police de veiller & l’exécution du présent (…). Notons que cet arrêté est quasi la reproduction du décret du 4 janvier 1796 concernant les salles parisiennes.
Le 23 avril 1796 (4 floréal, an IV) durant la période pascale, les actionnaires vendent leurs parts à un ancien tapissier nommé Danglas devenu entrepreneur de spectacles28Il avait été adjudicataire en société du bail à ferme de la salle de spectacle de la commune au printemps 93, et avait pu à la vue des évènements être exonéré de loyer. Archives municipales de Nantes, 2 R590 Recettes du loyer de la Comédie émis par le trésorier de la ville de Nantes en date du 4 octobre 1793, adjudication du bail à ferme de la salle de spectacle de la ville de Nantes au profit du citoyen Danglas le 28 février 1793. Archives municipales de Nantes. 2 R591.. Cette saison s’achève avec les adieux de Gourville, vedette masculine nantaise depuis des décennies29Feuille nantaise du 17 avril (n°208). Quant à Claire, son contrat est renouvelé jusqu’à Pâques 1797.
Cette nouvelle année théâtrale s’ouvre sous de bons auspices. Le public, rassuré semble vouloir revenir en plus grand nombre et Danglas fait tout en son pouvoir pour lui assurer un spectacle de qualité. Ainsi est proposé au Grand Théâtre, à partir de 17 heures six jours sur sept, le programme de la soirée composé de deux parties. Dans un premier temps, est joué soit une tragédie, un drame ou une comédie ; et dans un deuxième temps un opéra ou même un ballet. On peut citer certaines pièces présentées ayant des rôles pouvant correspondre à Claire Lacombe, comme Iphégénie en Tauride le 14 juin, la Surprise de l’amour de Marivaux le 16, Phèdre et Hyppolite le 22, Médée le 30 toujours de ce moi de juin.
Mais le séjour à Nantes de Claire Lacombe s’avère plus mouvementé que prévu…
Incendie du Grand Théâtre
Le 27 août, une foule se presse au théâtre où est produit à 17h30 une comédie en un acte le Legs, suivie de l’opéra Zémire et Azod de Grétry, opéra avec son prologue et métamorphose. Vu la qualité du spectacle, le prix des places est augmenté30Trente sous la place aux premières loges et aux parquets, vingt aux secondes loges, douze au parterre et au troisièmes, six aux quatrièmes – 1789-1889 : Léon Brunschvicg, Éphémérides nantaises du centenaire de la révolution.
Selon l’enquête de police, vers 20h à la fin du second acte de l’opéra lorsque la déesse jouée par Mademoiselle de Saint-Julien descend de son nuage, une bougie met à ce moment-là le feu à un transparent servant de fond de décor. Les flammes s’attaquent ensuite à l’une des frises du même décor, au rideau qui s’était abaissé au début de l’incendie, puis aux coulisses. En quelques minutes, la scène est en flammes, puis c’est au tour d’une grande partie du théâtre ; dont la toiture et la coupole et certaines maisons jouxtant l’édifice. Un vent violent s’étant levé vers 22 heures, il emmène des braises vers la Loire obligeant les navires à s’éloigner des quais.
Un rapport de l’époque indique31Archives départementales de Loire-Atlantique. 44 2 O 109- art 91 19 fructidor an IV, rapport de Beaufranchet, président de l’administration municipale et commissaire du directoire exécutif :
« Le feu a commencé par une flame (sic) qu’une bougie communiqua au transparent placé au-dessus de l’appartement de Zémire. Que cette flame gagna une frise et que l’effet fut si prompt et si violent que dans trois minutes le Rideau d’avant-scène et le lustre placé au-dessus du parterre tombèrent, qu’au même instant la flame gagna le grand magasin de décoration et se porta avec une telle vélocité à la couverture qu’elle fut aussitôt embrasé et qu’aucuns effort humains ne purent arrêter ses funestes progrès ».
Les opérations de secours sont codirigées par le général de brigade Duthil, le commandant militaire Normand et du chef de division de la Garde nationale de Nantes Benoist présents sur les lieux. Et même si le théâtre est équipé d’une pompe à incendie, celle-ci ne devant son approvisionnement que par l’eau pluviale est vide en cette période de sécheresse32lettre du maire de Nantes Bertrand-Geslin au préfet en date de de 1813 : « l‘incendie eut lieu le 24 aout 1796. Les bassins étaient vides d’eau car ils étaient seulement alimentés seulement par les eaux pluviales. La longue sècheresse qui avait régné pendant cet été avait absorbé ces eaux(…). »cité par Alain Delaval dans Le théâtre Graslin à Nantes, éditions Joca seria p 80. Malgré les nombreux efforts, l’incendie dure près de 24 heures.
Sur les mille cinq cent spectateurs, seulement, pourrons nous dire, sept personnes trouvent la mort, en grande partie liées au théâtre, et cela malgré le courage notamment du directeur de la troupe Danglas et du comédien Dudans33Ce chiffre est dû entre autres au fait que le théâtre comportait de nombreuses issues devant permettre une salle pleine d’être vide en cinq minutes. Les victimes étaient : un danseur du ballet nommé Galipaud, un menuisier machiniste Cascagne, Anne Louise Patrix Veuve Doussaint, belle-mère de François Robert coiffeur du spectacle ainsi que la belle-fille de ce dernier âgée de cinq ans et demi, Anne Laure Robert, la femme Dolbau portière d’une des portes, la fille d’un dénommé Vivien cordonnier de la rue de Santeuil. Le corps d’une jeune femme ne fut pas identifié.
Une partie des décors et costumes et des partitions sont détruits. La chanteuse Saint-Amand, vedette de l’opéra représenté et son époux ayant un appartement dans le théâtre y perdent tous leurs biens. Un rapport des dégâts, entrepris dès le lendemain de l’incendie par Crucy l’architecte de l’édifice, estime le coût des réparations à trois cent vingt mille livres sur un coût total de construction du théâtre de cinq cent mille livres. L’enquête de police, malgré quelques rares soupçons non étayés insinuant un acte malveillant royaliste, conclut à un accident34Tous les témoignages corroborent l’accident. Parmi les personnes interrogées notons : Mlle de Saint-Julien artiste, Massy artiste et régisseur, Dumanoir acteur, Saint-Amand acteur, Clavel dit Gabriel acteur…. Les journaux nationaux s’en font l’écho et des représentations théâtrales aux profits des artiste nantais sont organisées35Théâtre du Vaudeville à Paris : « au profit des artiste incendiés de Nantes, Colombine mannequin, la chaste Suzanne, Ziste et Zeste » Le Miroir, 12 septembre 1796. / « Théâtre lyrique des amis de la patrie, ci-devant de la rue Louvois, Aujourd’hui au profit des artiste incendiés de Nantes l, Sapho, Le suspects, on commence à 5h1/2 » , Journal de Paris, 9 septembre 1796 / Histoire du théâtre français en Belgique, depuis son origine jusqu’à nos jours : d’après des documents inédits reposant aux archives générales du royaume :« (…)La troupe du théâtre de Bruges fut autorisée à s’y installer. Elle termina par un spectacle au bénéfice dès artistes de Nantes, victimes de l’incendie de leur salle.«
Claire Lacombe est-elle en représentation, le soir de l‘incendie ? En sachant que dans le Legs comédie en un acte de Marivaux, le rôle de la Marquise correspond à son registre, cela est fort possible. Mais elle ne fait pas partie des comédiens et comédiennes interrogés lors de l’enquête de police. Juste après l’incendie, Claire adresse une lettre à son amie parisienne Justine Thébaud. Cette dernière rassurée que l’actrice n’y ait point périe, par une réponse datée du 4 septembre (18 fructidor) lui propose de revenir à Paris indiquant que les citoyennes du faubourg Antoine sont « bien sensibles » à son malheur36Archives nationales T//1001/2. Très certainement des anciennes membres des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires. De par les courriers qu’elle reçoit à l’automne 1796, nous savons que Claire est alors logée maison Decoëne au 3, place de la place Graslin37. En 1795, la veuve Decoëne louait plusieurs appartements à cette même adresse si l’on en croit les annonces de la Feuille nantaisechez Etienne Walner musicien de 60 ans appartenant à la même troupe qu’elle. Fait-elle partie des comédiens ayant perdu leurs appartements, suite à l’incendie ?38Archives départementales de Loire Atlantique L138 f°69, correspondance du secrétariat du bureau de l’administration centrale en date du 9 fructidor an IV et à l’intention du ministère de l’Intérieure »(…)Il nous est impossible de constater les pertes, l’administration municipale s’occupe de les constater, les moins douteuses sont aujourd’hui celles des artistes dont quelques uns occupaient les appartements ménagers sur les côtés de la comédie ou qui avaient transporté dans leurs loges leurs garde-robes et leurs plus précieux effets »(…). Beaucoup de questions sans réponse…
Les conséquences
La troupe de Danglas se trouve sans scène et en mauvaise posture financière ; ce dernier, ayant lui-même beaucoup perdu, la rétribue pendant presque vingt jours. Ce même Danglas ne désespère pas de faire reconstruire, mais hélas sans succès, le théâtre Graslin39Archives municipales de Nantes. 4M38. Notamment dans une offre du 11 janvier 1797, l’ancien directeur Ferville, affirmant qu’ayant subi des pertes pendant les guerres de Vendée demande aussi la reconstruction du théâtre et son exploitation par lui-même, mais sa demande est considérée comme illégitime par les autorités locales, n’ayant pas de fonction sur Nantes au moment de l’incendie..
Inquiète de son sort, la troupe adresse à la municipalité une lettre en date du 27 août (10 fructidor) demandant la possibilité de jouer dans la salle du Chapeau Rouge, pourtant fermée depuis 1792 :
» Citoyens administrateurs,
A peine sortis des dangers et de l’état de stupeur dans lesquels nous a plongés l’affreux incendie d’un des plus intéressants monuments de cette commune, et l’un des plus beaux consacrés à l’art que nous cultivons nous aurions peut-être gardé le silence, dans la crainte d’arracher à leurs importantes fonctions nos magistrats dont tous les moments sont précieux à la chose publique, si nous n’avions cédé au sentiment qui nous a fait sonder la profondeur de l’abîme où la sûreté de cette malheureuse cité pouvait se voir entraîner par suite de cet affreux événement, objet de nos communs regrets et de votre sollicitude paternelle. Déjà votre sagacité vous en a pénétré sans doute. Déjà vous voyez les oisifs dont abonde toute cité populeuse, surtout quand elle fume encore des feux de la guerre civile, profiter des longues soirées d’hiver, pour employer à toutes sortes de désordres le temps qu’ils passaient au spectacle, le plus sûr et le plus heureux moyen que put, en les occupant, leur opposer la police. A ces considérations déterminantes se joindra dans vos cœurs le sentiment de justice et d’humanité que réclament nos malheurs, et pour satisfaire à la fois à la sûreté de vos administrés on général et aux extrêmes besoins nés de notre déplorable situation en particulier, vous ferez droit à la plus juste demande, en affectant aux artistes du Théâtre de la République la salle du Chapeau-Rouge, que de légères réparations peuvent mettre en état de suppléer à la salle incendiée, jusqu’à la réédification de celle-ci. Nous ajouterons, citoyens administrateurs, que nous croirions injuste autant qu’inhumain, de ne pas nous conserver notre directeur Danglas, dont l’active intelligence avait dans si peu de temps organisé notre entreprise, et qui a montré un zèle si dévoué au milieu des dangers de l’incendie ».
Notons que le théâtre avec ses chants et pièces patriotiques obligatoires, médium de la « régénération civique » voulue par l’Etat, avec l’incendie du Grand Théâtre connait dans la ville de Nantes un ralentissement de la diffusion des idées républicaines auprès de la population. Ce qui peut s’avérer fâcheux dans cette région de l’Ouest, tout juste pacifiée40Cyril Triolaire, Entre divertissement et politisation, la vie théâtrale nantaise face aux bouleversements et aux affres du temps révolutionnaire, sous la direction de Yan Lignereux et Hélène Rousteau-Chambon – Nantes Révolutionnaire – Ruptures et continuités (1770-1830)- Pur-2021 -bp 131:« (…) Car en Révolution, la vie théâtrale nantaise est secouée par la destruction par le feu de son grand théâtre inauguré en 1788. Nantes perd en effet, dans les flammes de la soirée du 24 août 1 1796, l’outil local le plus moderne de production de spectacles. La ville voit alors disparaitre l’espace privilégié de la régénération civique engagée les années précédentes et dont la mission vient d’être réactivée par le décret du 4 janvier 1796. Espace public de divertissement, le théâtre vit au rythme d’une ville en Révolution insérée au cœur de l’une des régions les sensibles du pays. Scène ouverte aux créations patriotiques vantant les nouvelles valeurs de la République et de ses héros et offrant à lire les enjeux politiques régionaux entre 1792 et 1794, Le grand Théâtre « dépolitise » progressivement son répertoire les années suivantes. Sa destruction n’en pose pas moins la question de la disparition d’un espace privilégié de la promotion républicaine. La recomposition de la vie théâtrale locale après août 1796 se pose tout à la fois en terme politique et culturel (…).
Toutefois, une salle est rapidement trouvée pour continuer les représentations.
La salle du Chapeau-Rouge
Le théâtre du Chapeau Rouge appartenant à la veuve Béconais41En 1784, Jacques Béconnais industriel fit bâtir en 1784 la salle du Chapeau Rouge servant de salle de cirque et de spectacle. Ces locaux furent réquisitionnés en 1792 et la salle du cirque servit d’usine à chaussures. Notons que Béconnais fut un des 132 Nantais envoyés à Paris, il y décéda avant leur acquittementbénéficie de travaux de rénovation42Ainsi la salle est peinte en bleue et garnie de deux rangs de loges en baignoire.. Le 4 septembre un concert y est donné et le 8 septembre (22 fructidor), y sont représentés le devin du village opéra pastoral de Rousseau et les folies amoureuses . Dans la Feuille nantaise, l’entrepreneur tient à avertir le public :
« On travaille avec activité à mettre la salle du Chapeau-rouge dans le meilleur état possible de service pour y jouer demain l’école des pères, comédie et le Devin de village, opéra, mais le public accoutumé à l’éclat et la magnificence de la salle que nous venons de perdre, ne doit s’attendre à trouver dans celle-ci rien qui y approche(…)« .
Une annonce le jour suivant indique que
« l’impossibilité de mettre pour ce soir le salon en bon état, oblige les entrepreneurs à changer de spectacle. On donnera donc : les Folies amoureuses, comédie ; le Devin de village, opéra et un ballet divertissement. Demain, l’école des pères, comédie(…) »
Après une publicité pendant plusieurs semaines, le 13 décembre 1796, la première représentation de la pièce de Beaumarchais La Mère coupable, dernier volet de la trilogie de Figaro, est proposée au public nantais. Claire Lacombe y joue le rôle de la Comtesse ; elle et le reste de la troupe dont Beaumanoir dans celui du rôle du Comte y rencontrent un vrai succès. La Feuille nantaise du lendemain43Médiathèque Jacques Demy de Nantes – Feuille nantaise de 1796, réserve patrimoine M ic 18 indique que la pièce a été :
« reçue avec des applaudissement réitérés, &, a été jouée avec beaucoup de soins de d’ensemble« .
Exceptionnellement le périodique nantais y consacre plusieurs articles et dans un d’eux concernant les comédiens l’avis de la rédaction sur Claire est élogieux 44Feuille nantaise du 19 novembre 1796-Feuille nantaise de 1796, réserve patrimoine M ic 18 :
« (…) Tous les rôles de cette pièce ont été bien saisis. Celui de la comtesse avec beaucoup de dignité & de sensibilité. La citoyenne Lacombe y a parfaitement exprimé ce caractère onctueux, cette véritable piété, & ces remords vertueux qui lui font pardonner son crime (…) »
Sylvain, opéra joué à la suite rencontre à l’inverse un accueil plus que mitigé. L’interprète principale la citoyenne Pigeart, dans le rôle de mère, sifflée et huée quitte la scène et le spectacle est annulé45Versatilité du public ou cabale politique ? car elle avait fait ses débuts réussis dans le même rôle le 13 floréal, et y rencontre de nouveau un succès au printemps 1797 .
Esclandre de Claire Lacombe
Même si depuis son emprisonnement, son combat politique semble de premier abord n’être plus primordial, les qualités d’oratrice de Claire sont toujours présentes. Elle se fait ainsi remarquer durant une représentation dans le théâtre du Chapeau Rouge, où en tant que comédienne spectatrice, le 28 janvier ( 8 pluviôse), elle provoque un esclandre et s’en prend verbalement à un dénommé Fourmy, depuis plusieurs années édile local en charge entre autres des affaires culturelles.
Pour mieux comprendre l’incident qu’elle occasionne, il faut mentionner, un règlement édicté par la mairie le 12 messidor an III défendant notamment à toute personne autre qu’un musicien de se placer dans l’orchestre46la Feuille nantaise du 12 mars 1796 en ligne sur les site des Archives départementales de Loire-Atlantique,. Ce règlement conçu pour le Grand Théâtre stipulait que « les loges à droite et à gauche de l’orchestre étant destinées aux acteurs et actrices, il leur est défendu de prendre place à l’avenir aux premières« .
Mais la salle du Chapeau Rouge étant plus petite, aucune loge n’est réservée aux acteurs et actrices. Claire et deux autres comédiennes, de concertation, s’installent ce soir-là dans l’orchestre. Elles sont rappelées à l’ordre par le commissaire chargé de la police du théâtre. Ses deux amies quittent l’orchestre, mais Claire ayant aperçu l’édile nantais dans les loges, le rejoint et l’apostrophe, reprochant à la ville de Nantes les mauvaises conditions d’exercice du métier de comédienne47Notons que le comédien Massy lors d’une représentation le 28 nivôse an V (17 janvier 1797)eut des propos n’étant pas dans le texte de la pièce et ayant « insulté « le public (en fait des jeunes selon la Feuille nantaise ; doit-on y voir des muscadins ?), fut menacé de trois jours de prisons comme le prévoyait le règlement. Archives municipales de Nantes. D19f°86.
Après cet algarade, Claire retourne à l’orchestre pendant la durée des deux pièces, accompagnée des deux autres comédiennes. Lors d’un conseil municipal suivant, Fourmy relatant longuement l’incident, avoue de lui-même qu’il n’a su quoi répondre48Archives municipales de Nantes , administration municipale de Nantes, 1796-1797 1D19 f°96-97-98. Concernant cette période, l’incident avec Claire Lacombe est le seul concernant un(e) comédien(enne)qui est relaté aussi longuement..
A peine ce rapport verbal était achevé que la dite la Combe qui de l’orchestre m’avait vu arriver la loge, se permit de m’y venir trouver, sous le prétexte de se plaindre de la susdite invitation, mais plus vraisemblablement dans l’intention méditée avec quelques amis du troubles, de donner une scène scandaleuse.
au lieu de s’expliquer paisiblement, Elle usa avec effort de toute l’étendue de sa voix pour se faire entendre de toute la salle. Il serait difficile de rendre ce qu’elle dit en paraissant réclamer ses droits et invoquer la loi, tant elle mit dans ses propos d’opulence, de volubilité et d’emportement et cette dernière expression est bien modérée.
Je me rappelle qu’elle me dit que ce n’était qu’à Nantes qu’on s’étudiait à avilir les artistes
(…) Ses cris forcenés redoublèrent surtout lorsqu’elle se vit encouragée par les claquements de mains qu’elle avait sans doute eu intention de provoquer (…)
Que pouvait Fourmy, face à cette comédienne, ex présidente des Citoyennes Républicaines Révolutionnaire et grande harangueuse au charisme certain ? Peu de choses…
Peut-être aurais-je du faire sur le champ conduire la dite citoyenne lacombe devant le juge de paix, à raison de son manque de respect au public dans la personne d’un magistrat mais craignant qu’un acte d’autorité n’augmente le le trouble au lieu de l’appaiser, et que cette femme extrème dans ses passions, n’effectua la menace qu’elle lachat d’abandonner un Spectacle ou elle montre des talens qui Balancent peut-être ses défauts, la rendent intéressante et la font chérir, je pensai que je pouvais, pour le moment ne pas déployer l’autorité qui m’était confiée, sauf à en rendre comte de ce qui s’est passé à l’administration laquelle verrait ce qu’il conviendrait de faire ultérieurement pour la répression du délit (…).
Suite à cet incident, la municipalité décide d’être ferme sur le respect du règlement sans demander explicitement que Claire soit sanctionnée ; mais exige que Danglas fournisse une à deux loges aux comédiens et comédiennes.
Relations amoureuses de Claire Lacombe
Quittons provisoirement la scène théâtrale nantaise durant le Directoire pour glisser quelques mots sur la vie amoureuse de Claire. On lui prête une liaison avec l’exalté Mazuel, fédéré de 92 exécuté avec Hébert. Mazuel, ami de Claire depuis la journée du 10 août, et « homme à femmes » fréquentant régulièrement les foyers des théâtres eut au moins une liaison avec une comédienne, que certains indiquèrent, sans réelles preuves, être Claire. Notons toutefois, qu’elle conserve dans ses papiers et correspondance une lettre de ce dernier datant du printemps 179349 le brouillon de cette lettre adressée à Claire Lacombe et écrit de la main de Mazuel est conservé aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle. L4016.
Sans réelles preuves, certains ont même cru déceler par des propos du jacobin Chabot une idylle avec le neveu du maire girondin de Toulouse50Le Créole patriote du 17 septembre 1793, (Gallica) : « (…)Chabot rend compte ensuite des propos que la citoyenne Lacombe , présidente de la société des femmes révolutionnaires, a tenus sur lui et sur Robespierre, qu’elle qualifie de monsieu , ainsi que lui. Cette citoyenne s’étant introduite dans le couloir de la salle de l’assemblée. demanda à Chabot ce qu’on prétendait faire de Rey, ex-noble, maire de Toulouse , en faveur de qui elle s’intéressa beaucoup, malgré les raisons que Chabot lui apporta pour prouver que ce maire avait tenu la conduite d’un contre-révolutionnaire, en incarcérant et faisant fusiller les meilleurs patriotes de Toulouse, en voulant même faire le siège de la société populaire de cette ville. La citoyenne Lacombe , persistant pour le maire de Toulouse, dit que c’était moins pour lui que pour son neveu dont elle avait admiré le patriotisme ;(…)
A l’automne 1793, lorsque les Citoyennes Républicaines se rapprochent des Enragés, elle est accusée publiquement par la citoyenne Gobin d’héberger Leclerc de Lyon son amant. Liaison de courte durée, car ce dernier, quelques semaines plus tard épouse la première présidente des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires Pauline Léon. 51Selon l’accusatrice précédemment cité Lémoce, Pauline Léon lui aurait confié que Claire Lacombe et Jean Théophile Victoire Leclerc avait bien entretenu une liaison : « eut connaissance que la Nmée lacombe à couché chez elle un nommé Clairdose dit Leclerc comme, pour un intrigant, qui voulait alors leur faire croire qu’il était poursuivi par la commission des douze, était plutôt soupçonné d’en être un des ppaux agents, et d’ailleurs la noé Lacombe a prouvé combien cet homme était immoral en mantant (sic) aux jacobins qu’aux électeurs et à la tribune des Cnnes Révolutionnaires, qu’elle a jamais retirée aucun homme chez elle, c est à dire depuis 18 mois, pas même Leclerc, depuis pourtant elle est convenue lorsqu’elle fut convaincue par Léon, depuis femme du dit Leclerc, en cette même société, qu’elle avait réellement couché ce dernier. » Leclerc, plutôt discret depuis sa libération, devenu employé à l’Instruction publique est aussi poète à ses heures perdues52 Le 10 août 1798, La clef du cabinet des souverains (Retronews) publie son chant dithyrambique intitulé 10 août (journée où Claire Lacombe s’illustra).. Et curieusement, un poème signé de sa main et intitulé Songe est publié dans la Feuille nantaise du 14 janvier 1796, période où Claire arrive sur Nantes. Doit-on reconnaître Claire lorsqu’il il parle d’une « cruelle, froide, quand un torrent de feu jaillit de sa vive prunelle » , et un amour à sens unique dans le vers « elle le traite en étranger, alors qu’il est né d’elle« ?
Par contre, il est certain qu’à Nantes, à la fin de l’été 1796, elle entretient un relation amoureuse avec un homme qu’il n’a pas été possible d’identifier. Ce dernier, obligé de quitter Nantes en octobre pour rejoindre temporairement sa ville natale de Boulogne-sur-Mer, lui y adresse régulièrement des lettres enflammées53Archives nationales, T//1001/2. A Orléans, avant une étape à Paris, il lui écrit « je t’aime au-delà de tout expression et t’embrasse de tout mon cœur » et signe « ton bon et sincère ami ». Et dans un mot, il indique en lieu de la date, « l’an 1er de mon amour » .
De par cette correspondance, on y découvre quelques traits du caractère de Claire. Dans ce passage où il lui écrit avoir déchiré le cœur de sa mère lorsqu’il lui a annoncé son prochain départ, il continue par cette phrase, qui n’est la seule de ce genre :
Dans ce moment j’ai encore le cœur bien gros. En voilà beaucoup trop pour ta sensible et tendre Amitié, pardonne moi si je trouble ta tranquillité mais je trouve de la consolation à m’épancher dans ton sein (…) .
on est loin de la Claire Lacombe, combattante du 10 août et qui menaçait un rédacteur du Courrier français à l’automne 1793, pour avoir faussement indiquer son emprisonnement54Courrier français du 27 sepbre 1793
« (…) Je vous prouverai que mes bras sont aussi libres que mon corp car ils se font une fette de vous assurer une bonne volée de coups de batons si dans la feuille de demain vous ne nous rétractez pas, et je suis de parole.
La dernière lettre conservée par Claire est datée du 1er frimaire, où son amoureux indique repartir d’ici dix à quinze jours, pour créer un nouvel établissement à Nantes tout en lui précisant qu’il sera obligé de beaucoup voyager pour renouveler ses liaisons commerciales.
Tensions politiques à Nantes
Pendant ce temps, et à l’approche des élections législatives de germinal, en cette période où la poussé royaliste se fait sentir et rappelons le que les journaux français se font l’écho du procès de Babeuf, Tarthé et leurs coaccusés à Vendômes, les différences d’opinions s’expriment brutalement à Nantes. Dans cette ville où la répression contre les Vendéens avait, avec Carrier, atteint un paroxysme, la jeunesse « muscadine » se sentant renforcée, fait entendre bruyamment sa voix entrainant des confrontations avec les « maratistes « 55néo jacobins souvent issus des troupes armées en stationnement à Nantes. ou anciens soldats nantais de la compagnie Marat ayant été aux ordres de Carrier.
Plus d’un an après, un portrait de cette jeunesse nantaise est dressé dans le Moniteur Universel56Gazette nationale ou le Moniteur universel du 19 septembre 1798,( Retronews) permettant de mieux comprendre la situation :
Il m’a été doux de me reposer quelques jours dans une ville populeuse, commerçante, dont l’activité industrieuse et bruyante contrastait si fort avec les contrées solitaires que je venais de quitter. Nantes m’a reçu dans ses murs , et l’ amitié m’a retenu quelques jours. Il s’en faut beaucoup que cette ville soit entièrement reposée des agitations et des ravages produits par les attaques du royalisme et les fureurs de l’anarchie. Ce n’est pas sans attendrissement que j’ai entendu raconter la longue série des malheurs de cette superbe cité : la tyrannie de ses proconsuls, son siège meurtrier, sa défense glorieuse, sa famine de trois mortelles années : le patriotisme constant de ses habitans, toujours victorieux des partisans de Charrette (sic), toujours ennemis des affreux enfans de Marat, toujours victimes de ses discordes sociales, résultantes des plus odieuses combinaisons (…)
L’incendie de la salle de spectacle est une calamité pour cette ville qui renferme, comme toutes les grandes cités, une nombreuse jeunesse qui ne sait que faire de ses loisirs et de sa nullité. C’est surtout dans les grandes places maritimes que la paix amènera l’ amour de l’ordre , du travail, le rehaussement et la consolidation de notre esprit public. Les jeunes gens se jetteront dans les comptoirs , dans les ateliers , sur les vaisseaux ; ils se livreront aux spéculations, aux voyages, aux expéditions lointaines dès que nos ports leur seront ouverts ; ils rougiront de leur oisiveté, ils briseront ces hochets bizarres et corrupteurs que l’aristocratie , de concert avec la sottise, met à la portée de notre belle jeunesse pour énerver ses sens, abrutir ses penchans et en faire l’instrument servile de ses desseins. Ils quitteront ces usages sales et flétrissans dans la tenue de leur habitude extérieure. Ils ne produiront plus le scandale des plus ridicules amalgames, la chevelure simple et noble d’une tête romaine accolée avec le sac d’un pénitent noir, ou le harnois écourté d ‘un sapajou de la foire. Ils quitteront ces habillemens mesquins et bêtement factieux, accrédités par les agens connus de l’Angleterre pour exciter le rire el le mépris de son Peuple , sur la jeunesse de notre nation. Oui , mon ami , ces manies abjectes , ces turpitudes à la mode disparaîtront de notre sol. lis redeviendront des hommes tous ces jeunes français, aujourd’hui si frivoles, si tristement extravagans (…).
Des incidents ont lieu, que ce soit dans les salles de bal57Notons, qu’à Nantes en cet hiver 1796-1797, de nombreux établissement ont obtenu des autorisations pour tenir des bals jusqu’au 1er germinal, entre autres un au 59 rue Rubens, un cours du Peuple, un autre dans un ancien billard…Archives municipales de Nantes. I2C52D12ou dans des cafés. Ainsi, le bonnet de la liberté est insulté lors d’un bal de la salle de la Comédie, rue Crébillon. Au prestigieux Vauxhall, place Delormes58tenu par Loiseau qui avait obtenu le 21 pluviôse l’autorisation de rester ouvert jusqu’à 5 heures du matin, à l’unique condition de ne pas accueillir des personnes masquées. Archives municipales de Nantes. 1D19 f°108, des clients ne sont pas satisfaits de la présence du marchand de vin Foucaud59Pierre Foucaud de la compagnie Marat acquitté pour sa participation aux noyades lors du procès dit de Carrier avait un frère Claude Clair tonnelier, marchand de vin . Le 21 pluviôse (12 février) au café Rollon. un dénommé Lavigne cadet provoque une rixe car il rapproche à un adjudant d’avoir assassiné son cousin60Très certainement le Lavigne cadet tué par la légion d’Aspe en mars 1791à Toulouse (La fin de la légion d’Aspe à Toulouse (1791, article paru dans la Revue de Gascogne [Texte imprimé] : bulletin mensuel du Comité d’histoire et d’archéologie de la province ecclésiastique d’Auch (1901). Une nouvelle rixe a lieu au Vauxhall entre les deux partis 61 F J Verger, archives curieuses de la ville de Nantes et des départements de L’Ouest: Pièces authentiques inédites, ou devenues très rares, sur l’histoire de la ville et du Comté de Nantes et de ses environs, Volumes 1-3-1937-p 410 : »des renseignements ultérieurs nous ont appris que la cause de l’évènement ci-dessus a pour principe la haine prononcée des sectaires de la compagnie Marat contre les jeunes gens portant l’habit carré, les cheveux retroussés et de très gros mouchoirs au col ». .Cela en est trop, l’administration municipal édicte un arrêt le lendemain interdisant les mascarades62Archives municipales de Nantes 1D19f°110 111 :l’administration municipale, instruite par différents rapports et procès-verbaux des commissaires de police, que depuis quelques temps, il s’est manifesté, tant au Waux-hall que dans plusieurs caffés et autres lieux publics, un esprit de parti qui a occasionné, sous le prétexte frivole de la différence des costumes, des scènes vraiment scandaleuses par les provocations et les désordres qui en ont été la suite ; Que ces dissensions sont principalement envenimées par des dénominations réciproquement injurieuses que prodiguent, indistinctement, des gens d’un caractère turbulent et querelleur à tous ceux qui leur déplaisent ; Considérant combien ses semences d’animosité peuvent devenir dangereuses si on les laisse fermenter, si la surveillance la plus active ne les empêche de se propager, et combien il est urgent que la police sévisse contre ceux qui les fomentent, prévient ses concitoyens qu’elle est très déterminée à ne pas souffrir que la diversité d’opinion qui paroît exister entre ceux qui fréquentent les bals, spectacles et autres lieux publics à troubler en aucune manière la tranquillité de cette commune. En conséquence persuadée que tout ennemi d bon ordre est un mauvais citoyen que c’eut par les actions, et non par la forme des vêtement que l’on ne peut des bonnes et mauvaises dispositions d’un homme quelconque .
De plus, les troubles gagnent aussi les salle de spectacle durant les représentions63Archives municipales de Nantes.1D19 f°109. Le règlement intérieur est renforcé, notamment concernant les« incidents provoqués par des spectateurs ne souhaitant pas enlever leurs hauts chapeaux » . Le général de brigade Avril, alors en poste à Nantes, fait part d’un incident le 30 ventôse (20 mars). Des jeunes gens assis derrière lui dans la salle de spectacle « firent état de propos les plus indécents sur les militaires et les chasseurs de la garde nationale « 64Archives municipales de Nantes I1C53D2/1d19f147 rapport du 3 germinal an V .
Claire Lacombe en est elle-même impactée. Ainsi, le 12 mars 1797 (22 ventôse an V ), lors de la représentation de la Mère coupable, un esclandre a lieu aux premières loges de la salle où de nombreux citoyens ne se sont pas découverts. Un inspecteur de police n’étant pourtant pas en service leur demande d’enlever leur couvre-chef. Quelques uns n’obtempèrent pas, mais de plus parlent « ensemble avec vivacité et extrêmement haut« . 65Archives municipales de Nantes I2C53D2. Claire Lacombe n’est pas citée nommément, mais la Mère courage est son rôle fétiche. Le 17 avril (28 germinal), par souci d’apaisement ? et aux vues des résultats électoraux ? la mairie de Nants se fend d’un communiqué où il est noté « d’arrêter et de conduire devant le juge de paix quiconque se permettant d’insulter ou de provoquer qui que ce soit à raison de son costume n’y ayant aucun défendu par la loi » . Archives municipales de Nantes. 2C29D3.
Des remous ont lieu aussi aux alentours de la salle du Manège mais aussi dans un café annexe tenu par un dénommé Robin66donnant aussi sur la rue Galilée. Archives municipales de Nantes. I2C29D3.
Montant dans la gravité, le 12 avril (23 germinal), une rixe se produit dans la cour de la Maison du Chapeau Rouge67Archives municipales de Nantes. 1D19 f°160-161et I2C29D3 :
« des groupes se sont formés hier au soir, et plusieurs militaires qui n’étaient pas de service, se sont réunis et ont fait des menaces à ceux qu’ils désignent sous le nom de chouans et de royalistes ; que d’un autre côté d’autres individus ont menacé ceux qu’ils désignent sous le nom de maratistes, terroristes Etc. »
Alors que la saison des bals et que l’année théâtrale s’achèvent, la salle du Manège du Chapeau Rouge, un temps utilisée comme salle de bal68La situation économique de la troupe de Danglas s’avère compliquée, ce dernier ne peut payer journalièrement le tribut dû au bureau de bienfaisance.(Archives municipales de Nantes 1D19 f°106 du 19 pluviôse), et pour y remédier il obtient le droit d’organiser des bals jusqu’à minuit dans la salle du cirque du Chapeau Rouge jouxtant le théâtre ais il décide, car plus apprécié par le public d’organiser des bals parés, quelquefois précédés d’un concert. Le premier est annoncé dans la Feuille nantaise en date du 23 septembre « Ce soir, à six heures, Redoute, ou bal paré, au Cirque du Chapeau-rouge. On prendra 40 Sols aux premières et 20 Sols aux points de vue » Toutefois, Danglas rencontre de nombreuses embûches. Une de ses demandes pour un bal masqué, le 17 pluviôse (5 février) lui est refusée(Archives municipales de Nantes 1D19 f°103 : « l’administration municipale considérant que ces espèces de rassemblements ont toujours été l’occasion de désordres et de scènes immorales ; qu’en ce moment surtout ils peuvent devenir très dangereux, en ce que la trop grande liberté qu’on se permet sous le masque pourrait dégénérer en licence de la part de ceux dont les opinions diffèrent sur l’état actuel des choses, et qu’alors les coupables éluderaient bien plus facilement la surveillance et l’action de la police : « Considérant en outre que la permission accordée pour un bal masqué entraîne la permission tacite pour toutes espèces de mascarades qui courraient toutes les rues de la ville, offrant à chaque instant les tableaux les plus obscènes, et provoqueraient des troubles que la plus exacte surveillance ne pourra empêcher ni arrêter. »), est louée pour devenir une des salles de séance du corps électorale lors de ces élections législatives. Ceci expliquant pourquoi les troubles les plus fréquents ont lieu aux alentour du Chapeau Rouge qui rappelons-le rassemble la salle de théâtre, des cafés et la salle du manège.
Dans la ville, les débats vont s’avérer longs et animés, notamment sur la question du droit de vote à accorder ou non aux parents d’Emigrés69Archives municipales de Nantes. 1D19 f°141/ Nouvelles politiques, nationales et étrangères du 20 avril 1797, (Retronews) : « Entre autres la question du vote des parents d’Emigrés enflamment les esprits » /Nouvelles politiques, nationales et étrangères du 20 avril 1797, (Retronews) De Nantes , le 25 germinal. Tandis que presque toutes les assemblées électorales des départements ont déjà achevé leurs nomination, la nôtre perd son tems en longues et inutiles discussions, qui ne lui permettront pas probablement de terminer les choix dont elle est chargée. Depuis deux jours, la discussion est ouverte sur la question de savoir si les parens d’émigrés peuvent être électeurs. Tous nos orateurs , jaloux de faire briller leurs talons, s’empressent d’ aller se faire inscrire an bureau pour prononcer de grands discours pour ou contre les parens d’émigrés. On fait de longs commentaires sur les lois du 3 brumaire , du 14 frimaire , du 22 ventôse , &. sur les arrêtés du directoire ;& comme les anciens scholastiques, au début du texte des écritures, s’appuyait sur les écrits des saints – pères , nos orateurs vont chercher dans les. discours de nos représentants des raisons à l’appui de leurs opinions. Les uns citent Fortalis et Tronçon Ducoudray , les autres Daunoit & Poulain-Grandpré. On n’auroit jamais cru qu’il y eût tant de savoir & d’éloquence dans notre département. Je ne puis entoure vous annoncer le résultat de la délibération ; mais si cela continue, je doute que nous envoyions des députés cette année au corps législatif ». . Un particulier témoigne que, lorsqu’il est arrivé le 23 dans la cour Chapeau Rouge, il a entendu70Archives municipales de Nantes I2C29 D3 rixe de l’an V :
« (…)environ dix huit à vingt jeunes gens, munies tous de cannes à lancer et bâtons à marottes (…) voilà dans un tas au bout de la cour des buveurs de sang et noyeurs de monde «
Ces jeunes gens dont l’un se faisait surnommer Charette reviennent le lendemain pour en découdre. Des mesures sont alors prises jusqu’au 29 germinal pour que les accès à la salle de spectacle soient réglementés, mesures que doit faire appliquer le régisseur Massy. Des sentinelles de la Garde nationale sédentaires et des troupes de ligne sont aussi placées sur les lieux. De plus la salle de spectacle est fermée les 17 et 18 avril (28 et 29 germinal), jours d’élection entrainant d’importantes pertes d’exploitation71Archives départementales de Loire-Atlantique L627: addenda du 28 germinal an V, de Massy régisseur à la pétition du citoyen Danglas représenté par son fondé de pouvoir du « je joins ici l’arrêté municipal de ce jour qui nous enjoins de fermer la salle de spectacle, les 28 et 29 du courant, on conçoit aisément que cet arrêté augmentera encore nos pertes ».
Nantes Après les élections
Dans un moindre mesure qu’ailleurs, les résultats de l’élection voient à Nantes, les royalistes l’emporter72La Quotidienne ou Feuille du jour du 29 mars 1797 : « A Nantes, les choix ont été assez bons, malgré les intrigues des jacobins , et l’indifférence coupable d’un grand nombre de négocians. Le Censeur des journaux, du 25 avril 179773(Retronews) indique :
L’assemblée électorale de Nantes, en décidant qu’elle pouvoir admettre dans son sein les parens d’émigrés a fourni des armes aux anarchistes, et peut être un prétexte de contester la nomination des citoyens Lévêque, hydrographe ; Normand aîné, et Tardiveau, ex législateur.
— 3oo bêtes féroces se sont rassemblées à Nantes devant la maison du citoyen Lenormand, député , nouvellement élu, demandant sa tête à grands cris ; mais 25 braves de la garde nationale sont parvenus à dissiper cet attroupement. On ajoute à cette nouvelle , que les militaires du bataillon de l ‘Allier, caserné à Nantes sont les auteurs des troubles dont on se plaint dans cette ville.
Durant l’été, quelques incidents sont signalés montrant que les tensions entre les deux camps continuent74Le Républicain du 4 juillet 1798 (Retronews) : « A Nantes, on trouve ces mêmes têtes jacobines. ici on fouette des femmes pour être trop vêtues ; là-bas on siffle celles qui le sont trop« ./Le Courrier des spectacles, ou Journal des théâtres du 27 juillet 1797 « Nantes , 27 messidor. Le jour du 14 juillet des jeunes gens ont été insultés pour leurs costumes. Depuis quelques jours ces attaques se sont souvent renouvelées.« . Et, situation politique oblige, la fête du 10 août a pour thème la prise de Malte75Débarquement de Bonaparte à Malte en juin 1798 ayant entrainé les départ des chevaliers de Malte.. Toutefois, lors de la célébration, le cortège s’arrête à la salle du Chapeau Rouge pour écouter les musiciens des deux troupes de théâtre76L’Ami des lois, ou Mémorial politique et littéraire du 30 août 1798, (Retronews). Est-ce qu’une ovation est donnée à Claire Lacombe, une des trois combattantes du 10 août ? Aucune mention n’en est fait nulle part.
Indiquons que Justine Thebaud qui régulièrement donne des nouvelles de la capitale, dans une lettre du 1er complémentaire an V (17 septembre 1797), lui écrit que leurs « hamies (lui) font mille amitiés » 77doit on y voir des ex Républicaines Révolutionnaires ? et fait part à Claire que le coup d’Etat du 18 fructidor (4 septembre)78à Paris, le 4 septembre 1797 (18 fructidor An V), craignant un retour à l’Ancien Régime, le Directoire organise un coup d’État contre les royalistes, devenus majoritaires depuis les législatives. a retiré « les patriotes de l’oppression où ils étaient« …
Nouvelle Saison à Nantes pour Claire Lacombe
La saison théâtrale s’étant achevée difficilement en cette période agitée politiquement, il est compliqué pour Danglas d’envisager la nouvelle avec sérénité. D »autant plus que son projet de reconstruire le théâtre rencontre peu d’enthousiasme de la part de la municipalité. Dans un courrier du 17 avril (28 germinal), son fondé de pouvoir Michel indique la situation au département :79Archives départementales de Loire-Atlantique. L627
« (…)le citoyen Michel expose encore l’embarras dans lequel le jette la non fréquentation du spectacle depuis les troubles allarmants qui en ont éloignés les citoyens paisibles.(…) Une pièce nouvelle à grand effet, et qui malgré les troubles, a fait le plus grand plaisir, un répertoire bien choisi devoient procurer de grandes recettes et fournir les moyens de solder la troupe qui va se dissoudre le 30 germinal, au lieu de cela la salle est tous les jours déserte, le spectacle toujours troublé par des rumeurs, et le produit réduit pour ainsi dire à rien, malgré les fêtes qui ne manquent jamais d’attirer beaucoup de monde. le cit. danglas, en acquiesant à la demande qui lui a été faite du cirque pour la tenue de l’assemblée électorale, et en n’exigeant aucune rétribution n’a consulté que son désir de servir ses concitoyens ne pensait pas qu’il en résulterait pour li une perte de plus de quatre mille livres dans le temps le plus difficile, c’est-à-dire à l’époque du renouvellement de la troupe(…) ».
Danglas dans le but de recruter des nouveaux comédiens,8019 germinal an 5 certificat demandé par Danglas à la municipalité s’apprêtant à partir pour Paris pour compléter sa troupe signifiant qu’il était directeur du spectacle d’avant l’incendie et que la troupe est établie au Chapeaux rouge depuis. 80 Archives municipales de Nantes 1 fd19 f158 rejoint Paris. Quant à Claire, résidant alors rue Crébillon, le 9 avril 1797 (20 germinal), juste avant le départ de ce dernier pour la capitale renouvelle, après hésitation, son engagement pour un an. Un contrat à son avantage car Danglas s’engage à lui payer pour « appointement la somme de cinq mille livres en numéraire, défalcation faite de l’avance portée à la somme de six cent livres dans le mois qui précède l’ouverture »81An T 1001, contrat de Claire Lacombe avec Danglas.
Parmi les nouveaux engagés se trouve le couple Lavandais. Le 14 mai 1797, l’époux reçoit une très bonne critique de la Feuille nantaise82médiathèque Jacques Demy service patrimoine, la Feuille nantaise n°232 du 1797, et dans le même article, il est précisé que son épouse partage :
« avec madame Lacombe les premiers rôles, chacune faisant son emploi particulier et ses moyens physiques que l’une et l’autre seront toujours sûres de réussir ».
Quelques jours auparavant le journal nantais avait fait paraitre83Feuille nantaise du 21 mai 1797, médiathèque Jacques Demy, service du patrimoine une critique élogieuse concernant Claire, rare témoignage de son jeu d’actrice :
Suite de la notice concernant le théâtre de Danglas,
(…) de tous les artistes des deux sexes qui nous restent de la dernière année théâtrale, Madame Lacombe est celle qui a recueilli les plus nombreux applaudissements. Ses talens distingués, principalement pour la tragédie, & la crainte que le public a eu longtemps de la perdre, ont concouru à cette unanimité de suffrages : nous l’avons vu, l’an dernier, obtenir des succès brillants dans Médée, Hypermnestre, Rodogune, Phèdre, & nous venons de la revoir avec un nouveau plaisir dans cette dernière pièce. Elle y était tour à tour, avec autant de vérité et d’expression, vertueuse et criminelle, amante passionnée & épouse repentante, mère sensible & partout noble et grande ;il semblait même qu’on fut ‘entrainé par la force de son art, à la suivre dans tous les sentiments opposés dont elle était successivement agitée, & qu’on fut enfin contraint de se lever et de se perdre avec elle.
Madame Lacombe qui conserve le même talens dans le haut comique, n’a plus autant de supériorité dans le genre gai auquel elle s’et sans doute moins exprimé, mais on peut dire qu’elle n’est déplacé nulle part(…).
Mais hélas, fautes de recettes suffisantes, Danglas ne peut rétribuer les comédiens parisiens nouvellement engagés et suggère qu’ils le soient à la fin de l’année, arguant que
« le défaut de recettes l’empêchait de les payer autrement que par à compte ainsi qu’il en était convenu avec plusieurs autres artistes du même théâtre promettant d’acquitter l’arriéré dans le dernier mois de l’année ».
Proposition soumise à Claire Lacombe qui l’accepte. En effet, le 2 août (15 thermidor), il lui est promis en addenda à son contrat une représentation entière à son bénéfice pour le 5 décembre (15 frimaire), ainsi qu’une « partageante dans la tragédie« . Par contre, ces comédiens parisiens nouvellement engagés et sans ressources refusent l’accord et poursuivent Danglas en justice. 84 Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, Karine Large : « le comédien Lavandais et sa femme Toutaville demande à l’été 1797 d’être payés à la hauteur de 882 f 66 pour arriérés de leurs trois premiers mois ou à défaut que leur contrat soit résilié à défaut que les recettes soient saisies ; ainsi que que les comédien François Bernardi comme utilité et sa conjointe Gilbert comme première chanteuse devant la justice, Danglas à payer deux mois d’engagement. Archives municipales de Nantes 2R590 :En 1797, un jugement arbitral est rendu par l’administration municipale de Nantes entre deux artistes dramatiques de la salle du Chapeau Rouge, François et Anne Bernardi, et leur directeur, Danglas. Cet acte recèle de précieuses informations12. La femme Bernardi vient de Paris et doit remplir la fonction de première chanteuse dans la troupe de l’opéra ; son contrat spécifie que son salaire est de 4 000 francs par an, que le directeur du théâtre doit payer le port de ses effets de Paris à Nantes et qu’il doit lui verser 200 francs pour ses frais de voyage. Son mari a un emploi d’utilité : il assume les petits rôles selon les besoins. Il vient de Mons (en Belgique), son salaire est de 1 000 francs par an et les frais de port et de voyage sont également à la charge du théâtre. Danglas est allé à Paris pour rencontrer les artistes et leur faire signer les engagements. Le contrat stipule que les litiges sont portés devant l’administration municipale et non devant un juge. La défense de Danglas se structure autour du manque de talents des deux artistes : l’homme n’a jamais voulu jouer les rôles qu’on lui proposait et la femme l’a trompé en lui disant qu’elle était « une actrice de talent, tandis que le contraire est de notoriété publique ». Le directeur demande donc que les contrats soient cassés. L’administration municipale rend finalement Danglas responsable puisqu’il aurait dû se renseigner avant d’engager les époux et parce qu’un contrat ne peut être dissous sans le consentement des deux parties. Un second jugement oppose Danglas au citoyen Lavandaise et sa femme Mme Touteville. Passons sur le différend pour ne retenir que les informations financières. Le contrat entre les artistes et le directeur date du 19 janvier 1797 et il a été passé à Nantes. L’homme a été engagé pour tenir l’emploi de troisième rôle à raison de 3 500 francs par an et la femme est premier rôle pour le même salaire. Leur voyage et celui de leur équipage de théâtre est payé 150 francs chacun. Il apparaît donc que les femmes sont moins bien payées que les hommes, puisque Mme Touteville et son mari ont le même salaire : un premier rôle féminin touche autant qu’un troisième rôle masculin et moins qu’une chanteuse d’opéra./ Voir aux Archives départementales de Loire-Atlantique, sous la cote L1843 et en date du 1er messidor an V audience au tribunal civil entre Bernardy Gilbert et Danglas/ .
Fuite de Danglas, les Artistes Réunis
En octobre 179785Dans la Feuille nantaise , la dernière représentation annoncée est en date du 6 octobre 1796, Danglas criblé de dettes s’enfuit de Nantes, laissant la troupe dans le plus grand dénouement. Comme indiqué au paragraphe précédent, certains n’ont pas été payés depuis plusieurs mois. Les comédiens s’organisent et désignent trois commissaires Dumanoir, Termets, Descouvenont, et adressent le 17 vendémiaire an VI une pétition aux administrateurs municipaux de la commune de Nantes86Archives municipales de Nantes 2R590. Signée par Dumanoir, Marry, Termets, Solly, J. Lebreton, Cholais, Encouvenond, Lanvare :
« Des artistes qui ont su supporter le malheur, et qui viennent encore d’en éprouver un auquel il pouvaient s’attendre ; la fuite du citoyen Danglas nous abandonne à nous-même, dans cette fâcheuse circonstance nous nous sommes réunis, tous les artistes composans la Comédie, quelques autres de l’Opéra et tous les artistes de l’orchestre se sont rattachés à nous, et nous nous sommes décidés, sous la protection de l’administration a continuer l’entreprise toujours sous la dénomination du Grand théâtre la République, ce mot si cher si cher à nos cœur sera toujours notre sentiment et nous mourrons en le prononcant. ».
La commune à la vue de nombreuses familles tirant leurs ressources de l’existence de ce théâtre, accepte qu’ils continuent « sur leurs propres comptes et sous leurs responsabilités solidaires l’entreprise du grand théâtre de la république (…) ». Les costumes du Grand Théâtre sauvés du feu et confiés initialement à Danglas, sont maintenant sous leurs responsabilités87Archives municipales de Nantes 2R590..
Les comédiens adressent la même demande aux administrateurs du département qui leur répond le1 3 octobre (22 vendémiaire) :88Archives départementales de Loire-Atlantique. L 1715
« Vous ne devez pas douter, citoyens de l’intérêt que prend à votre théâtre l’administration central. Lorsque les agens du Royalisme cherchaient à corrompre l’opinion publique, à travestir nos spectacles en école de contre-révolution, vous ave su résister aux sourdes impulsions ; vous avez continuer de donner des représentations théâtrales et civiques ; cette conduite, cette cause de vos pertes est trop respectable pour que nous n’applaudissions pas aux efforts que vous faites aujourd’hui. Continuez, citoyens, à consacrer vos talens au progrès de l’art dramatique, à consulter le bon goût plutôt que l’esprit de parti, à écarter de la scène tous ces tableaux d’immoralité, toutes ces productions factieuses, tous ce qui rappellerait l’ancien avilissement du peuple français, tout ce qui tendrait à réveiller des haines, à affaiblir l’amour de la liberté, C’est le moyen d’intéresser à vos succès les autorités républicaines et tous les vrais amis de la Patrie »
Datée du 14 octobre (23 vendémiaire), le Directoire reçoit la lettre suivante89 Ernest Lunel, Le théâtre et la révolution, Daragon, 1909, pp77-79 :
« citoyens directeurs,
Votre amour pour la république, notre opinion bien prononcée et la ferme intention où nous avons toujours été de marcher constamment dans le sens du gouvernement, notre patriotisme enfin n’a pas peu contribuer au malheur que nous éprouvons aujourd’hui.
Victime de l’incendie qui consuma le bel édifice du Grand Théâtre l’année dernière, et de la banqueroute que vient de faire notre entrepreneur, ces deux événements trop rapprochés nous ont jeté dans la plus grande misère, et la plupart d’entre nous seraient livrés au plus affreux désespoir, si dans un moment aussi déplorable, nous ne nous étions pas réunis en société, en éloignant de notre sein des artistes indignes de ce nom par leurs sentiments royalistes. Cependant il nous faut passer par toutes les filières de la chicane pour renter dans le local que nous occupions depuis un an, cet incident arrête la subsistance de plus de cent individus. Notre consolation a été de rencontrer des administrateurs patriotes qui connaissant notre civisme, ont daigné tendre les bras. Premiers magistrats de la République, vous qui l’avez sauvée le 18 fructidor, venez à notre secours, et s’il entre un jour dans vos grands projets de donner au théâtre en l’épurant une vie morale et toute républicaine, daignez nous faire représenter les pièces que nous mettons aujourd’hui sous vos yeux »
et répond le 7 novembre (17 brumaire), par l’intermédiaire du ministre de l’Intérieur :
Je vois avec satisfaction, citoyens vos efforts réunis pour concourir à rendre à la commune de Nantes ces plaisirs variés et instructifs que procurent les ouvrages dramatiques et auquel l’art ajoute tant de charme. Vous trouverez toujours en moi les dispositions les plus favorables pour seconder vos efforts et encourager un art dont les effets peuvent et doivent être avantageux à l’esprit républicain. Vous avez été mis dans les circonstances les plus critiques par les intentions les plus louables et les plus conformes au système républicain. Le Gouvernement est instruit citoyens de votre conduite. Il me charge de vous en témoigner tout son consentement et de vous assurer de ses intentions bienveillantes pour vous.
Malgré tous leurs efforts, ces Artistes Réunis écrivent en cette fin d’année90Archives municipales de Nantes R2 :
« la saison qui n’est pas encore achevée est bien désastreuse pour nous »
Durant cette période compliquée pour les comédiens nantais, Claire doit emprunter le 30 octobre 1797 (9 brumaire an VI) 36 livres au citoyen Souples adjudant général, chef de brigade, somme qu’elle s’est engagée à rembourser en frimaire, période de la représentation entière à son bénéfice. Représentation ayant lieu à la date prévue du 25 novembre (15 frimaire). Claire y interprète son grand succès la Mère coupable. Y est aussi jouée une comédie nouvelles Femmes (certainement la pièce de Demoustier). N’étant pas remboursé, en nivôse, impatient Souples menace de poursuite. Dans les papiers de Claire, un courrier sans date de sa couturière indique que cette dernière lui réclame aussi de l’argent. Ses soucis semblent assez importants pour qu’elle en fasse part à son amie Justine Thébaud le 2 nivôse (22 décembre)91par une lettre du 11 nivôse (31 décembre) à Claire Lacombe, Justine Thébaud, parle des » pertes que tu as subies ».
Une dernière fois, la Mère coupable est jouée au Grand Théâtre de la République, le 5 janvier 1798 (16 nivôse an VI), certainement par Claire, étant jusqu’alors son rôle de prédilection. Mais la roue tourne, la citoyenne Valville92En 1791, une comédienne Valville alors à Lyon avait écrit à Claire Lacombe, comédienne nouvellement arrivée à Nantes et qui reçoit pour ses interprétations de très bonnes critiques (« Vérité, finesse, expression, jeu varié varié et toujours heureux, telles sont les précieuses qualités qui constituent le talent de cette aimable actrice ») interprète le 19 mars ce même rôle au théâtre de Jullien93Feuille nantaise du jour.
Nouvel amour de Claire Lacombe
Mais dans cette période financièrement difficile, Claire rencontre une nouvelle fois l’amour… L’inconnu aux lettres enflammées de l’automne 1796 est remplacé dans le cœur de Claire par un autre amoureux transi. Ce dernier, qui lui adresse lui aussi des mots doux quelquefois signés par un G…, est quant à lui identifié.
Il s’agit de Jean Gabriel Joret (ou Jorret), né rue Vaugirard à Paris le 22 octobre 177094baptisé église Sainte-Sulpice le 11 août 1771 – EC Reconstitué de Paris , petit-fils d’un notaire royal de Guyenne95Joret Jean (de Rossignol) notaire à Castel-Jaloux (Sainte-Christie). Provision d’office : 20/09/1719 (Archives Nationales : V/1/237 Pièce : 267 )et fils d’un secrétaire du Grand Louvetier en exercice de 1763 à 178796Gabriel Joret de Reulin né le 1er mars 1729 à Poussignac, marié à Paris avec Jeanne Philippe Champion (CM étude CXIXd- Louis Denis Dulion ) le 12 août 1771, habitant rue Mazarine, puis rue Vaugirard, sa pension de 2 000 semble couvrir difficilement son train de vie à lui et à ses sept enfants encore à charge lors de sa retraite. Almanach de la Cour: Seconde Édition William Ritchey Newton. De par la situation paternelle, Jean Gabriel reçoit une très bonne éducation97est-ce lui ou un possible frère qui fait paraitre en janvier 1790 dans les Annonces, affiches et avis divers ou Journal général de la France (1746-1792) référencés par Philippe Lescatv dans son ouvrage Les Maîtrises parisiennes, Éditions numériques de l’Institut de recherche en Musicologie : » Un jeune homme bien né et bien élevé, desireroit donner des LECONS d’Ecriture, de Calcul, de Mathemat et d’Ital. Il pourroit aussi enseigner les 1ers principes du violon. S’adr. à M. Joret de Reulin, rue Mazarine, n° 63 » ? (Une carte de sureté de du 5 octobre 1792 est au nom de Rémond Gabriel Joret âgé de 19 ans habitant rue Mazarine tout comme Gabriel et Jean Gabriel Archives nationales F7/4808- Généanet), d’une famille ayant reçu favorablement les débuts de la Révolution98 Son père publie sous le nom de Joret (ancien secrétaire général de la louveterie de France) Mémoire et projet de loterie patriotique en faveur de la garde nationale parisienne.
En 1794, Jean Gabriel quitte Paris pour Soissons, où il épouse le 18 août Marie Geneviève Foix, fille de boucher née à Versailles99Archives Départementales de l’Aisne E C Soissons 5Mi0908 f°134. En janvier 1795,on le retrouve comédien à Laon100« Jean Gabriel est un artiste dramatique de passage à Laon en pluviôse an III (24 janvier 1795). Il compte ensuite se rendre à Douai » https://therepsicore.msh.uca.fr/. Le 2 juillet 1795, une fille prénommée Rose Joséphine Héloïse Gabrielle nait à Douai dans le Nord101Archives départementales du Nord. Ec Douai, où Gabriel exerce le métier d’artiste dramatique.
Spécialisé dans les rôles de comique il est engagé dans la troupe de Danglas en tant que Gabriel et fait ses débuts sur les planches du Grand Théâtre au printemps 1797102ses seconds débuts sont indiqués dans la Feuille nantaise dans le rôle d’Hector dans la comédie Le joueur . Le nom de scène Gabriel est alors très répandu chez les comédiens, ce qui peut entrainer certaines erreurs.103Ainsi, Gabriel Clavel qui fut une vedette masculine du Grand Théâtre de la République la saison précédente ne semble jouer au Grand Théâtre de la République qu’occasionnellement. Un entrefilet de la Feuille nantaise indique que « Gabriel « ancien artiste de ce théâtre » joue le rôle principal dans la tragédie Guillaume Tell le 1er mars 1798Pour se différencier, le nouvel amoureux de Claire se fait parfois appeler Gabriel de Foix104Notamment dans l’adresse de ses courriers. Hommage à son épouse ? Ne l’ayant pas accompagné à Paris, est-elle décédée ?. De la carrière de Gabriel, nous savons qu’il postule en 1799 pour des emplois de « premiers comiques en tout, genre, des seconds au besoin, et dans l’opéra et vaudeville des basses-tailles (baryton) « 105Archives nationales F 17-1216. De par son appartenances à différentes loges maçonniques, on peut le suivre de ville en ville… Ainsi, il réside à Lorient en 1810106Loge l’union en 1810 Fichier Bossu, séjourne un temps à Dijon en 1811où il arrivait du Havres107Selon le fichier Bossu, est noté visiteur le 13 mai 1811 à la loge dijonnaise Les Arts réunis, et membre de celle des Vrais amis réguliers et constants du Havre. Est-ce le même Gabriel, premier comique à Rouen durant la saison 1811/1812 et y ayant joué dix années auparavant ?108J.E.B, histoire du théâtre de Rouen, T2 théâtre des arts 1800 à 1817 , Rouan , Giroux et Renaux, imprimeurs-éditeursEst-ce lui aussi que l’on revoit à Nantes pour la saison 1818/1819, où en plus de Gabriel Clavel devenu régisseur, un « Gabriel, 2eme basse-taille, premier comique est indiqué ?109Étienne Destranges, Le théâtre à Nantes depuis ses origines jusqu’à nos jours, 1430 ?-1893. Il est un fait que Gabriel reste sur les planches pour une une longue carrière et cela jusqu’à son décès en 1845110Dans l’argus théâtral et journal des comédiens du 1er mai 1845, on annonce le décès de Gabriel Jorret artiste de province https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5449082q.
Revenons à la relation entre les deux amoureux , il n’est pas certain qu’elle commence dès l’arrivée de Gabriela à Nantes. En effet, dans un ces courriers, Gabriel écrit à Claire » c’est demain jeudi… jour de bal ! jour à jamais mémorable et cher à mon cœur(…) » pouvant situer le début de de leur amour entre le 12 novembre 1797 et le 22 février 1798. En effet entre ces deux dates, des bals, le plus souvent parés111Écrire la danse / Centre de recherches sur les littératures modernes et contemporaines ; sous la direction d’Alain Montandon »un bal paré est un bal où on est admis qu’en toilette spéciale », étaient organisés tous les jeudis dans la salle du manège du Chapeau Rouge.
« Gabriel, le comique », le 1er mars 1798 a droit à une représentation de l’Avare à son bénéfice, le rôle de l’Avare étant joué par l’ancienne gloire nantaise Gourville, de retour provisoirement sur les planches pour soutenir les Artistes Réunis112Feuille nantaise du jour.
Hélas pour le couple, de grands changements s’opèrent sur la scène théâtrale nantaise. Changements qui ne vont pas être à leur avantage.
Départ pour Paris de Claire Lacombe
En effet, pour la saison suivante, les Artistes Réunis se séparent de plusieurs comédiens dont Gabriel Joret et Claire Lacombe. La manière dont cette décision de ne pas faire appel à leurs talents est présentée au public les froisse. Dans les papiers de Claire, se trouve un brouillon raturé de la main de Gabriel de Foix, réponse à un avis des Artistes Réunis du théâtre du Chapeau Rouge paru le 12 mars 1798 (12 Ventôse an VI) dans la Feuille nantaise. Cet avis indiquait la raison de la création des Artiste associés (« se soustraire à à l’impéritie ou à lâ mauvaise fois des entrepreneurs, dont trop souvent ils furent des victimes, mais aussi que cette réunion ne peut se faire que par de grands sacrifices »), et relatait leurs difficultés. Mais une phrase malheureuse « (…) ils ont senti l’avantage inestimable pour des hommes délicats de s’associer des artistes, autant recommandables par leurs talents que par leurs bonnes mœurs (…) « crée un profond ressentiment des artistes évincés :
« Nous lisons dans la Feuille nantaise du 12 ventôse, un avis des artiste réunis du théâtre du chapeau rouge qui pourrait dans sa teneur et l’amphibologie qu’il renferme faire du tort aux artistes qui ne sont pas conservés par la société future. Il nous importe en conséquence d’y répondre cathégoriquement et de nous justifier aux yeux du public d’un reproche qu’on semble vouloir nous faire du mauvais ??? que l’on veut méchamment jetter sur eux.
Nous trouverons dans l’avis cette phrase que nous transcrivons ici littéralement : ‘ils ont seulement senti l’avantage inestimable pour des hommes délicats de s’associer des artistes aussi remarquables par leurs talens que leurs bonnes mœurs.
il est constant que cette phrase ne fait nullement honneur a ceux de leurs camarades qui sont forcés de quitter une société à laquelle ils avaient droit d’etre attaché. Surtout après avoir supporté patiemment comme eux un mois d’interruption après la faillite de leur directeur, dont ils ont été tous victimes. Nous avons trop bonne opinion de nos camarades pour croire qu »ils aient eu l’intention de nous faire regarder comme des gens sans mœurs. notre conduite est à jour et nous sommes au dessus de ces vils propos, plus vils encore que la bouche qui les prétère. Quant au talent, ce n’est pas à eux à prononcer, c’est au public seul à nous juger. Nous le croyons asse juste pour pour réparer authentiquement un affront dont j’aime à le croire ils n’ont point eu dessin de couvrir leurs camarades. Nous trouvons cependant très étonnant qu’avant de jetter une défaveur sur nous, ils n’ont point fait connaitre les sujets remarquables par leurs bonnes mœurs et leurs talents, dont ils ont fait l’acquisition en remplacement de ceux qui quittent leur société. Ils ont sans doute leurs raisons et nous les devinons bien… et ils doivent nous entendre et il nous serait facile de leur prouver que si quelqu’un mérite des reproches ce n’est pas nous. D’ailleurs le public les a lus ou nous lit à notre tour, et le temps nous apprendra que justice a été rendue à qui de droit (…) »
Cette réponse parait dans la Feuille nantaise avec les signatures de Gabriel Defoy, premier comique, femme Bellavoine, Cochez, Dauteuil, Dorsan, Picard, Bremond, Galliard, F (emme). Lacombe, femme Dauteuil
Le 13 mars, les administrateurs des Artistes Réunis se fendent d’une réponse diplomatique montrant toutefois quelques tensions :
« Citoyen,
Lorsque nous avons rendu compte de notre travail relativement à la société future, nous n’avons pas prétendu élever un parallèle défavorable à aucun des artistes qui sont à Nantes ; eux-mêmes n’ont pu avoir cet idée sans être injustes envers eux, aussi bien qu’envers nous.
Nous les remercions cependant de nous avoir donné l’occasion de leur rendre le témoignage public qu’ils paraissaient désirer ; nous le faisons avec d’autant plus d’empressement que ce témoignage ne pouvant que leur être avantageux, nous nous flattons qu’ils recevront avec autant de plaisir que nous en éprouvons nous même en en satisfaisant à leur vœu
salut et fraternité »
Dumanoir, Descouvement, Termets
Malgré des demandes auprès des théâtres de La Rochelle, Brest et celui de l’Odéon à Paris, le couple ne semble pas trouver de troupe. Une proposition d’Angers du 3 avril (14 germinal) leur parvient bien, mais Claire devait partager avec une autre comédienne ses rôles de prédilection. De plus, la rétribution demandée par Claire semblait pouvoir causer un souci auprès des autres comédiens, dont un grand nombre provenait aussi de Nantes, du Grand Théâtre ou de celui de Jullien Sevin ; l’engagement ne se fait pas. En effet, de nombreux comédiens et comédiennes quittent Nantes à ce moment dont la citoyenne Valville, vedette du théâtre de Sevin qui rejoint l’Odéon à Paris113Le Courrier des spectacles, ou Journal des théâtres, 14 avril 1798, (Retronews ): Les derniers numéros de la Feuille Nantaise retentissent des regrets que fait éprouver la cit. Valville , qui vient de quitter le premier théâtre de Nantes pour entrer à l’Odéon. La cit. Desbrosses , artistes du théâtre Italien , maintenant au théâtre de Julien-Sevin à Nantes, écrit dans le numéro du 19 de ce mois pour se justifier du reproche qui paroit lui avoir été fait, d’avoir été cause du départ de cette actrice. Dans le même numéro, le cit. Julien-Sevin témoigne lui-même à ses concitoyens les regrets de n’avoir pu leur conserver la cit. Valville et on lit dans le numéro de la veille , que cette actrice a joué pour la dernière fois à ce théâtre le 13 de ce mois , et y avoit attiré un immense concours de spectateurs. On ne peut arriver à Paris avec une meilleure réputation , et l’on dit la cit. Valville en état de la soutenir..
Et ainsi, la dernière trace de Claire Lacombe à Nantes, est sa demande de passeport intérieur en date du 16 avril 1798 (27 germinal VI)114Archives municipales de Nantes, passeports pour l’intérieur 3 I 62 du 3 germinal au 13 prairial an VI p 66-67, demande de Claire Lacombe et de Jean Gabriel Joret.
Théâtre de Jullien Sevin
En fait, peu de temps après, Julien Sevin directeur du théâtres de la Nation (ou premier théâtre de Nantes) de la rue Rubens (anciennement rue du Bignon-Lestard)115A la fin de l’été 1796, la troupe du théâtre de la Nation de Jullien Sevin, spécialisée dans le Petit Spectacle et qui joue dans la salle du Bignon Lestard appartenant à la veuve Ténèbres, est confrontée à un problème de salle. A l’époque de l’incendie du Grand Théâtre, la salle du Bignon Lestard est fermée car jugée dangereuse. Les deux troupes doivent se partager l’unique salle restante, le temps que la troupe de Jullien Sevin rejoigne la salle de la rue Rubens, et les Artistes Réunis du Grand Théâtre rue du Chapeau Rouge comprenant que les deux théâtres se font une concurrence qui leur est préjudiciable116Dans un courrier de l’an 12, les administrateurs du théâtre rappelle les faits : « (...)l’impossibilité de maintenir deux entreprises, et l’envi de conserver à Nantes un spectacle dont l’utilité est reconnue dans toutes les grandes villes décidèrent les directeurs des deux salles dite de la rue Rubens et du Chapeau Rouge à faire dès l’an VI une association(…)/Archives municipales de Nantes2 r591 et 1D21, f 3, Réclamation en date du 8 nivôse an VI Jullien Sevin, demande une baisse de sa quotte part dédiée aux œuvres de charité, ayant peu de recettes dans sa salle de spectacle rue Rubens, excepté lors de représentation de comédiens parisiens mais le cachet de ces dernier l’emporte sur le bénéfice, il souhaite aussi avoir l’autorisation de donner des bals tant au Cirque qu’au Wauxhall jusqu’au 1er germinal. Il est décidé que durant l’hiver le troupe joue dans la salle Rubens plus grande et plus chaude, Celle du Chapeau Rouge est réservée pour l’été, période de moindre affluence R 583 » (…) courrier des propriétaires de la salle Ruben de l’an 12 « Le Sr Sevin prit alors à ferme les autres (salles de spectacle) à la condition de faire jouer la comédie l’été et l’automne dans celle du Chapeau Rouge et les deux autres saisons dans celle rue Rubens , cet arrangement reçut l’approbation de la municipalité au conditions d’augmenter les issues à celle de la rue Rubens(…) »s’associent.
Car même si le 21 juin 1795 (3 messidor an V), la troupe de Sevin joue le concert de la rue Feydeau, aux connotations politiques anti muscadines entrainant un tapage prolongé 117Karine Large, Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, p 203 :(…)Puis c’est le tour du Concert de la rue Feydeau, pièce se moquant des muscadins, qui a donné lieu à un tapage prolongé. Elle est interdite le lendemain de sa représentation, le 22 juin 1795(…) elle propose régulièrement des pièces inciviques, voire réactionnaires118Même après le 18 fructidor, Sevin continue à produire des pièces réactionnaires comme Elise dans les Bois qui est interdite le 16 décembre 1797 (29 Frimaire An VI ) par la mairie(Archives municipales de Nantes. 1D 20 f°187). A son sujet, l’administration départementale avait écrit la veille à la municipalité que son théâtre était « une école d’incivisme » (…) »Plusieurs citoyens éclairés et sages, nous ont fait part de leurs inquiétudes sur les effets des représentations qu’on affecte de donner au premier théâtre de notre ville. Le directeur de ce spectacle a souvent mérité des reproches : il semblait, avant le 19 fructidor, que son théâtre avait été choisi pour école d’incivisme. Nous ne pouvions concevoir alors comment des Français pouvaient prendre plaisir a se rappeler les détails affreux d’un régime violent, se réunir pour s’exciter à la vengeance à l’aide des exagérations dramatiques, et se réjouir comme des sauvages en applaudissant tumultueusement aux chants de mort, à tous les cris de vengeance. Nous ne tardâmes pas à découvrir le but de ce système i il fallait déshonorer la révolution, avilir le nom de patriotes et si l’on était parvenu à attribuer aux républicains les crimes dont la révolution a été le prétexte, si l’on était parvenu à faire croire que chaque individu a le droit de venger ces crimes, on en aurait conclu que tous les républicains sont dès scélérats, qu’ils sont dignes de mort, et notre pays eût été couverts d’assassinats. » Nous crûmes, en conséquence, devoir empêcher la représentation de l’Intérieur des Comités. On reprend aujourd’hui les mêmes errements. Cette pièce d’Elise dans les bois tende la même fin et si, comme nous le pensons, ce n’est pas là l’intention de l’auteur, il suffit que l’esprit de parti ou la malignité puisse en profiter, pour que sa pièce soit dangereuse. Que l’ami de la patrie ne doit pas désirer que toutes ces haines s’éteignent, que d’aussi cruels souvenir s’effacent, et que l’histoire ne puisse retrouver les moment de cette époque honteuse! Et si on invoquait contre le royalisme les massacres de Machecoul, de Marseille, d’Avignon, tous les meurtres, toutes les cruautés horribles que cette faction a commis pendant la guerre civile et si tous les partis faisaient ainsi l’appel de leurs pertes et de leurs victimes, on rougirait peut être d’appartenir à l’humanité, et l’on parviendrait à prouver la justice d’une proscription générale de l’espèce. Travaillons au contraire, à soutenir la dignité de l’homme, à rappeler la concorde, à obtenir enfin, par la sagesse et la modération, la paix au milieu de nous, après l’avoir donnée à l »Europe par nos armes et notre courage, Ces considérations nous portent à vous inviter à défendre la représentation d’Elise dans les Bois, faits historique du 14 thermidor (pièce en un acte de Ségur le jeune) » comme l’Intérieur des Comités (révolutionnaires).
L’Ami des Principes du 19 janvier 1798 fait part d’un article communiqué par un correspondant nantais déclarant concernant Sevin119 L’Ami des Principes du 19 janvier 1798, (Retronews) : « Nantes , 25 nivôse. La protection que le journal de Nantes semble accorder au directeur du premier théâtre de cette ville, ne changera pas les dispositions de l’arrêté de l’administration centrale de la Loire inférieure du 25 frimaire , ni celle de la loi du 9 du même mois, relative aux ci-devant nobles. 1°. On voit dans l’arrêté que ce directeur avait fait de son théâtre une école d’incivisme avant le 18 fructidor, et que les autorités constituées avaient été obligées de lui interdire la représentation de l’Intérieur des Comités, cette pièce infâme qui semble n’avoir été composée qu’à dessein de perpétuer la guerre civile parmi nous, et de relever le trône du tyran sur les restes palpitans des républicains. On voit enfin dans le même arrêté, que le directeur n’a pas changé de principes depuis le 18 fructidor, et qu’il a repris depuis cette époque fameuse, son plan anticivique, en donnant le drame d’Elise dans les bois. Ce qu’il a pu faire de merveilleux depuis la paix continentale, ne prouve donc rien en sa faveur, et ne doit être considéré que comme l’effet des circonstances qui le lui ont arraché. Son prétendu patriotisme n’est donc qu’un sentiment factice, qu’il aurait bientôt oublié, si les réacteurs pouvaient encore une fois endormir le gouvernement et les vrais républicains qui n’ont jamais varié dans leurs principes ni dans leur conduite (…) article communiqué).:
« (…)Son prétendu patriotisme n’est donc qu’un sentiment factice, qu’il aurait bientôt oublié, si les réacteurs pouvaient encore une fois endormir le gouvernement et les vrais républicains qui n’ont jamais varié dans leurs principes ni dans leur conduite(…) .
Est-ce la raison pour laquelle Claire Lacombe n’est pas choisie ? Ou lassitude du public après deux ans dans les mêmes rôles ?
Suite de la carrière de Claire Lacombe
Arrivés à Paris, semble-t’il sans contrat, Claire et Gabriel logent dans la maison garnie de Bretagne au 88, rue Saint André des Arts (division du théâtre français). Mais ne pouvant régler à la propriétaire la veuve Lecuis la somme de trois cent quatre-vingt six Livres cinq sols, cette dernière, le treize prairial an VI (1er juin 17998) fait saisir leurs malles encore conservées au service des Messageries. Gabriel peut récupérer son bien en date du 15 mai 1799 (26 floréal an 7 ). Ce qui n ’est pas le cas pour Claire, et ainsi une partie de la correspondance qu’elle avait reçue, son contrat avec Danglas, des reconnaissances de dettes… sont parvenus jusqu’aux historiens.
Si Gabriel peut récupérer sa malle en mai 1799, ceci est probablement dû à l’avance d’un contrat. En effet, fin 1799, toujours en couple avec Claire Lacombe, il joue certainement au Théâtre de la République à Orléans. De cette ville, le 5 décembre 1799 (14 Frimaire an VIII), Gabriel postule au nom de Claire pour des » premiers rôles, tragiques et comiques, les reines et les mères humbles » et pour lui-même de « premier comique en tout genre, de secours au besoin et dans l’opéra et les vaudeville de basse taille » dans la troupe de théâtre devant jouer en Egypte120Archives nationales F 17- 12 -16. Hélas pour eux, ce projet ne voit pas le jour121Philippe Bourdin Théâtre et sociétés dans la France de la Révolution, divertissement et acculturation en temps de campagne, le théâtre français en Egypte(1798-1801) Dix-huitième siècle, 2017/1 (n° 49), p. 159-180. DOI : 10.3917/dhs.049.0159. URL : https://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2017-1-page-159.htm.
Claire Lacombe continue un temps sa carrière de comédienne. Elle effectue ses seconds débuts en 1801 au théâtre du Marais122Moniteur universel du juillet 1801, (Retronews) : » Mlle Lacombe fera son second début par le rôle de la Femme jalouse » et Journal de Paris : « Mme Lacombe fera son troisième début par le rôle de Clytemnestre ». Dernières traces d’elle sur les planches123 Dictionnaire des dictionnaires : lettres, sciences, arts, Volume 5 de Guérin de 1892[63] : « C’est en vain qu’un entrepreneur du nom de Chamin chercha à le rouvrir en l’an VI; son essai ne réussit pas. Quelques artistes comme Moessard, Chazel, Mme Lacombe lui rendirent momentanément un peu de vie en l’an X, mais il fut obligé de fermer définitivement en 1807″, la réforme du théâtre de Napoléon est-elle fatale à sa carrière de comédienne124Profitant d’une loi sur la liberté des théâtres, sous l’impulsion de Langlois de Courcelles et financé par Beaumarchais le théâtre du Marais fut construit en 1791 avec des matériaux dit-on récupérés de la prise de la Bastille (pilastres et chapiteaux) et y étaient représentés des spectacles révolutionnaires, dont la Mère coupable de Beaumarchais. il dut fermer en 1807 par ordre de Napoléon conformément à sa nouvelle loi sur les spectacles ? Jusqu’à maintenant nous ne retrouvons le nom de Claire Lacombe que lors de son admission, puis son décès à la Salpêtrière125Petite note d’humeur ou d’orgueil mal placé. A la vue du nombre d’heures passées à compulser les archives parisiennes, j’aurai apprécié que le contributeur ou la contributrice de Wikipédia concernant la page consacrée à Claire Lacombe cite mes articles, certes ce n’est qu’un blog, mais le travail de recherche était là….
En conclusion,
On peut penser que le choix de Nantes de Claire Lacombe pour son retour sur les planches était un choix de citoyenne engagée, tout comme celui de 1793 pour Mayence. Les entrepreneurs nantais l’ayant recrutée, en plus de son talent reconnu, l’ont certainement choisie sciemment pour jouer entre autres dans les pièces patriotiques demandées par les autorités126comme l’écrit Cédric Triolaire dans son article Entre divertissement et politisation, la vie théâtrale nantaise face aux bouleversements du temps révolutionnaire, p 136 : « concilier divertissement et mission patriotique« . Et, durant le premier trimestre 1796, lorsque les royalistes et les néo jacobins s’écharpaient entre autres durant les représentations théâtrales, on peut sincèrement supposer qu’ elle ait été certainement un symbole « maratiste » chahuté par le camp adversaires, mais aussi soutenu par les siens.
Malgré de longues recherches dans les archives nantaises, aucune trace d’un combat politique de Claire ne fut trouvée. Ce ce qui ne veut pas dire qu’elle ne militait plus. Claire Lacombe semblait toujours posséder une certaine influence et de nombreux Nantais devaient avoir connaissance de son passé révolutionnaire. Lorsque Fourmy le dénomme comme un » « femme extrême dans ses passions (…)la rendent intéressante et la font chérir(…) », parle-t’ il son caractère ? ou pouvons nous penser de ses opinions politiques ?
Même si Claire Lacombe est reconnue comme une grande tragédienne, il est vrai que le « théâtre révolutionnaire » dans cette seconde partie du Directoire tend à disparaitre à à Nantes avec l’entrepreneur Jullien versant dans le « tiédisme »127 Cédric Triolaire, Entre divertissement et politisation, la vie théâtrale nantaise face aux bouleversements du temps révolutionnaire p 139 : (…)les visions politiques – militantes -, des uns et des autres trouvent alors à se jouer et à s’exprimer activement entre scène et foyer avant d’être modérés après thermidor, de se concilier après l’incendie du Grand théâtre et d’être minorées – tues ? – avec le rapprochement de deux grandes troupes locales à compter de 1797 entre les rue Rubens et du Chapeau Rouge. (..) . Et ces deux années passées à Nantes, entre l’incendie du Grand Théâtre, les élections législatives gagnées par les royalistes, la fuite de Danglas, ses dettes et le non renouvellement de son contrat laissent certainement à Claire un goût amer.
Bibliographie sélective
Patrick Barbier, le théâtre Graslin : entre XVIIIè et XXIè siècles , 303, n°52, 1997, Br. In-4° 541
Philippe Bourdin, Liberté pour le théâtre, citoyenneté pour les comédiens (1789-1792), dans la revue La Révolution française : http://journals.openedition.org/lrf/5809
Alain Delaval, Le théatre Graslin à Nantes, éditions Joca seria
Étienne Destranges, Le théâtre à Nantes depuis ses origines jusqu’à nos jours, 1430?-1893, Fischbacher, Paris, 1893, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5626647b
Anne-Claire Déré. Histoire du premier grand théâtre de Nantes .2eme partie , Le Grand théatre de la République (1788-1796)], Bulletin de la Société Archéologique et Historique de Nantes et de Loire Atlantique, 1988 tome 1243,p127
Karine Large, Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, colloque Les arts de la scène et la Révolution française
J.C Renoul, Graslin et le quartier de Nantes qui porte son nom, Nantes, 1860, p. 469-578; 23 cm
J.C Renoul, Incendie du Grand-Théâtre de Nantes (24 aout 1796),Nantes, s. d. 37 p 147 J In-8° 853
Suzanne Rochefort, vies théâtrales, le métiers de comédiens à Paris entre Lumières et Révolution, Champ Vallon, 2024
Cyril Triolaire, Reconstruire après l’incendie. Modèles, normes, contraintes et enjeux des nouveaux projets de (re)construction de salles de spectacles en province entre Révolution et Empire.. L’État en scènes. Théâtres, opéras, salles de spectacles du XVIe au XIXe siècle. Aspects historiques, politiques et juridiques, Juin 2017, Amiens, France. p.97-110. ffhal-01834194f https://uca.hal.science/hal-01834194/document
Cyril Triolaire, Troquer ses anciens habits pour ceux d’artiste de scène entre Révolution et Empire. Une reconversion socioprofessionnelle durable ? », Siècles http://journals.openedition.org/siecles/3943
Cyril Triolaire, Entre divertissement et politisation, la vie théâtrale nantaise face aux bouleversements du temps révolutionnaire, actes du colloques Nantes révolutionnaire, ruptures et continuités (1770-1830) édités par Pur,2021
Notes
- 1Même si Claire Lacombe commence à l’âge de 22 ans, la première trace de sa carrière est en septembre 1790 à Lyon, lorsque Halem dans Paris en 1790 , Voyage de Halem, édité en français en 1896, (Troisième lettre) écrit : « Mlle Lacombe, actrice de Marseille, avait désiré débuter à Lyon dans Sémiramis, mais le directeur ne l’avait pas agréée. Le parterre réclama Mlle Lacombe à grand fracas, et le tapage ne cessa que lorsque le directeur se présenta et donna satisfaction au parterre en consentant au début de la comédienne.«
- 2Avec les changements apportés par la loi Le Chapelier espérait-elle trouver un engagement sur Paris et son intervention devant l’Assemblée nationale en juillet était-il un moyen de se faire connaître ? Hypothèse envisagée par Léopold Lacour dans son article, Les origines du féminisme contemporain : Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt, Rose Lacombe, Paris, Plon, Nourrit et Cie, 1900, 432 p
- 3Rappelons que c’est la Révolution qui donna aux comédiens et comédiennes, leur place de citoyens et citoyennes, voir à ce propos le chapitre la naissance de l’artiste citoyen en Révolutions de l’ouvrage de Suzanne Rochefort, vies théâtrales, le métiers de comédiens à Paris entre Lumières et Révolution, Champ Vallon, 2024 et de Philippe Bourdin, Liberté pour le théâtre, citoyenneté pour les comédiens (1789-1792), dans la revue La Révolution française : http://journals.openedition.org/lrf/5809
- 4Malgré sa déposition lors de son arrestation arguant le contraire, voir article Que devient la Citoyenne Républicaine Révolutionnaire Claire Lacombe après la Révolution ? sur ce même blog
- 5Le Journal de Paris du 2 novembre indique que la citoyenne Lacombe débute (pour mieux comprendre la notion de débuts au théâtre se référer à l’ouvrage de Suzanne Rochefort, vies théâtrales, le métiers de comédiens à Paris entre Lumières et Révolution, Champ Vallon, 2024 pp307-314) au Théâtre de la République par le rôle de Séminaris ; Celui du 13 novembre 1792 relate qu’au même théâtre, en date du 13 novembre, elle joue le rôle de Cléopâtre dans la Tragédie du même nom; celui du 16 du même mois note que la citoyenne Lacombe continue ses débuts dans le rôle de Phèdre, et dans la 3eme représentation du Patriote du 10 août, comédie nouvelle. « Le 19 novembre la comédienne Lacombe continue ses débuts dans le rôle d’Agrippine et le Médecin malgré lui (n° 323 du Journal de Paris du 19 novembre 1792 Google book). Le Mercure Universel du 19 novembre indique : « La citoyenne Lacombe vient de débuter par le rôle de Phèdre. Elle a un beau physique, de l’entendu dans l’organe; elle paraît entendre la scène »(Retronews)
- 6Vilate emprisonné après Thermidor la retrouve échoppière dans la prison : » (…) On a vu la cuisinière de Menzicof devenir impératrice de Russie ici c’est Rodogune devenue boutiquière. Se rappelle-t-on la célèbre Lacombe, actrice renommée et présidente de la société fraternelle des amazones révolutionnaires c’est elle qui s’est établie échoppière, pour l’approvisionnement des menus plaisirs des prisonniers d’état, ses compagnons d’infortunes. Etrange effet des idées vulgaires de détail et de profit. Avant qu’elle eût pris ce parti, la tête haute le regard fier la marche imposante, on l’auroit crue sur la scène prête à jouer ses rôles maintenant simple, gracieuse aux acheteurs ce n’est plus qu’une petite bourgeoise modeste tirée à quatre épingles et sachant débiter sa marchandise au plus haut prix (…) (Les mystères de la mer de Dieu dévoilés : troisième volume des causes secrètes de la Révolution du 9 au 10 thermidor-1794- p 141 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k41182g
- 7Archives nationales, T//1001/2 contrat d’engagement de Claire Lacombe rédigé par Jacques Deroche, pour un appointement annuel de trois mille Livres
- 8Il est indiqué dans une feuille intitulée moyens de subsisté de la citoyenne Lacombe avant la révolution et après, dans son dossier d’incarcération : « pendant les passe du temps où elle fut sans place, elle vécut de ses propres effets (…) et En fait ne pouvant plus subsisté de son état, elle sollicita de l’emploi dans Paris, mais son républicanisme bien reconnu l’an léloigna (sic), et au moment de son arrestation, elle était engagé pour Duneville (nom révolutionnaire de Dunkerque) »
- 9Feuille du Salut public du 16 mars 1794 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2792575m
- 10Les dates de clôture d’un théâtre étaient de la veille des Rameaux au lendemain de Quasimodo (premier dimanche après Pâques)
- 11. Archives Nationales, W77 – 7- Déclaration de Julie-Elisabeth Challa, femme de Jean-François Mellet, demeurant rue Bouché, n° 2 du 27 ventôse (Elle était veuve en 1eres noces de François Maubet de Riou, contrôleur ambulant des Messageries Royales décédé à Lyon en 1782 et épouse de Jean François Mellet ancien musicien de Versailles). C’est ce que laisse sous-entendre aussi, en date du 9 prairial an II, le témoignages de la citoyenne Lemoce indiquant que Claire Lacombe avait déclaré à la tribune de la Société « vous êtes effatuées (infatué) et enthousiasmées par Robespierre que je ne regarde que comme un simple individu » et l’avait accusée d’effectuer des « sorties très vigoureuses contre les marchands de Paris » à l’instar d’Hébert. Archives nationales F7 47-56, dénonciation de la citnne Lemoce pour avoir avoir « lâché des propos contre Robespierre et d’avoir proposé le renouvellement de l’a Convention »
- 12De nombreuses amies ont sollicité par courrier sa libération dont Victoire Capitaine et Justine Thébaud, Archives nationales F7 47-56 , pétitions demandant la libération de Claire Lacombe
- 13Archives nationales F7 47-56,
- 14Alors marchande mercière, rue des Prouvaire, maison du marchand distillateur Sauvel
- 15Etienne Destranges, Le Théâtre à Nantes : depuis ses origines jusqu’à nos jours, 1430-1901 p 53 :« Ferville céda la direction du Grand Théâtre aux sieurs Violette, Monlavai, Duboscq et Cie, le 23 floréal an III.«
- 16La troupe rencontre de grosses difficultés financières à ce moment-là. Karine Large, Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, colloque Les arts de la scène et la Révolution française: « Les difficultés ne tardent pas à recommencer si l’on en croit les registres de l’administration municipale en date du 11 frimaire an IV (2 décembre 1795). Une supplique des directeurs du spectacle l’atteste : » Ils demandent pour et au nom de leurs artistes et ouvriers une livre et demie de pain par jour qui serait payée à la caisse de la commune au prix de celui que l’administration municipale fait délivrer aux indigents ». Les artistes sont donc réduits à l’indigence et la municipalité le reconnaît en prenant l’arrêté suivant : « Que les artistes et ouvriers du théâtre dont les dépenses sont grandes seront considérés comme indigents de la commune et recevront en conséquence pour eux et leur famille la ration de pain accordée par la liste aux indigents de la cité »
- 17Mis au mont-de-piété par son amie Justine Thébaud le 2 floréal an II « quatre manteaux de théâtre, dont un en velours bleu et trois en satin blanc deux robes de satin deux robes de gros de Naples et une tunique bleue » Archives nationales, T//1001
- 18Il semble bon d’indiquer pour nuancer la vision que l’on peut avoir sur la radicalisme de Claire Lacombe, que lorsqu’elle fut dénoncée, une des accusations contre elle, fut qu’elle regrettait que du sang français coule à Lyon.
- 19Karine Large, Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, p191 : (…)Lors de la saison théâtrale de 1795-1796, le directeur du théâtre Graslin disposait de quarante-quatre artistes dont douze femmes. Les femmes sont alors trois fois moins nombreuses que les hommes au sein de la troupe. La moyenne d’âge des artistes de cette salle est 36,5 ans, chiffre relativement élevé accusant la quasi-absence de jeunes artistes. Elle est d’un peu plus de 39 ans pour les hommes et de 29 ans pour les femmes. Les actrices ne sont pas nombreuses et elles sont beaucoup plus jeunes que les acteurs. Le plus âgé des acteurs a 70 ans et le plus jeune a 18 ans. La plus jeune des actrices a 18 ans et la plus âgée 39 ans. La carrière des hommes dure beaucoup plus longtemps que celle des femmes(…)
- 20Arthur Young, Voyages en France en 1787, 1788 et 1789,A. Colin, Paris, 1931, p 242 (,Gallica)
- 21et même occasionnellement des comédiens parisiens. Karine Large Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, p 204:– « (…) (de )grands noms des planches parisiennes comme Saint-Fal, Résicourt ou Dugazon, n’hésitèrent pas à s’y produire pour quelques représentations(…).
- 22Archives nationales T//1001/2, contrat de Claire Lacombe avec Monlavet
- 23Le 11 mars, son arrestation y est annoncée
- 24L’arrestation de Charette est détaillée dans le numéro du 1er avril (12 germinal), et son interrogatoire fait l’objet d’un supplément au n°199
- 25Les entrepreneurs du Grand Théâtre demandent pour cette représentation l’autorisation d’obtenir plus de poudre pour « l’artifice et l’usage de certaines pièces mises dans leur théâtre Notamment dans celle des Emigrés à Quiberon, qui en fait une grande consommation », lettre du 13 thermidor an III de Violette et Duboscq à la municipalité. Archives municipales de Nantes 2R590
- 26Voir à ce sujet de Suzanne J Bérard, Vendéens et Chouans dans le théâtre de la Révolution, Vendée, chouannerie, littérature: Actes du Colloque d’Angers 12-15 décembre 1985 / Claude Debauve, Les événements de l’Ouest et le théâtre révolutionnaire, Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 67, 1990, p. 151 note 11 : « nous n’avons pas pu parler d’une dernière pièce, la prise de Charette, comédie en deux actes en prose par le citoyen Jacques François Mazas dit le brave, alors chef de brigade (colonel)à la 34° demi-brigade (1765-1805) tué à Austerlitz. Ce ‘fait historique’ a été publié à Nantes en l’an V et joué au théâtre de cette ville, mais il n’en existe aucun exemplaire à la B.N ou à l’Arsenal et celui de la bibliothèque de Nantes que nous avions cru pouvoir consulté n’a pu être retrouvé »
- 27Le 12 mars (22 ventôse), les directeurs des deux théâtres reçoivent l’ordre. cf. Feuille nantaise du jour « De faire jouer chaque jour par son orchestre, avant le lever de la toile, les airs chéris des républicains, tels que la Marseillaise, Cà ira, Veillons au salut de l’empire et le Chant du départ. Dans l’intervalle des deux pièces, on chantera toujours l’hymne de la Marseillaise, ou quel qu’autre chanson patriotique. Il est expressément défendu de chanter l’air homicide : Le Réveil du peuple. L’administration charge les commissaires de police de veiller & l’exécution du présent (…). Notons que cet arrêté est quasi la reproduction du décret du 4 janvier 1796 concernant les salles parisiennes
- 28Il avait été adjudicataire en société du bail à ferme de la salle de spectacle de la commune au printemps 93, et avait pu à la vue des évènements être exonéré de loyer. Archives municipales de Nantes, 2 R590 Recettes du loyer de la Comédie émis par le trésorier de la ville de Nantes en date du 4 octobre 1793, adjudication du bail à ferme de la salle de spectacle de la ville de Nantes au profit du citoyen Danglas le 28 février 1793. Archives municipales de Nantes. 2 R591.
- 29Feuille nantaise du 17 avril (n°208)
- 30Trente sous la place aux premières loges et aux parquets, vingt aux secondes loges, douze au parterre et au troisièmes, six aux quatrièmes – 1789-1889 : Léon Brunschvicg, Éphémérides nantaises du centenaire de la révolution
- 31Archives départementales de Loire-Atlantique. 44 2 O 109- art 91 19 fructidor an IV, rapport de Beaufranchet, président de l’administration municipale et commissaire du directoire exécutif
- 32lettre du maire de Nantes Bertrand-Geslin au préfet en date de de 1813 : « l‘incendie eut lieu le 24 aout 1796. Les bassins étaient vides d’eau car ils étaient seulement alimentés seulement par les eaux pluviales. La longue sècheresse qui avait régné pendant cet été avait absorbé ces eaux(…). »cité par Alain Delaval dans Le théâtre Graslin à Nantes, éditions Joca seria p 80
- 33Ce chiffre est dû entre autres au fait que le théâtre comportait de nombreuses issues devant permettre une salle pleine d’être vide en cinq minutes. Les victimes étaient : un danseur du ballet nommé Galipaud, un menuisier machiniste Cascagne, Anne Louise Patrix Veuve Doussaint, belle-mère de François Robert coiffeur du spectacle ainsi que la belle-fille de ce dernier âgée de cinq ans et demi, Anne Laure Robert, la femme Dolbau portière d’une des portes, la fille d’un dénommé Vivien cordonnier de la rue de Santeuil. Le corps d’une jeune femme ne fut pas identifié
- 34Tous les témoignages corroborent l’accident. Parmi les personnes interrogées notons : Mlle de Saint-Julien artiste, Massy artiste et régisseur, Dumanoir acteur, Saint-Amand acteur, Clavel dit Gabriel acteur…
- 35Théâtre du Vaudeville à Paris : « au profit des artiste incendiés de Nantes, Colombine mannequin, la chaste Suzanne, Ziste et Zeste » Le Miroir, 12 septembre 1796. / « Théâtre lyrique des amis de la patrie, ci-devant de la rue Louvois, Aujourd’hui au profit des artiste incendiés de Nantes l, Sapho, Le suspects, on commence à 5h1/2 » , Journal de Paris, 9 septembre 1796 / Histoire du théâtre français en Belgique, depuis son origine jusqu’à nos jours : d’après des documents inédits reposant aux archives générales du royaume :« (…)La troupe du théâtre de Bruges fut autorisée à s’y installer. Elle termina par un spectacle au bénéfice dès artistes de Nantes, victimes de l’incendie de leur salle.«
- 36Archives nationales T//1001/2. Très certainement des anciennes membres des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires
- 37. En 1795, la veuve Decoëne louait plusieurs appartements à cette même adresse si l’on en croit les annonces de la Feuille nantaise
- 38Archives départementales de Loire Atlantique L138 f°69, correspondance du secrétariat du bureau de l’administration centrale en date du 9 fructidor an IV et à l’intention du ministère de l’Intérieure »(…)Il nous est impossible de constater les pertes, l’administration municipale s’occupe de les constater, les moins douteuses sont aujourd’hui celles des artistes dont quelques uns occupaient les appartements ménagers sur les côtés de la comédie ou qui avaient transporté dans leurs loges leurs garde-robes et leurs plus précieux effets »(…)
- 39Archives municipales de Nantes. 4M38. Notamment dans une offre du 11 janvier 1797, l’ancien directeur Ferville, affirmant qu’ayant subi des pertes pendant les guerres de Vendée demande aussi la reconstruction du théâtre et son exploitation par lui-même, mais sa demande est considérée comme illégitime par les autorités locales, n’ayant pas de fonction sur Nantes au moment de l’incendie.
- 40Cyril Triolaire, Entre divertissement et politisation, la vie théâtrale nantaise face aux bouleversements et aux affres du temps révolutionnaire, sous la direction de Yan Lignereux et Hélène Rousteau-Chambon – Nantes Révolutionnaire – Ruptures et continuités (1770-1830)- Pur-2021 -bp 131:« (…) Car en Révolution, la vie théâtrale nantaise est secouée par la destruction par le feu de son grand théâtre inauguré en 1788. Nantes perd en effet, dans les flammes de la soirée du 24 août 1 1796, l’outil local le plus moderne de production de spectacles. La ville voit alors disparaitre l’espace privilégié de la régénération civique engagée les années précédentes et dont la mission vient d’être réactivée par le décret du 4 janvier 1796. Espace public de divertissement, le théâtre vit au rythme d’une ville en Révolution insérée au cœur de l’une des régions les sensibles du pays. Scène ouverte aux créations patriotiques vantant les nouvelles valeurs de la République et de ses héros et offrant à lire les enjeux politiques régionaux entre 1792 et 1794, Le grand Théâtre « dépolitise » progressivement son répertoire les années suivantes. Sa destruction n’en pose pas moins la question de la disparition d’un espace privilégié de la promotion républicaine. La recomposition de la vie théâtrale locale après août 1796 se pose tout à la fois en terme politique et culturel (…)
- 41En 1784, Jacques Béconnais industriel fit bâtir en 1784 la salle du Chapeau Rouge servant de salle de cirque et de spectacle. Ces locaux furent réquisitionnés en 1792 et la salle du cirque servit d’usine à chaussures. Notons que Béconnais fut un des 132 Nantais envoyés à Paris, il y décéda avant leur acquittement
- 42Ainsi la salle est peinte en bleue et garnie de deux rangs de loges en baignoire.
- 43Médiathèque Jacques Demy de Nantes – Feuille nantaise de 1796, réserve patrimoine M ic 18
- 44Feuille nantaise du 19 novembre 1796-Feuille nantaise de 1796, réserve patrimoine M ic 18
- 45Versatilité du public ou cabale politique ? car elle avait fait ses débuts réussis dans le même rôle le 13 floréal, et y rencontre de nouveau un succès au printemps 1797
- 46la Feuille nantaise du 12 mars 1796 en ligne sur les site des Archives départementales de Loire-Atlantique,
- 47Notons que le comédien Massy lors d’une représentation le 28 nivôse an V (17 janvier 1797)eut des propos n’étant pas dans le texte de la pièce et ayant « insulté « le public (en fait des jeunes selon la Feuille nantaise ; doit-on y voir des muscadins ?), fut menacé de trois jours de prisons comme le prévoyait le règlement. Archives municipales de Nantes. D19f°86
- 48Archives municipales de Nantes , administration municipale de Nantes, 1796-1797 1D19 f°96-97-98. Concernant cette période, l’incident avec Claire Lacombe est le seul concernant un(e) comédien(enne)qui est relaté aussi longuement.
- 49le brouillon de cette lettre adressée à Claire Lacombe et écrit de la main de Mazuel est conservé aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle. L4016
- 50Le Créole patriote du 17 septembre 1793, (Gallica) : « (…)Chabot rend compte ensuite des propos que la citoyenne Lacombe , présidente de la société des femmes révolutionnaires, a tenus sur lui et sur Robespierre, qu’elle qualifie de monsieu , ainsi que lui. Cette citoyenne s’étant introduite dans le couloir de la salle de l’assemblée. demanda à Chabot ce qu’on prétendait faire de Rey, ex-noble, maire de Toulouse , en faveur de qui elle s’intéressa beaucoup, malgré les raisons que Chabot lui apporta pour prouver que ce maire avait tenu la conduite d’un contre-révolutionnaire, en incarcérant et faisant fusiller les meilleurs patriotes de Toulouse, en voulant même faire le siège de la société populaire de cette ville. La citoyenne Lacombe , persistant pour le maire de Toulouse, dit que c’était moins pour lui que pour son neveu dont elle avait admiré le patriotisme ;(…)
- 51Selon l’accusatrice précédemment cité Lémoce, Pauline Léon lui aurait confié que Claire Lacombe et Jean Théophile Victoire Leclerc avait bien entretenu une liaison : « eut connaissance que la Nmée lacombe à couché chez elle un nommé Clairdose dit Leclerc comme, pour un intrigant, qui voulait alors leur faire croire qu’il était poursuivi par la commission des douze, était plutôt soupçonné d’en être un des ppaux agents, et d’ailleurs la noé Lacombe a prouvé combien cet homme était immoral en mantant (sic) aux jacobins qu’aux électeurs et à la tribune des Cnnes Révolutionnaires, qu’elle a jamais retirée aucun homme chez elle, c est à dire depuis 18 mois, pas même Leclerc, depuis pourtant elle est convenue lorsqu’elle fut convaincue par Léon, depuis femme du dit Leclerc, en cette même société, qu’elle avait réellement couché ce dernier. »
- 52Le 10 août 1798, La clef du cabinet des souverains (Retronews) publie son chant dithyrambique intitulé 10 août (journée où Claire Lacombe s’illustra).
- 53Archives nationales, T//1001/2
- 54Courrier français du 27 sepbre 1793
- 55néo jacobins souvent issus des troupes armées en stationnement à Nantes. ou anciens soldats nantais de la compagnie Marat ayant été aux ordres de Carrier
- 56Gazette nationale ou le Moniteur universel du 19 septembre 1798,( Retronews)
- 57Notons, qu’à Nantes en cet hiver 1796-1797, de nombreux établissement ont obtenu des autorisations pour tenir des bals jusqu’au 1er germinal, entre autres un au 59 rue Rubens, un cours du Peuple, un autre dans un ancien billard…Archives municipales de Nantes. I2C52D12
- 58tenu par Loiseau qui avait obtenu le 21 pluviôse l’autorisation de rester ouvert jusqu’à 5 heures du matin, à l’unique condition de ne pas accueillir des personnes masquées. Archives municipales de Nantes. 1D19 f°108
- 59Pierre Foucaud de la compagnie Marat acquitté pour sa participation aux noyades lors du procès dit de Carrier avait un frère Claude Clair tonnelier, marchand de vin
- 60Très certainement le Lavigne cadet tué par la légion d’Aspe en mars 1791à Toulouse (La fin de la légion d’Aspe à Toulouse (1791, article paru dans la Revue de Gascogne [Texte imprimé] : bulletin mensuel du Comité d’histoire et d’archéologie de la province ecclésiastique d’Auch (1901)
- 61F J Verger, archives curieuses de la ville de Nantes et des départements de L’Ouest: Pièces authentiques inédites, ou devenues très rares, sur l’histoire de la ville et du Comté de Nantes et de ses environs, Volumes 1-3-1937-p 410 : »des renseignements ultérieurs nous ont appris que la cause de l’évènement ci-dessus a pour principe la haine prononcée des sectaires de la compagnie Marat contre les jeunes gens portant l’habit carré, les cheveux retroussés et de très gros mouchoirs au col ».
- 62Archives municipales de Nantes 1D19f°110 111 :l’administration municipale, instruite par différents rapports et procès-verbaux des commissaires de police, que depuis quelques temps, il s’est manifesté, tant au Waux-hall que dans plusieurs caffés et autres lieux publics, un esprit de parti qui a occasionné, sous le prétexte frivole de la différence des costumes, des scènes vraiment scandaleuses par les provocations et les désordres qui en ont été la suite ; Que ces dissensions sont principalement envenimées par des dénominations réciproquement injurieuses que prodiguent, indistinctement, des gens d’un caractère turbulent et querelleur à tous ceux qui leur déplaisent ; Considérant combien ses semences d’animosité peuvent devenir dangereuses si on les laisse fermenter, si la surveillance la plus active ne les empêche de se propager, et combien il est urgent que la police sévisse contre ceux qui les fomentent, prévient ses concitoyens qu’elle est très déterminée à ne pas souffrir que la diversité d’opinion qui paroît exister entre ceux qui fréquentent les bals, spectacles et autres lieux publics à troubler en aucune manière la tranquillité de cette commune. En conséquence persuadée que tout ennemi d bon ordre est un mauvais citoyen que c’eut par les actions, et non par la forme des vêtement que l’on ne peut des bonnes et mauvaises dispositions d’un homme quelconque
- 63Archives municipales de Nantes.1D19 f°109. Le règlement intérieur est renforcé, notamment concernant les« incidents provoqués par des spectateurs ne souhaitant pas enlever leurs hauts chapeaux »
- 64Archives municipales de Nantes I1C53D2/1d19f147 rapport du 3 germinal an V
- 65Archives municipales de Nantes I2C53D2. Claire Lacombe n’est pas citée nommément, mais la Mère courage est son rôle fétiche. Le 17 avril (28 germinal), par souci d’apaisement ? et aux vues des résultats électoraux ? la mairie de Nants se fend d’un communiqué où il est noté « d’arrêter et de conduire devant le juge de paix quiconque se permettant d’insulter ou de provoquer qui que ce soit à raison de son costume n’y ayant aucun défendu par la loi » . Archives municipales de Nantes. 2C29D3
- 66donnant aussi sur la rue Galilée. Archives municipales de Nantes. I2C29D3
- 67Archives municipales de Nantes. 1D19 f°160-161et I2C29D3
- 68La situation économique de la troupe de Danglas s’avère compliquée, ce dernier ne peut payer journalièrement le tribut dû au bureau de bienfaisance.(Archives municipales de Nantes 1D19 f°106 du 19 pluviôse), et pour y remédier il obtient le droit d’organiser des bals jusqu’à minuit dans la salle du cirque du Chapeau Rouge jouxtant le théâtre ais il décide, car plus apprécié par le public d’organiser des bals parés, quelquefois précédés d’un concert. Le premier est annoncé dans la Feuille nantaise en date du 23 septembre « Ce soir, à six heures, Redoute, ou bal paré, au Cirque du Chapeau-rouge. On prendra 40 Sols aux premières et 20 Sols aux points de vue » Toutefois, Danglas rencontre de nombreuses embûches. Une de ses demandes pour un bal masqué, le 17 pluviôse (5 février) lui est refusée(Archives municipales de Nantes 1D19 f°103 : « l’administration municipale considérant que ces espèces de rassemblements ont toujours été l’occasion de désordres et de scènes immorales ; qu’en ce moment surtout ils peuvent devenir très dangereux, en ce que la trop grande liberté qu’on se permet sous le masque pourrait dégénérer en licence de la part de ceux dont les opinions diffèrent sur l’état actuel des choses, et qu’alors les coupables éluderaient bien plus facilement la surveillance et l’action de la police : « Considérant en outre que la permission accordée pour un bal masqué entraîne la permission tacite pour toutes espèces de mascarades qui courraient toutes les rues de la ville, offrant à chaque instant les tableaux les plus obscènes, et provoqueraient des troubles que la plus exacte surveillance ne pourra empêcher ni arrêter. »)
- 69Archives municipales de Nantes. 1D19 f°141/ Nouvelles politiques, nationales et étrangères du 20 avril 1797, (Retronews) : « Entre autres la question du vote des parents d’Emigrés enflamment les esprits » /Nouvelles politiques, nationales et étrangères du 20 avril 1797, (Retronews) De Nantes , le 25 germinal. Tandis que presque toutes les assemblées électorales des départements ont déjà achevé leurs nomination, la nôtre perd son tems en longues et inutiles discussions, qui ne lui permettront pas probablement de terminer les choix dont elle est chargée. Depuis deux jours, la discussion est ouverte sur la question de savoir si les parens d’émigrés peuvent être électeurs. Tous nos orateurs , jaloux de faire briller leurs talons, s’empressent d’ aller se faire inscrire an bureau pour prononcer de grands discours pour ou contre les parens d’émigrés. On fait de longs commentaires sur les lois du 3 brumaire , du 14 frimaire , du 22 ventôse , &. sur les arrêtés du directoire ;& comme les anciens scholastiques, au début du texte des écritures, s’appuyait sur les écrits des saints – pères , nos orateurs vont chercher dans les. discours de nos représentants des raisons à l’appui de leurs opinions. Les uns citent Fortalis et Tronçon Ducoudray , les autres Daunoit & Poulain-Grandpré. On n’auroit jamais cru qu’il y eût tant de savoir & d’éloquence dans notre département. Je ne puis entoure vous annoncer le résultat de la délibération ; mais si cela continue, je doute que nous envoyions des députés cette année au corps législatif ».
- 70Archives municipales de Nantes I2C29 D3 rixe de l’an V
- 71Archives départementales de Loire-Atlantique L627: addenda du 28 germinal an V, de Massy régisseur à la pétition du citoyen Danglas représenté par son fondé de pouvoir du « je joins ici l’arrêté municipal de ce jour qui nous enjoins de fermer la salle de spectacle, les 28 et 29 du courant, on conçoit aisément que cet arrêté augmentera encore nos pertes »
- 72La Quotidienne ou Feuille du jour du 29 mars 1797 : « A Nantes, les choix ont été assez bons, malgré les intrigues des jacobins , et l’indifférence coupable d’un grand nombre de négocians
- 73(Retronews)
- 74Le Républicain du 4 juillet 1798 (Retronews) : « A Nantes, on trouve ces mêmes têtes jacobines. ici on fouette des femmes pour être trop vêtues ; là-bas on siffle celles qui le sont trop« ./Le Courrier des spectacles, ou Journal des théâtres du 27 juillet 1797 « Nantes , 27 messidor. Le jour du 14 juillet des jeunes gens ont été insultés pour leurs costumes. Depuis quelques jours ces attaques se sont souvent renouvelées.«
- 75Débarquement de Bonaparte à Malte en juin 1798 ayant entrainé les départ des chevaliers de Malte.
- 76L’Ami des lois, ou Mémorial politique et littéraire du 30 août 1798, (Retronews)
- 77doit on y voir des ex Républicaines Révolutionnaires ?
- 78à Paris, le 4 septembre 1797 (18 fructidor An V), craignant un retour à l’Ancien Régime, le Directoire organise un coup d’État contre les royalistes, devenus majoritaires depuis les législatives.
- 79Archives départementales de Loire-Atlantique. L627
- 8019 germinal an 5 certificat demandé par Danglas à la municipalité s’apprêtant à partir pour Paris pour compléter sa troupe signifiant qu’il était directeur du spectacle d’avant l’incendie et que la troupe est établie au Chapeaux rouge depuis. 80 Archives municipales de Nantes 1 fd19 f158
- 81An T 1001, contrat de Claire Lacombe avec Danglas
- 82médiathèque Jacques Demy service patrimoine, la Feuille nantaise n°232 du 1797
- 83Feuille nantaise du 21 mai 1797, médiathèque Jacques Demy, service du patrimoine
- 84Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, Karine Large : « le comédien Lavandais et sa femme Toutaville demande à l’été 1797 d’être payés à la hauteur de 882 f 66 pour arriérés de leurs trois premiers mois ou à défaut que leur contrat soit résilié à défaut que les recettes soient saisies ; ainsi que que les comédien François Bernardi comme utilité et sa conjointe Gilbert comme première chanteuse devant la justice, Danglas à payer deux mois d’engagement. Archives municipales de Nantes 2R590 :En 1797, un jugement arbitral est rendu par l’administration municipale de Nantes entre deux artistes dramatiques de la salle du Chapeau Rouge, François et Anne Bernardi, et leur directeur, Danglas. Cet acte recèle de précieuses informations12. La femme Bernardi vient de Paris et doit remplir la fonction de première chanteuse dans la troupe de l’opéra ; son contrat spécifie que son salaire est de 4 000 francs par an, que le directeur du théâtre doit payer le port de ses effets de Paris à Nantes et qu’il doit lui verser 200 francs pour ses frais de voyage. Son mari a un emploi d’utilité : il assume les petits rôles selon les besoins. Il vient de Mons (en Belgique), son salaire est de 1 000 francs par an et les frais de port et de voyage sont également à la charge du théâtre. Danglas est allé à Paris pour rencontrer les artistes et leur faire signer les engagements. Le contrat stipule que les litiges sont portés devant l’administration municipale et non devant un juge. La défense de Danglas se structure autour du manque de talents des deux artistes : l’homme n’a jamais voulu jouer les rôles qu’on lui proposait et la femme l’a trompé en lui disant qu’elle était « une actrice de talent, tandis que le contraire est de notoriété publique ». Le directeur demande donc que les contrats soient cassés. L’administration municipale rend finalement Danglas responsable puisqu’il aurait dû se renseigner avant d’engager les époux et parce qu’un contrat ne peut être dissous sans le consentement des deux parties. Un second jugement oppose Danglas au citoyen Lavandaise et sa femme Mme Touteville. Passons sur le différend pour ne retenir que les informations financières. Le contrat entre les artistes et le directeur date du 19 janvier 1797 et il a été passé à Nantes. L’homme a été engagé pour tenir l’emploi de troisième rôle à raison de 3 500 francs par an et la femme est premier rôle pour le même salaire. Leur voyage et celui de leur équipage de théâtre est payé 150 francs chacun. Il apparaît donc que les femmes sont moins bien payées que les hommes, puisque Mme Touteville et son mari ont le même salaire : un premier rôle féminin touche autant qu’un troisième rôle masculin et moins qu’une chanteuse d’opéra./ Voir aux Archives départementales de Loire-Atlantique, sous la cote L1843 et en date du 1er messidor an V audience au tribunal civil entre Bernardy Gilbert et Danglas/
- 85Dans la Feuille nantaise , la dernière représentation annoncée est en date du 6 octobre 1796
- 86Archives municipales de Nantes 2R590. Signée par Dumanoir, Marry, Termets, Solly, J. Lebreton, Cholais, Encouvenond, Lanvare
- 87Archives municipales de Nantes 2R590.
- 88Archives départementales de Loire-Atlantique. L 1715
- 89Ernest Lunel, Le théâtre et la révolution, Daragon, 1909, pp77-79
- 90Archives municipales de Nantes R2
- 91par une lettre du 11 nivôse (31 décembre) à Claire Lacombe, Justine Thébaud, parle des » pertes que tu as subies »
- 92En 1791, une comédienne Valville alors à Lyon avait écrit à Claire Lacombe
- 93Feuille nantaise du jour
- 94baptisé église Sainte-Sulpice le 11 août 1771 – EC Reconstitué de Paris
- 95Joret Jean (de Rossignol) notaire à Castel-Jaloux (Sainte-Christie). Provision d’office : 20/09/1719 (Archives Nationales : V/1/237 Pièce : 267 )
- 96Gabriel Joret de Reulin né le 1er mars 1729 à Poussignac, marié à Paris avec Jeanne Philippe Champion (CM étude CXIXd- Louis Denis Dulion ) le 12 août 1771, habitant rue Mazarine, puis rue Vaugirard, sa pension de 2 000 semble couvrir difficilement son train de vie à lui et à ses sept enfants encore à charge lors de sa retraite. Almanach de la Cour: Seconde Édition William Ritchey Newton
- 97est-ce lui ou un possible frère qui fait paraitre en janvier 1790 dans les Annonces, affiches et avis divers ou Journal général de la France (1746-1792) référencés par Philippe Lescatv dans son ouvrage Les Maîtrises parisiennes, Éditions numériques de l’Institut de recherche en Musicologie : » Un jeune homme bien né et bien élevé, desireroit donner des LECONS d’Ecriture, de Calcul, de Mathemat et d’Ital. Il pourroit aussi enseigner les 1ers principes du violon. S’adr. à M. Joret de Reulin, rue Mazarine, n° 63 » ? (Une carte de sureté de du 5 octobre 1792 est au nom de Rémond Gabriel Joret âgé de 19 ans habitant rue Mazarine tout comme Gabriel et Jean Gabriel Archives nationales F7/4808- Généanet)
- 98Son père publie sous le nom de Joret (ancien secrétaire général de la louveterie de France) Mémoire et projet de loterie patriotique en faveur de la garde nationale parisienne
- 99Archives Départementales de l’Aisne E C Soissons 5Mi0908 f°134
- 100« Jean Gabriel est un artiste dramatique de passage à Laon en pluviôse an III (24 janvier 1795). Il compte ensuite se rendre à Douai » https://therepsicore.msh.uca.fr/
- 101Archives départementales du Nord. Ec Douai
- 102ses seconds débuts sont indiqués dans la Feuille nantaise dans le rôle d’Hector dans la comédie Le joueur
- 103Ainsi, Gabriel Clavel qui fut une vedette masculine du Grand Théâtre de la République la saison précédente ne semble jouer au Grand Théâtre de la République qu’occasionnellement. Un entrefilet de la Feuille nantaise indique que « Gabriel « ancien artiste de ce théâtre » joue le rôle principal dans la tragédie Guillaume Tell le 1er mars 1798
- 104Notamment dans l’adresse de ses courriers. Hommage à son épouse ? Ne l’ayant pas accompagné à Paris, est-elle décédée ?
- 105Archives nationales F 17-1216
- 106Loge l’union en 1810 Fichier Bossu
- 107Selon le fichier Bossu, est noté visiteur le 13 mai 1811 à la loge dijonnaise Les Arts réunis, et membre de celle des Vrais amis réguliers et constants du Havre
- 108J.E.B, histoire du théâtre de Rouen, T2 théâtre des arts 1800 à 1817 , Rouan , Giroux et Renaux, imprimeurs-éditeurs
- 109Étienne Destranges, Le théâtre à Nantes depuis ses origines jusqu’à nos jours, 1430 ?-1893
- 110Dans l’argus théâtral et journal des comédiens du 1er mai 1845, on annonce le décès de Gabriel Jorret artiste de province https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5449082q
- 111Écrire la danse / Centre de recherches sur les littératures modernes et contemporaines ; sous la direction d’Alain Montandon »un bal paré est un bal où on est admis qu’en toilette spéciale »
- 112Feuille nantaise du jour
- 113Le Courrier des spectacles, ou Journal des théâtres, 14 avril 1798, (Retronews ): Les derniers numéros de la Feuille Nantaise retentissent des regrets que fait éprouver la cit. Valville , qui vient de quitter le premier théâtre de Nantes pour entrer à l’Odéon. La cit. Desbrosses , artistes du théâtre Italien , maintenant au théâtre de Julien-Sevin à Nantes, écrit dans le numéro du 19 de ce mois pour se justifier du reproche qui paroit lui avoir été fait, d’avoir été cause du départ de cette actrice. Dans le même numéro, le cit. Julien-Sevin témoigne lui-même à ses concitoyens les regrets de n’avoir pu leur conserver la cit. Valville et on lit dans le numéro de la veille , que cette actrice a joué pour la dernière fois à ce théâtre le 13 de ce mois , et y avoit attiré un immense concours de spectateurs. On ne peut arriver à Paris avec une meilleure réputation , et l’on dit la cit. Valville en état de la soutenir.
- 114Archives municipales de Nantes, passeports pour l’intérieur 3 I 62 du 3 germinal au 13 prairial an VI p 66-67, demande de Claire Lacombe et de Jean Gabriel Joret
- 115A la fin de l’été 1796, la troupe du théâtre de la Nation de Jullien Sevin, spécialisée dans le Petit Spectacle et qui joue dans la salle du Bignon Lestard appartenant à la veuve Ténèbres, est confrontée à un problème de salle. A l’époque de l’incendie du Grand Théâtre, la salle du Bignon Lestard est fermée car jugée dangereuse. Les deux troupes doivent se partager l’unique salle restante, le temps que la troupe de Jullien Sevin rejoigne la salle de la rue Rubens
- 116Dans un courrier de l’an 12, les administrateurs du théâtre rappelle les faits : « (...)l’impossibilité de maintenir deux entreprises, et l’envi de conserver à Nantes un spectacle dont l’utilité est reconnue dans toutes les grandes villes décidèrent les directeurs des deux salles dite de la rue Rubens et du Chapeau Rouge à faire dès l’an VI une association(…)/Archives municipales de Nantes2 r591 et 1D21, f 3, Réclamation en date du 8 nivôse an VI Jullien Sevin, demande une baisse de sa quotte part dédiée aux œuvres de charité, ayant peu de recettes dans sa salle de spectacle rue Rubens, excepté lors de représentation de comédiens parisiens mais le cachet de ces dernier l’emporte sur le bénéfice, il souhaite aussi avoir l’autorisation de donner des bals tant au Cirque qu’au Wauxhall jusqu’au 1er germinal. Il est décidé que durant l’hiver le troupe joue dans la salle Rubens plus grande et plus chaude, Celle du Chapeau Rouge est réservée pour l’été, période de moindre affluence R 583 » (…) courrier des propriétaires de la salle Ruben de l’an 12 « Le Sr Sevin prit alors à ferme les autres (salles de spectacle) à la condition de faire jouer la comédie l’été et l’automne dans celle du Chapeau Rouge et les deux autres saisons dans celle rue Rubens , cet arrangement reçut l’approbation de la municipalité au conditions d’augmenter les issues à celle de la rue Rubens(…) »
- 117Karine Large, Les théâtres de Nantes sous la Révolution française, p 203 :(…)Puis c’est le tour du Concert de la rue Feydeau, pièce se moquant des muscadins, qui a donné lieu à un tapage prolongé. Elle est interdite le lendemain de sa représentation, le 22 juin 1795(…)
- 118Même après le 18 fructidor, Sevin continue à produire des pièces réactionnaires comme Elise dans les Bois qui est interdite le 16 décembre 1797 (29 Frimaire An VI ) par la mairie(Archives municipales de Nantes. 1D 20 f°187). A son sujet, l’administration départementale avait écrit la veille à la municipalité que son théâtre était « une école d’incivisme » (…) »Plusieurs citoyens éclairés et sages, nous ont fait part de leurs inquiétudes sur les effets des représentations qu’on affecte de donner au premier théâtre de notre ville. Le directeur de ce spectacle a souvent mérité des reproches : il semblait, avant le 19 fructidor, que son théâtre avait été choisi pour école d’incivisme. Nous ne pouvions concevoir alors comment des Français pouvaient prendre plaisir a se rappeler les détails affreux d’un régime violent, se réunir pour s’exciter à la vengeance à l’aide des exagérations dramatiques, et se réjouir comme des sauvages en applaudissant tumultueusement aux chants de mort, à tous les cris de vengeance. Nous ne tardâmes pas à découvrir le but de ce système i il fallait déshonorer la révolution, avilir le nom de patriotes et si l’on était parvenu à attribuer aux républicains les crimes dont la révolution a été le prétexte, si l’on était parvenu à faire croire que chaque individu a le droit de venger ces crimes, on en aurait conclu que tous les républicains sont dès scélérats, qu’ils sont dignes de mort, et notre pays eût été couverts d’assassinats. » Nous crûmes, en conséquence, devoir empêcher la représentation de l’Intérieur des Comités. On reprend aujourd’hui les mêmes errements. Cette pièce d’Elise dans les bois tende la même fin et si, comme nous le pensons, ce n’est pas là l’intention de l’auteur, il suffit que l’esprit de parti ou la malignité puisse en profiter, pour que sa pièce soit dangereuse. Que l’ami de la patrie ne doit pas désirer que toutes ces haines s’éteignent, que d’aussi cruels souvenir s’effacent, et que l’histoire ne puisse retrouver les moment de cette époque honteuse! Et si on invoquait contre le royalisme les massacres de Machecoul, de Marseille, d’Avignon, tous les meurtres, toutes les cruautés horribles que cette faction a commis pendant la guerre civile et si tous les partis faisaient ainsi l’appel de leurs pertes et de leurs victimes, on rougirait peut être d’appartenir à l’humanité, et l’on parviendrait à prouver la justice d’une proscription générale de l’espèce. Travaillons au contraire, à soutenir la dignité de l’homme, à rappeler la concorde, à obtenir enfin, par la sagesse et la modération, la paix au milieu de nous, après l’avoir donnée à l »Europe par nos armes et notre courage, Ces considérations nous portent à vous inviter à défendre la représentation d’Elise dans les Bois, faits historique du 14 thermidor (pièce en un acte de Ségur le jeune) »
- 119L’Ami des Principes du 19 janvier 1798, (Retronews) : « Nantes , 25 nivôse. La protection que le journal de Nantes semble accorder au directeur du premier théâtre de cette ville, ne changera pas les dispositions de l’arrêté de l’administration centrale de la Loire inférieure du 25 frimaire , ni celle de la loi du 9 du même mois, relative aux ci-devant nobles. 1°. On voit dans l’arrêté que ce directeur avait fait de son théâtre une école d’incivisme avant le 18 fructidor, et que les autorités constituées avaient été obligées de lui interdire la représentation de l’Intérieur des Comités, cette pièce infâme qui semble n’avoir été composée qu’à dessein de perpétuer la guerre civile parmi nous, et de relever le trône du tyran sur les restes palpitans des républicains. On voit enfin dans le même arrêté, que le directeur n’a pas changé de principes depuis le 18 fructidor, et qu’il a repris depuis cette époque fameuse, son plan anticivique, en donnant le drame d’Elise dans les bois. Ce qu’il a pu faire de merveilleux depuis la paix continentale, ne prouve donc rien en sa faveur, et ne doit être considéré que comme l’effet des circonstances qui le lui ont arraché. Son prétendu patriotisme n’est donc qu’un sentiment factice, qu’il aurait bientôt oublié, si les réacteurs pouvaient encore une fois endormir le gouvernement et les vrais républicains qui n’ont jamais varié dans leurs principes ni dans leur conduite (…) article communiqué).
- 120Archives nationales F 17- 12 -16
- 121Philippe Bourdin Théâtre et sociétés dans la France de la Révolution, divertissement et acculturation en temps de campagne, le théâtre français en Egypte(1798-1801) Dix-huitième siècle, 2017/1 (n° 49), p. 159-180. DOI : 10.3917/dhs.049.0159. URL : https://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2017-1-page-159.htm
- 122Moniteur universel du juillet 1801, (Retronews) : » Mlle Lacombe fera son second début par le rôle de la Femme jalouse » et Journal de Paris : « Mme Lacombe fera son troisième début par le rôle de Clytemnestre »
- 123Dictionnaire des dictionnaires : lettres, sciences, arts, Volume 5 de Guérin de 1892[63] : « C’est en vain qu’un entrepreneur du nom de Chamin chercha à le rouvrir en l’an VI; son essai ne réussit pas. Quelques artistes comme Moessard, Chazel, Mme Lacombe lui rendirent momentanément un peu de vie en l’an X, mais il fut obligé de fermer définitivement en 1807″
- 124Profitant d’une loi sur la liberté des théâtres, sous l’impulsion de Langlois de Courcelles et financé par Beaumarchais le théâtre du Marais fut construit en 1791 avec des matériaux dit-on récupérés de la prise de la Bastille (pilastres et chapiteaux) et y étaient représentés des spectacles révolutionnaires, dont la Mère coupable de Beaumarchais. il dut fermer en 1807 par ordre de Napoléon conformément à sa nouvelle loi sur les spectacles
- 125Petite note d’humeur ou d’orgueil mal placé. A la vue du nombre d’heures passées à compulser les archives parisiennes, j’aurai apprécié que le contributeur ou la contributrice de Wikipédia concernant la page consacrée à Claire Lacombe cite mes articles, certes ce n’est qu’un blog, mais le travail de recherche était là…
- 126comme l’écrit Cédric Triolaire dans son article Entre divertissement et politisation, la vie théâtrale nantaise face aux bouleversements du temps révolutionnaire, p 136 : « concilier divertissement et mission patriotique«
- 127Cédric Triolaire, Entre divertissement et politisation, la vie théâtrale nantaise face aux bouleversements du temps révolutionnaire p 139 : (…)les visions politiques – militantes -, des uns et des autres trouvent alors à se jouer et à s’exprimer activement entre scène et foyer avant d’être modérés après thermidor, de se concilier après l’incendie du Grand théâtre et d’être minorées – tues ? – avec le rapprochement de deux grandes troupes locales à compter de 1797 entre les rue Rubens et du Chapeau Rouge. (..)